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Culture - Édition

Une rentrée littéraire sous le signe des premiers romans

Quels sont les romans à ne pas manquer et les auteurs à découvrir parmi les 511 titres qui sortent cette semaine en France ?

Une rentrée littéraire sous le signe des premiers romans

La rentrée littéraire d’automne, qui débute cette semaine en France, ne compte que 65 premiers romans sur un total de 511 titres. Photo Bigstock

La rentrée littéraire d’automne qui débute cette semaine en France ne compte que 65 premiers romans (sur un total de 511 titres), mais c’est en osant piocher parmi les œuvres des primo-romanciers que les lecteurs auront les plus belles surprises.

Parmi les titres à retenir, on peut citer Bénie soit Sixtine (Julliard), premier roman de Maylis Adhémar qui raconte l’émancipation d’une jeune femme pieuse sous l’emprise des milieux traditionalistes.

Ce roman (le premier publié sous l’égide de Vanessa Springora, nouvelle patronne des éditions Julliard) est lumineux.

Parmi les autres premiers romans remarquables, on retiendra La cuillère (Liana Levi) de la Franco-Britannique Dany Héricourt, un « road-trip » à la fois drôle et émouvant entre le pays de Galles et la Bourgogne, et Des kilomètres à la ronde (Seuil) de Vinca van Eecke, beau récit mélancolique sur la jeunesse et les amours enfuis de ces étés qu’on croyait invincibles.

Ce qu’il faut de nuit (La manufacture de livres) de Laurent Petitmangin est un premier roman sensible et puissant sur l’amour filial, l’engagement politique qui peut conduire au pire, les ratés du fameux « ascenseur social » dans la France périphérique. Le livre, pudique et âpre, est déjà en cours de traduction en anglais, allemand, italien et néerlandais.

Toujours parmi les premiers romans, on peut également signaler Cinq dans tes yeux (L’Iconoclaste) d’Hadrien Bels, livre amer et décapant sur la gentrification du quartier du Panier à Marseille, La petite dernière (Noir sur Blanc) de Fatima Daas, récit vibrant d’une jeune musulmane de banlieue, lesbienne, qui ne veut renoncer à aucune identité, ou encore Un jour ce sera vide (Christian Bourgois) d’Hugo Lindenberg, grand roman sur les blessures de l’enfance.

« Valeurs sûres »

Mais la rentrée ne se limite évidemment pas aux premiers romans, et les lecteurs peuvent se tourner vers les « valeurs sûres » mises en avant par les éditeurs.

On sort bouleversé de la lecture de Saturne (Seuil) de Sarah Chiche (lauréate du prix de La Closerie des Lilas en 2019), vibrant récit d’un amour posthume d’une fille à son père disparu alors qu’elle n’était encore qu’un bébé. Le livre, dédié « aux endeuillés » (il pourrait l’être aux inconsolables), est d’une beauté à couper le souffle.

Autre grand roman à ne pas manquer, Chavirer (Actes Sud) de Lola Lafon, est un récit terriblement bien construit sur la pédocriminalité. On suit sur une trentaine d’années le destin d’une adolescente rêvant de devenir danseuse. Victime de pédocriminels, Cléo l’héroïne va elle-même devenir recruteuse de jeunes filles pour ce réseau pédophile. Il est question de culpabilité et de pardon, de vies brisées, et c’est magistral.

Serge Joncour (lauréat du prix des Deux Magots, de l’Interallié, du Landerneau...) offre avec Nature humaine (Flammarion) un grand et magnifique récit empathique sur le monde rural des années 1960 jusqu’au premier jour de l’an 2000.

Franck Bouysse a le don de transporter ses lecteurs dans des pays étranges à des époques indéfinissables. C’est encore le cas avec Buveurs de vent (Albin Michel), un récit épique, ode à l’insoumission, porté par une langue splendide.

Miguel Bonnefoy revient quant à lui avec Héritage (Rivages), récit picaresque mettant en scène plusieurs générations d’une famille originaire du Jura établie au Chili au début du XXe siècle.

Très attendue après le succès de son premier roman Désorientale, Négar Djavadi offre à ses lecteurs un second roman foisonnant et palpitant. Arène (Liana Levi) raconte l’inéluctable embrasement de l’Est parisien à la suite de la mort d’un jeune garçon. Il n’y a ni héros ni fripouilles dans ce roman, simplement des victimes d’un engrenage qui fait froid dans le dos.

Pas de rentrée sans Nothomb

On a aimé aussi le second roman de Jean-René Van Der Plaesten, Le métier de mourir (Grasset), beau roman sur la guerre au Liban vue à travers le personnage d’un officier à la retraite de Tsahal, et le superbe roman féministe Fille (Gallimard) de Camille Laurens, la nouvelle juré de l’Académie Goncourt. Il est également question d’émancipation féminine avec Les évasions particulières (Albin Michel) de Véronique Olmi.Enfin, on ne saurait imaginer une rentrée littéraire sans nouvel opus d’Amélie Nothomb. La finaliste malheureuse du Goncourt l’an passé revient avec Les aérostats (Albin Michel), un livre brillant (son 29e) qui pour la première fois se déroule en Belgique, son pays natal.

Une jeune femme de 19 ans, Ange (qui pourrait être Amélie Nothomb à cet âge), est chargée de donner des cours à un adolescent de 16 ans, Pie, qui se targue de n’avoir jamais lu aucun livre. On laisse aux lecteurs le plaisir de découvrir ce qui se passera entre eux.

Alain JEAN-ROBERT/AFP

Du côté de la littérature étrangère

Avec 145 romans (sur un total de 511 nouveaux titres), la rentrée est plus serrée que jamais en littérature étrangère. De Salman Rushdie à l’Italien Erri de Luca, voici un court panorama de la rentrée littéraire étrangère.

Il faudra attendre début septembre pour lire Quichotte (Actes Sud), le nouveau roman de Salman Rushdie traduit de l’anglais par Gérard Meudal. Quichotte est un représentant de commerce obsédé par le « réel irréel » de la télévision. Amoureux d’une reine du petit écran, il s’engage sur les routes d’Amérique dans une quête picaresque pour lui prouver qu’il est digne de sa main. À ses côtés, Sancho, son fils imaginaire...

Comment résumer Les lionnes (Seuil) de Lucy Ellmann (traduit de l’anglais par Claro), roman fleuve de plus d’un millier de pages pratiquement en une seule phrase ?

La narratrice est une femme au foyer de l’Ohio qui dans sa tête rumine le monde. Absolument vertigineux.

Colson Whitehead est le seul écrivain américain à avoir remporté deux fois le prix Pulitzer. Il publie Nickel Boys (Albin Michel), traduit de l’anglais par Charles Recoursé, terrible histoire d’une maison de correction dans la Floride ségrégationniste des années 1960. Glaçant.

Delcourt poursuit la publication des œuvres de William Melvin Kelley (1937-2017), écrivain injustement oublié. Écrit en 1964, Jazz à l’âme (traduit de l’anglais par Éric Moreau), histoire d’un musicien de jazz aveugle sans cesse renvoyé à sa condition de Noir, n’a rien perdu de son acuité.

Le dépaysement est assuré avec Patagonie route 203 (Métailié) d’Eduardo Fernando Varela, traduit de l’espagnol (Argentine) par François Gaudry, roman nomade dans une Patagonie rêvée.Gallmeister, l’éditeur qui a révélé au public francophone David Vann, Craig Johnson ou encore Gabriel Tallent, publie Betty de Tiffany McDaniel (traduit de l’américain par François Happe), roman éblouissant autour de la figure d’une jeune Indienne dans l’Ohio rural des années 1960.L’écrivain irlandais Colum McCann s’empare du conflit israélo-palestinien dans Apeirogon (Belfond, traduit de l’anglais par Clément Baude), histoire sensible de deux pères endeuillés, l’un israélien, l’autre palestinien, qui plutôt que de se haïr vont s’engager pour la paix.

Exercice d’équilibre pour Erri de Luca dans Impossible (Gallimard, traduit de l’italien par Danièle Valin) qui revient avec subtilité sur les « années de plomb » qui ont déchiré son pays dans les années 1970 et 1980. Crime ou accident ?

Une mort mystérieuse en montagne impliquant deux anciens militants de la lutte armée (l’un fut arrêté après la dénonciation de l’autre) permet à l’écrivain de réfléchir sur l’engagement, la justice, l’amitié et la trahison.

La rentrée littéraire d’automne qui débute cette semaine en France ne compte que 65 premiers romans (sur un total de 511 titres), mais c’est en osant piocher parmi les œuvres des primo-romanciers que les lecteurs auront les plus belles surprises.Parmi les titres à retenir, on peut citer Bénie soit Sixtine (Julliard), premier roman de Maylis Adhémar qui raconte l’émancipation d’une...

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MERCI J.P

Petmezakis Jacqueline

08 h 09, le 18 août 2020

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Commentaires (1)

  • MERCI J.P

    Petmezakis Jacqueline

    08 h 09, le 18 août 2020

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