Des proches de victimes de la double explosion du 4 août ont manifesté lundi devant le domicile du juge chargé de l'enquête sur ce drame, Fadi Sawan, l'appelant à "se remettre au travail" après l'interruption de l'enquête suite au dépôt d'un recours par deux députés et anciens ministres inculpés dans cette affaire. Le sit-in a été émaillé de tensions, plusieurs policiers ayant bousculé des protestataires, selon des images qui circulent.
Plusieurs dizaines de personnes, qui brandissaient des portraits de leurs proches décédés lors des explosions dans le port de Beyrouth, sont partis en procession de la place Sassine vers le bâtiment dans lequel vit le juge Sawan. Ils ont scandé des slogans appelant ce dernier à ne pas "diluer" la vérité concernant les responsabilités dans cette affaire et à se "remettre au travail". De brèves tensions ont éclaté entre les manifestants et les forces de l'ordre déployées sur les lieux.
Prenant la parole lors du sit-in, un des participants a exprimé "la méfiance" des proches des victimes vis-à-vis du silence du juge d'instruction près la Cour de justice et a mis en garde contre toute tentative de "couvrir le crime". Il a estimé que les inculpations dans le cadre de l'enquête devraient "inclure les chefs et responsables, anciens et actuels des institutions sécuritaires" du pays. "Nous voulons que tous les responsables soient interrogés concernant l'importation du nitrate d'ammonium" qui a provoqué la déflagration, a ajouté le porte-parole qui a regretté que six mois après les explosions aucune réponse n'ait encore été apportée sur ses causes. "Nous refusons l'exploitation politique" de l'enquête, a-t-il déclaré.
Des policiers anti-émeutes ont été déployés sur les lieux et des échauffourées ont été signalées selon des vidéos publiées en ligne dans lesquelles ont voit au moins une manifestante à terre alors qu'une autre insulte les policiers en les accusant de violences.
Le juge Fadi Sawan, en charge de l'enquête sur l'explosion causée par la présence de 2.750 tonnes de nitrate d'ammonium dans le port sans mesures de sécurité depuis 2014 et qui a fait plus de 200 morts et 6.500 blessés, a déjà inculpé le Premier ministre sortant, Hassane Diab, et trois anciens ministres pour négligence. Mais l'enquête fait du surplace depuis plusieurs semaines, face aux ingérences de divers responsables politiques, au grand dam d'une large frange de la population qui réclame une enquête indépendante. Les anciens ministres et députés (Amal) Ali Hassan Khalil et Ghazi Zeaïter, mis en accusation, ont ainsi déposé un recours contre le juge, ce qui a forcé la suspension temporaire de l'enquête. Le procureur a été autorisé, mi-janvier, à reprendre ses investigations, mais rien n'a jusque là filtré sur d'éventuels nouveaux interrogatoires qui auraient été menés. Les appels à une enquête internationale ont été rejetés par les autorités libanaises qui ont toutefois été épaulées par des experts internationaux lors des premières investigations sur le terrain. Dernièrement, des informations de presse ont évoqué l’implication présumée d’hommes d’affaires syriens proches du régime de Bachar el-Assad dans l’importation du nitrate d’ammonium qui a explosé au port de Beyrouth, alors que la Syrie se trouve sous le coup de sanctions internationales et cherche à les contourner par tous les moyens, notamment à travers des trafics en tout genre via le Liban.
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