Le juge Bitar interroge deux hauts responsables portuaires

Le juge d'instruction en charge de l'enquête sur les explosions meurtrières du 4 août 2020 au port de Beyrouth, Tarek Bitar, a entendu vendredi Abdel Hafiz el-Kaïssi, directeur du transport maritime, et Mohammad el-Mawla, président du Mina, gérant de l’arrivée des navires et garde judiciaire du hangar N°12, dans le cadre de son enquête. MM. Kaïssi et Mawla sont tous les deux en état d'arrestation depuis le mois d'août. Les interrogatoires ont eu lieu en présence de membres du barreau de Beyrouth représentant les proches de victimes de la double explosion.

Cette semaine, le juge Bitar s'est entretenu avec 20 des 25 personnes sous les verrous, notamment des responsables portuaires et sécuritaires. Il devrait, selon l'Agence nationale d'Information (Ani, officielle), interroger lundi le directeur général des douanes, Badri Daher.

La semaine dernière, le juge Bitar s'était entretenu avec des familles des victimes et leur a promis qu'il ne laissera "ni coupable en liberté, ni innocent en prison". Proposée par la ministre sortante de la Justice, Marie-Claude Najm, mi-février dernier pour remplacer le juge Fadi Sawan dessaisi de l'enquête, la nomination du juge avait été approuvée par le Conseil supérieur de la magistrature.

Début mars, les familles des victimes avaient donné au juge trois semaines pour dévoiler les premiers résultats concernant cette affaire. La double explosion meurtrière au port de Beyrouth a fait plus de 200 victimes et 6.500 blessés, ravageant des quartiers entiers de la capitale. Plusieurs responsables sécuritaires et politiques, notamment le Premier ministre sortant Hassane Diab et les députés Ali Hassan Khalil, Ghazi Zeaïter et l'ex-ministre Youssef Fenianos, avaient été inculpés pour négligence par le juge Sawan.

Par ailleurs, la ministre sortante de la Défense, Zeina Acar, s'est entretenue avec des proches de victimes concernant le suivi de la procédure permettant d'assimiler les personnes décédées à des martyrs de l'armée, ce qui permet le versement de compensations financières. Elle a assuré que 48 dossiers avaient déjà été traités et envoyés au ministère des Finances, et qu'ils seraient suivis, dès lundi, par huit autres. "Il ne faut pas que nous perdions de temps pour traiter cette cause nationale", a indiqué Mme Acar.