Acar à Doha : Nous refusons que le Liban devienne une source de nuisance pour les pays arabes

La ministre libanaise des Affaires étrangères par intérim et ministre sortante de la Défense, Zeina Acar, a affirmé mardi que Beyrouth refuse de constituer une source de nuisance pour les pays arabes, notamment à travers le trafic de drogue. La ministre se trouve depuis lundi à Doha pour prendre part à une réunion consultative des ministres arabes des Affaires étrangères.

"Le Liban fait face à de nombreuses difficultés en ce moment, alors qu'il subit une crise économique, et que les avoirs, les revenus et les emplois des Libanais n'ont pas été épargnés", a d'abord expliqué la ministre sortante, lors d'une prise de parole durant la réunion. Zeina Acar a également rappelé que "la présence des déplacés syriens au Liban, qui constituent environ 40% de la population, a aggravé les crises sociales, économiques et sécuritaires". Elle a dans ce contexte appelé à "œuvrer ensemble pour un retour rapide des déplacés chez eux".

"Les défis auxquels fait face le Liban aujourd'hui constituent une menace sans précédent contre son existence", a mis en garde la ministre. "Personne ne peut garantir ce qu'il adviendra de l'État si l'effondrement total a lieu", a-t-elle prévenu, louant cependant "la solidarité arabe" avec le Liban. Elle a ainsi insisté sur l'attachement de Beyrouth au "renforcement de la cohésion avec les pays (arabes) frères et amis", en refusant que le Liban devienne "une source de nuisance pour ses amis et frères à travers, notamment, le trafic de drogue".

La ministre sortante fait allusion au scandale de trafic de Captagon du Liban vers l'Arabie saoudite qui a poussé Riyad à imposer récemment des restrictions contre les exportations libanaises. Zeina Acar a promis que le Liban prendrait "toutes les mesures nécessaires" pour mettre un terme à ce trafic, soulignant que cela a déjà commencé (...) afin de protéger les sociétés arabes, notamment l'Arabie, de ce trafic.

La responsable libanaise a enfin appelé les pays arabes à "alléger" les mesures sanitaires contre la propagation du coronavirus, qui ciblent les Libanais à leur arrivée dans ces pays, notamment à travers une quarantaine obligatoire.

Il y a deux mois, le Premier ministre libanais sortant, Hassane Diab, s'était rendu au Qatar et avait appelé les dirigeants à aider son pays qui est "sur le point de s'effondrer". Hassane Diab avait démissionné après l'explosion dévastatrice du 4 août de l'année dernière au port de Beyrouth, qui a fait plus de 200 morts, imputée par la rue à l'incompétence et à la corruption des dirigeants. L'explosion n'a fait que renforcer la crise dans laquelle le pays est plongé depuis l'été 2019, au moment où la monnaie nationale continue de s'effondrer, et alors que plus de la moitié de la population vit sous le seuil de pauvreté.

Malgré les pressions dans le pays et à l'international pour la formation d'un gouvernement capable d'enclencher des réformes vitales, la classe politique est embourbée comme d'habitude dans des tractations interminables sur la répartition des portefeuilles. Le blocage gouvernemental persiste huit mois après la désignation de Saad Hariri en raison du bras de fer politico-personnel qui l'oppose au chef de l'État Michel Aoun et son camp politique.

Le Qatar avait indiqué en février qu'il était prêt à aider à relancer l'économie libanaise, mais seulement si sa classe politique s'entendait sur un nouveau gouvernement.