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Le Parlement repousse un débat sur l'expulsion de l'ambassadeur français


Le Parlement repousse un débat sur l'expulsion de l'ambassadeur français

Des manifestants affiliés au parti islamiste Tehreek e-Labbaik à Lahore au Pakistan. Photo d'archives AFP

L'Assemblée nationale pakistanaise a repoussé mardi jusqu'à vendredi un débat sur l'opportunité d'expulser l'ambassadeur de France, le gouvernement tentant, en consultant les députés, d'apaiser un parti islamiste radical qui a menacé de poursuivre les manifestations pour obtenir le renvoi du diplomate.

Le parti extrémiste Tehreek-e-Labbaik (TLP) est à l'origine d'une violente campagne anti-France depuis qu'Emmanuel Macron a défendu le droit à la caricature au nom de la liberté d'expression.

Le président français s'était exprimé lors de l'hommage rendu à un enseignant tué le 16 octobre après avoir montré des dessins satiriques à sa classe, dans la foulée de la republication de représentations du prophète Mahomet par l'hebdomadaire Charlie Hebdo.

Le ministre de l'Intérieur, Sheikh Rashid Ahmed, a indiqué mardi que le TLP avait accepté d'annuler ses manifestations dans tout le pays, contre la promesse du gouvernement de présenter devant l'Assemblée nationale une motion réclamant l'expulsion de l'ambassadeur. Des responsables du TLP ont cependant indiqué à l'AFP que les manifestations se poursuivraient. Plusieurs milliers de partisans du parti étaient toujours rassemblés mardi après-midi devant sa mosquée à Lahore (Est).

Lors d'une session d'urgence, le président de l'Assemblée a repoussé une motion d'un député de la majorité sur l'expulsion, estimant qu'elle devrait plutôt être présentée collectivement par le gouvernement et l'opposition, avant d'ajourner jusqu'à vendredi.

Le ministre de l'Information, Fawad Chaudhry, a estimé qu'en proposant cette motion, le gouvernement avait "rempli son engagement" à l'égard du TLP, et que le texte devait maintenant suivre le cheminement législatif ordinaire.

Les motions portant sur des questions sensibles relatives à la foi musulmane sont souvent adoptées à l'unanimité au Parlement. Mais elles ne sont pas contraignantes et les gouvernements successifs ont régulièrement dans le passé ignoré de pareilles résolutions.

Les dirigeants du TLP ont assuré que la marche prévue entre Lahore et Islamabad (Nord) à partir de mardi minuit aurait bien lieu, à moins que l'ambassadeur français ne soit expulsé d'ici là. Les autorités ont bloqué les principaux points d'accès à la capitale avec des conteneurs maritimes.

Une politique risquée

Le TLP a expliqué s'attendre à la libération prochaine de son chef, Saad Rizvi. Son arrestation, le 12 avril, quelques heures après son appel en faveur de cette marche, avait déclenché des manifestations qui ont dégénéré en affrontements meurtriers avec la police pendant une semaine dans tout le pays.

Plusieurs policiers ont été tués et 11 ont été détenus en otages pendant plusieurs heures par des militants du TLP à Lahore. Le parti affirme que plusieurs de ses partisans ont été tués et un grand nombre blessés.

L'ambassade de France avait appelé jeudi ses ressortissants à quitter provisoirement le pays, un appel qui semble pour l'instant avoir été largement ignoré. Lundi, elle a demandé à ceux qui ont choisi de rester d'éviter les rassemblements et d'observer "la plus grande prudence".

Le gouvernement a annoncé mercredi que le TLP serait désormais interdit, le qualifiant de groupe terroriste, et a arrêté des milliers de manifestants durant les heurts. Mais M. Rashid a précisé mardi qu'aucune poursuite ne serait intentée à leur encontre, y compris pour ceux arrêtés dans le cadre de la législation anti-terroriste.

Le Premier ministre pakistanais, Imran Khan, a appelé lundi le TLP à mettre fin aux violences, estimant que l'expulsion de l'ambassadeur français n'aurait que des conséquences négatives pour le Pakistan, notamment sur ses relations économiques avec l'Europe. "Si nous continuons à protester pendant nos vies entières, non seulement nous causerons des dommages à notre pays, mais cela n'aura aucun impact" sur l'Occident, a déclaré M. Khan dans un message télévisé enregistré.

L'islam dans son interprétation stricte interdit toute représentation de Mahomet et la question du blasphème est particulièrement sensible au Pakistan, où elle transcende les frontières entre les partis.

Des analystes estiment que la politique d'apaisement de M. Khan à l'égard du TLP est risquée, car cela pourrait encourager ce parti à continuer de recourir à la violence dans un but politique. "Je pense que le Premier ministre a compris qu'apaiser les forces radicales n'est pas chose aisée, parce que quand vous tentez de les satisfaire, ils demandent encore plus. Jusqu'ici, il a échoué à maintenir l'équilibre", a ainsi estimé pour l'AFP l'expert sécuritaire Amir Rana.

L'Assemblée nationale pakistanaise a repoussé mardi jusqu'à vendredi un débat sur l'opportunité d'expulser l'ambassadeur de France, le gouvernement tentant, en consultant les députés, d'apaiser un parti islamiste radical qui a menacé de poursuivre les manifestations pour obtenir le renvoi du diplomate.Le parti extrémiste Tehreek-e-Labbaik (TLP) est à l'origine d'une violente campagne...