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Culture - Disparition

Qui se souvient encore de Yolande Anti Sfeir ?

Qui se souvient encore de Yolande Anti Sfeir ?

Yolande Anti Sfeir entourée de la fine fleur du paysage musical libanais des années 60 : Michel Chesnikoff, Georges Baz et Toufic Succar, en compagnie d’Henri Dutilleux lors de sa visite à Beyrouth en 1965. Photo DR

Qui se souvient encore de Yolande Anti Sfeir ? Et pourtant, cette immense musicienne, d’une discrétion quasi maladive, a joué un rôle essentiel dans le paysage musical libanais.

Née à Istanbul le 12 juin 1927, Yolande s’installe au Liban avec sa famille au début des années 1940. Très douée pour la musique depuis son plus jeune âge, elle s’inscrit au Conservatoire national de musique où elle suit l’enseignement de Michel Chesnikoff. Ce grand maître, qui faisait partie du groupe des musiciens « Russes blancs » ayant fui la Révolution bolchevique pour s’installer au Liban, constate immédiatement le don peu commun de son élève et l’encourage vivement à aller se perfectionner en France. « Elle était certainement l’élève la plus avancée du conservatoire », dit Samia Flamant, pianiste franco-libanaise établie à Nîmes et grande amie de Yolande.

Yolande part donc pour Paris où elle s’inscrit à l’École normale de musique. À cette époque – nous sommes à la fin des années 1940 –, l’institution est régie d’une main de fer par son fondateur, le pianiste franco-suisse Alfred Cortot. Ce dernier, d’une exigence excessive, jamais satisfait du jeu de ses élèves, se dit toutefois « impressionné » par l’interprétation que fait Yolande des variations de Brahms sur un thème de Paganini. « L’une des pièces les plus redoutables du répertoire pianistique », affirme Nenna Succar, pianiste et qanouniste, qui a été l’élève de Yolande Anti Sfeir.

En 1950, son diplôme en poche, la musicienne rentre au Liban où elle décroche un poste de professeur au conservatoire. Elle sera aussi chef du département de piano.

La carrière de Yolande Anti Sfeir se déroule surtout dans l’enseignement, bien qu’elle ait donné un certain nombre de concerts comme soliste avec l’orchestre du conservatoire sous la direction de Raïf Abillama. Parmi ses élèves, on compte le célébrissime Walid Akl (1945-1997), qui a commencé l’apprentissage du piano à l’âge de 14 ans (ce qui est très tard !) et qui, « au bout de trois ans avec elle, a été capable d’impressionner les plus grands pianistes européens », confie Nenna Succar. Il est d’ailleurs touchant de noter que le compositeur et critique musical Georges Baz (1926-2012) dit dans un article consacré à Walid Akl : « Yolande nous pressait sans cesse de venir écouter son jeune et talentueux élève. »

Au début de la guerre civile en 1975, Yolande Anti Sfeir, comme tant de ses compatriotes, quitte le Liban pour la France où elle poursuit une carrière dans l’enseignement.

« Elle était si discrète et si délicate, avec une immense compétence », souligne Samia Flamant, très émue. Et Nenna Succar de conclure : « Il faut rendre hommage aux professeurs qui forment les grands musiciens et qui, le plus souvent, restent dans l’ombre. »

Qui se souvient encore de Yolande Anti Sfeir ? Et pourtant, cette immense musicienne, d’une discrétion quasi maladive, a joué un rôle essentiel dans le paysage musical libanais. Née à Istanbul le 12 juin 1927, Yolande s’installe au Liban avec sa famille au début des années 1940. Très douée pour la musique depuis son plus jeune âge, elle s’inscrit au Conservatoire national de...

commentaires (2)

Oui!!! Si délicate, effacée, mais si sensible à la belle musique! En plus sa valeur professionnelle incontestée, lui ont donné la possibilité de devenir une grande interprète ! Elle a pourtant choisi l'enseignement qu'elle a exercé avec beaucoup d'amour et de générosité! La photo me renvoie au bon vieux temps du Liban, pays où il faisait bon vivre! Toufic Succar est l'exemple de ces grands professeurs et compositeurs à qui aucun hommage n'a été rendu!

Zaarour Beatriz

22 h 35, le 26 avril 2021

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Commentaires (2)

  • Oui!!! Si délicate, effacée, mais si sensible à la belle musique! En plus sa valeur professionnelle incontestée, lui ont donné la possibilité de devenir une grande interprète ! Elle a pourtant choisi l'enseignement qu'elle a exercé avec beaucoup d'amour et de générosité! La photo me renvoie au bon vieux temps du Liban, pays où il faisait bon vivre! Toufic Succar est l'exemple de ces grands professeurs et compositeurs à qui aucun hommage n'a été rendu!

    Zaarour Beatriz

    22 h 35, le 26 avril 2021

  • Quelles belles années j'ai vécu dans l'ancien Conservatoire de Beyrouth, il était vétuste, ne payait pas de mine, mais quel bonheur entre ses murs!

    Politiquement incorrect(e)

    17 h 15, le 26 avril 2021

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