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Dernières Infos - Liban-Incidents de Tripoli

"La solution sécuritaire à la crise sociale n'en est pas une", affirme le courant du Futur

Un manifestant anti-pouvoir tenant une benne à ordure, le 28 janvier 2021 lors d'une nouvelle manifestation à Tripoli, au Liban-nord. Photo AFP / JOSEPH EID

Le courant du Futur a estimé jeudi que la solution sécuritaire aux manifestations violentes qui ont causé un mort et des centaines de blessés depuis lundi à Tripoli n'était en réalité pas une solution. La formation du Premier ministre désigné, Saad Hariri, a dénoncé dans ce contexte une sorte de complot de la part des services de renseignement et de certaines formations politiques sans les nommer.

Evoquant "des mains suspectes qui œuvrent à noyer Tripoli dans le chaos", tout en reconnaissant "le cri juste qui reflète la souffrance sociale des quartiers populaires" de la capitale du Nord, le Futur a estimé que "de nombreuses prises de positions durant les dernières heures montrent qu'il y a des partis politiques et des notables locaux qui exploitent la souffrance des citoyens et qui financent des groupes, dont certains viennent de l'extérieur de la ville". La formation de Saad Hariri ne va toutefois pas jusqu'à nommer ces partis-là, alors que certains accusent le frère du Premier ministre désigné, Baha' Hariri, d'alimenter la grogne populaire afin d'exploiter le malaise de la rue sunnite au service d'objectifs politiques et personnels.

Le courant du Futur a également accusé "certains services de sécurité de fermer l’œil sur des pratiques qui portent atteinte à la sécurité et au respect de la loi", estimant que cela "soulève des doutes et pose de nombreuses questions quant aux objectifs des actes de vandalisme qui touchent les biens privés et publics de la ville". Depuis lundi, les manifestations prennent chaque soir un tour violent à Tripoli et dégénèrent en affrontements entre les forces de l'ordre et les manifestants, qui protestent contre le prolongement du confinement sanitaire. Ce bouclage et les mesures strictes mises en place privent en effet de nombreux citoyens de leurs revenus et l'Etat n'a encore fourni aucune compensation ou aide aux personnes fragilisées. Tripoli était déjà l'une des villes les plus pauvres du Liban avant la flambée du nouveau coronavirus.

Un jeune homme est décédé jeudi matin de ses blessures, après les affrontements de la veille à Tripoli entre des manifestants et les forces de l'ordre. Il s'agit du premier décès annoncé depuis le début de ces violences qui ont fait jusque-là plus de 300 blessés. Réagissant à ces développements mercredi, le Premier ministre désigné, Saad Hariri, et le Premier ministre sortant, Hassane Diab, ont tous deux mis en garde contre une instrumentalisation des manifestations.

"Si l'Etat veut appliquer correctement le confinement, il doit tenir ses engagements envers les citoyens qui s'attendent à une aide de sa part (...)", a estimé le courant du Futur, qui dénonce le retard dans la distribution de l'aide financière de 400.000 LL par famille que l'armée est censée assurer. "Pourquoi ce retard ? Est-il intentionnel ?", s'est encore interrogé la formation haririenne.
"La solution sécuritaire à la crise sociale n'en est pas une. Ceux qui misent sur un glissement de Tripoli vers le chaos doivent savoir que la majorité écrasante des habitants de la ville sont contre ce plan fomenté par les services de renseignement et leurs hommes de main connus", a conclu le Futur.

Le Liban vit sous le double impact d'une crise économique inédite et de confinements successifs pour lutter contre le nouveau coronavirus, qui ont aggravé les conditions de vie de la population. Le pays avait connu en octobre 2019 un soulèvement populaire inédit par son ampleur contre une classe dirigeante accusée d'être corrompue et incompétente. Celle-ci est toujours en place.

Le courant du Futur a estimé jeudi que la solution sécuritaire aux manifestations violentes qui ont causé un mort et des centaines de blessés depuis lundi à Tripoli n'était en réalité pas une solution. La formation du Premier ministre désigné, Saad Hariri, a dénoncé dans ce contexte une sorte de complot de la part des services de renseignement et de certaines formations politiques...