Un homme qui a consacré sa vie à autrui

Avec l’épidémie du Covid-19, la société a changé l’image de la mort. Dans nos villages, on pleurait nos morts et tout le village était en deuil. Dans nos villes, on était présent auprès des parents du défunt et en présentant nos condoléances on les réconfortait.

Aujourd’hui, avec les précautions sanitaires, nous envoyons un SMS ou nous nous suffisons d’un appel téléphonique. Le défunt nous quitte en silence et ne dérange plus personne.

Pour cela, je ne peux que rendre hommage à Noël Abboud. Noël était mon beau-frère, il a épousé ma sœur qui a été tuée par un franc-tireur pendant les événements de 1975. Cet ami, cet urologue, ce chirurgien a consacré sa vie à autrui. Adopté par l’équipe médicale de l’hôpital Jeitaoui, il jouissait d’une réputation de professionnalisme, de don de soi, d’intégrité. Pendant les événements de 1975, il travaillait jour et nuit pour servir les autres bénévolement, il opérait les blessés et dormait parfois à l’hôpital pour suivre ses malades. Ce docteur suivait les règles de sa profession en étant très discret de ses actes et en étant près de ses malades.

Ceci ne l’empêchait pas de maintenir sa vie familiale, car sa seule joie était de s’entourer de sa famille. Sa clinique était ouverte aux démunis et ses conseils et diagnostiques étaient suivis pas ses malades et amis.

Le Covid-19 l’a atteint. Il laisse derrière lui un bilan positif. Je perds un parent, un ami, un médecin, un vrai Libanais qui est parti discrètement et repose dans la terre de ses ancêtres au Liban-Nord à Karm Saadé comme il l’a désiré.

Repose en paix Noël.