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Mort de George Floyd : les jurés face à deux versions irréconciliables du drame

Mort de George Floyd : les jurés face à deux versions irréconciliables du drame

Des manifestants devant le tribunal du comté de Hennepin au Minnesota, le 29 mars 2021, lors du procès du policier accusé du meurtre de George Floyd. Photo REUTERS/Nicholas Pfosi

Violence "excessive" ou attitude conforme à sa formation? Le procès du policier blanc accusé du meurtre de George Floyd est entré lundi dans le vif avec la présentation de deux versions irréconciliables de ce drame qui a profondément secoué l'Amérique.
Derek Chauvin a "trahi" son serment de policier et fait "un usage excessif et déraisonnable de la force" contre le quadragénaire noir, a dénoncé d'emblée le procureur Jerry Blackwell.

Faux, "il a fait exactement ce qu'il a été formé à faire au cours de ses 19 ans de carrière" pour appréhender un suspect récalcitrant, a rétorqué l'avocat du policier, Eric Nelson, en demandant aux jurés de l'acquitter.

Le 25 mai à Minneapolis, Derek Chauvin, et trois collègues, ont voulu arrêter l'Afro-Américain, soupçonné d'avoir écoulé un faux billet de 20 dollars pour acheter des cigarettes. Ils l'ont plaqué au sol et menotté. Derek Chauvin a alors placé son genou droit sur le cou de George Floyd pendant 9 minutes et 29 secondes. D'emblée, l'accusation a montré aux jurés une vidéo du drame, filmé par une passante. Sur cet enregistrement qui a fait le tour du monde, George Floyd râle, halète, supplie à plusieurs reprises "Je ne peux pas respirer", avant de perdre conscience. Les images de son calvaire ont suscité des manifestations géantes à travers les Etats-Unis, mais aussi en Asie, en Europe et ailleurs. Le procès de Derek Chauvin, retransmis en direct, est donc scruté de près. Le président démocrate Joe Biden "va le suivre avec attention, comme tous les Américains", a souligné la porte-parole de la Maison Blanche Jen Psaki.

"L'Amérique en procès"
En dépit de cette mobilisation, ce procès n'est "pas le procès de la police ou des méthodes policières", a insisté le procureur Jerry Blackwell. Pour lui, les policiers "font un travail difficile et doivent parfois prendre des décisions en une fraction de seconde". Mais, a-t-il poursuivi, "ce n'est pas le cas ici", la scène a duré "479 secondes", a-t-il martelé.
En écho, Eric Nelson a demandé au jury de se concentrer sur les faits. "Il n'y a pas de cause politique ou sociale dans la salle d'audience", leur a-t-il dit.

Juste avant l'audience, l'avocat de la famille de George Floyd a au contraire souligné la dimension "historique" de ce procès. C'est "un référendum sur le chemin parcouru par l'Amérique dans sa quête d'égalité et de justice pour tous", a déclaré Ben Crump.
"Chauvin est sur le banc des accusés, mais c'est l'Amérique qui est en procès", a renchéri le révérend Al Sharpton, un militant des droits civiques qui, avec les proches de George Floyd, s'est agenouillé en silence pendant environ neuf minutes à l'extérieur de la salle d'audience. Les poursuites contre des policiers sont très rares aux Etats-Unis, et les condamnations encore plus.

"Salir la mémoire"  
Derek Chauvin, 45 ans dont 19 au service de la police de Minneapolis, est inculpé de meurtre et d'homicide involontaire. Remis en liberté sous caution, il a assisté à toutes les audiences depuis l'ouverture de son procès, le 9 mars. 
Après trois semaines consacrées à la sélection des jurés, l'accusation et la défense disposent de trois à quatre semaines pour tenter de les convaincre. Leur verdict est attendu fin avril ou début mai.

En attendant, les procureurs vont tenter de démontrer que Derek Chauvin a manifesté du mépris pour la vie de George Floyd en maintenant sa pression bien que celui-ci se soit évanoui, et que son pouls ait finalement disparu.
Me Eric Nelson va au contraire assurer que le policier s'est contenté de suivre des procédures autorisées et qu'il n'est pas responsable de la mort de George Floyd. Son coeur s'est arrêté "à cause d'une hypertension, d'une maladie coronarienne, de l'ingestion de méthamphétamine et de fentanyl", un puissant opiacé dont il était consommateur, a assuré l'avocat dans ses propos liminaires.
Il "va essayer de salir" la mémoire de George Floyd, mais "les faits sont simples. Ce qui l'a tué était une overdose de force excessive", a rétorqué Ben Crump, accusant l'ex-policier d'avoir "torturé" M. Floyd.

"Vide dans le coeur"  
La mairie de Minneapolis, qui a décidé de réformer en profondeur ses services de police, a déjà accepté de verser 27 millions de dollars de dédommagements à la famille de George Floyd pour mettre un terme à sa plainte au civil.
"J'ai un immense vide dans le coeur, il ne peut pas être rempli, aucune somme d'argent ne le pourra. Nous voulons une condamnation", a affirmé dimanche soir le frère de George Floyd, Philonise. Toujours à cause du Covid-19, les trois autres policiers impliqués dans le drame, Alexander Kueng, Thomas Lane, et Tou Thao, seront jugés en août pour "complicité de meurtre".

Violence "excessive" ou attitude conforme à sa formation? Le procès du policier blanc accusé du meurtre de George Floyd est entré lundi dans le vif avec la présentation de deux versions irréconciliables de ce drame qui a profondément secoué l'Amérique.Derek Chauvin a "trahi" son serment de policier et fait "un usage excessif et déraisonnable de la force" contre le quadragénaire noir, a...