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Tensions autour de l'expulsion possible de Palestiniens au profit de colons


Tensions autour de l'expulsion possible de Palestiniens au profit de colons

Des forces de sécurité israéliennes détenant un Palestinien dans le quartier de Cheikh Jarrah à Jérusalem. Photo Ahmad Gharabli/AFP

La Cour suprême israélienne a fixé à lundi une nouvelle audience dans le dossier des familles palestiniennes menacées d'éviction au profit de colons israéliens à Jérusalem-Est, où des manifestations quotidiennes de soutien sont émaillées de heurts avec la police.

Un nouveau rassemblement doit se tenir jeudi soir pour protester contre l'expulsion possible d'une trentaine de Palestiniens à Cheikh Jarrah, un quartier proche de la Vieille ville et point de frictions entre juifs et Palestiniens.

Une vingtaine de Palestiniens ont été blessés mercredi soir dans des affrontements avec la police israélienne, ont rapporté les services de secours palestiniens. La police a fait état de onze manifestants arrêtés "pour atteinte à l'ordre public et attaque contre des policiers".

Au coeur de la dispute: la propriété foncière de terres sur lesquelles sont construites plusieurs maisons dans lesquelles vivent quatre familles palestiniennes.

Le tribunal de district de Jérusalem a rendu en début d'année une décision favorable aux familles juives qui revendiquent des droits de propriété dans ce quartier de Jérusalem-Est, secteur palestinien occupé et annexé par Israël.

Selon la loi israélienne, si des juifs peuvent prouver que leur famille vivait à Jérusalem-Est avant la guerre israélo-arabe de 1948, déclenchée à la création de l'Etat d'Israël, ils peuvent demander à ce que leur soit rendu leur "droit de propriété". Une telle loi n'existe toutefois pas pour les Palestiniens ayant perdu leurs biens pendant la guerre.

La décision du tribunal a provoqué la colère des Palestiniens qui la contestent depuis lors de manifestations dégénérant souvent en affrontements avec les forces de l'ordre.

"C'est impossible"! 

La Cour suprême avait demandé dimanche aux familles palestiniennes et aux colons de trouver un accord avant ce jeudi.

Faute de compromis, la Cour doit désormais statuer sur la possibilité pour les familles palestiniennes de faire appel du jugement. Une audience doit se tenir lundi matin, a-t-elle indiqué.

Les résidents palestiniens ont expliqué avoir rejeté la proposition de l'organisation de colons "Nahalat Shimon" selon laquelle les familles devaient reconnaître les droits de propriété des colons en échange de quoi un membre par famille palestinienne serait qualifié de "locataire protégé", ce qui permettrait d'éviter temporairement l'expulsion.

Mais, d'après cette proposition, à la mort du "locataire protégé", le logement reviendrait à l'association et les familles seraient expulsées, a expliqué Sami Irshid, l'un des avocats palestiniens à l'AFP.

Yehonatan Yosef, membre de "Nahalat Shimon", a accusé les familles palestiniennes de rejeter "tout compromis". "C'est leur problème."

"Avertissement"

Les colons soulignent qu'une petite communauté juive habitait dans l'actuel quartier de Cheikh Jarrah avant la guerre de 1948, à l'issue de laquelle le secteur oriental de Jérusalem est passé sous contrôle jordanien jusqu'à son occupation par Israël en 1967.

La Jordanie, qui continue d'être gardienne des lieux saints musulmans à Jérusalem-Est, a transmis en avril à l'Autorité palestinienne des documents selon lesquels elle avait "construit" ces logements à Cheikh Jarrah et avait "conclu des contrats de location" avec les familles palestiniennes.

Selon Amman, il s'agissait plus précisément de contrats entre le gouvernement jordanien, propriétaire des maisons, et des locataires palestiniens, certifiés par l'Agence de l'ONU pour l'aide aux réfugiés palestiniens (Unrwa). Pour la Jordanie, les prétentions des Palestiniens ont aussi des bases légales.

Selon les Palestiniens, l'affaire s'inscrit dans une campagne plus large visant à les chasser de Jérusalem-Est, où vivent aujourd'hui plus de 210.000 colons israéliens et plus de 300.000 Palestiniens.

Les colonies israéliennes, en Cisjordanie occupée comme à Jérusalem-Est, sont jugées illégales en droit international.

Israël a proclamé l'ensemble de Jérusalem sa capitale "indivisible", tandis que les Palestiniens ambitionnent de faire du secteur oriental la capitale de l'Etat auquel ils aspirent.

L'affaire de Cheikh Jarrah risque d'exacerber davantage les tensions déjà vives à Jérusalem.

Le chef de la branche militaire du mouvement islamiste palestinien Hamas, Mohammed Deif, a mis en garde mardi: "Si l'agression contre notre peuple ne cesse pas à Cheikh Jarrah, l'ennemi en paiera un prix élevé".

Le député israélien d'extrême droite Itamar Ben Gvir, connu pour ses invectives contre les Arabes, a annoncé son intention de déplacer dès jeudi son bureau parlementaire à Cheikh Jarrah.

Estimant que la situation était "très préoccupante", l'envoyé spécial de l'ONU pour le Moyen-Orient Tor Wennesland a appelé Israël à mettre fin aux expulsions à Jérusalem-Est et à faire preuve de retenue.

La Cour suprême israélienne a fixé à lundi une nouvelle audience dans le dossier des familles palestiniennes menacées d'éviction au profit de colons israéliens à Jérusalem-Est, où des manifestations quotidiennes de soutien sont émaillées de heurts avec la police.Un nouveau rassemblement doit se tenir jeudi soir pour protester contre l'expulsion possible d'une trentaine de Palestiniens...