Les propos au sujet de la visite au Liban du ministre français des Affaires étrangères attribués mardi au président du Conseil, dans le cadre de la réunion gouvernementale qui s’est tenue à Baabda, ont suscité un étonnement général. Pour un gouvernement qui se plaint d’être victime d’un quasi-boycott étranger, la visite de Jean-Yves Le Drian la semaine dernière ne devait pas être commentée de cette façon. Selon des sources concordantes, Hassane Diab aurait déclaré mardi en Conseil des ministres que la visite du ministre français des Affaires étrangères « n’avait rien apporté de nouveau » et « il semblait même manquer d’informations concernant le processus de réformes du gouvernement ».
Ces propos ont été rapportés par les médias et, depuis, les commentaires choqués se succèdent dans les milieux politiques, qui n’attendent qu’une occasion de tomber sur le gouvernement, mais aussi dans les coulisses diplomatiques. C’est d’autant plus maladroit de la part du président du Conseil que l’État français avait été plutôt positif à l’égard de ce gouvernement, alors que la plupart des chancelleries occidentales étaient restées réservées à son égard. La France, qui se distinguait en cela des autres pays occidentaux, et en particulier des États-Unis, voulait donner une chance réelle à ce gouvernement et misait sur le mélange de technocrates et de politiques qu’il regroupait pour qu’il puisse procéder à des réformes indispensables, d’abord pour le fonctionnement de l’État, ensuite pour obtenir la confiance du Fonds monétaire international et relancer l’économie en crise.
De plus, depuis la formation de son gouvernement en janvier, le président du Conseil n’a cessé d’adresser des messages dans plusieurs directions pour tenter d’obtenir des rendez-vous à l’étranger et pouvoir ainsi plaider la cause du Liban auprès des instances occidentales et arabes en particulier. Mais à chaque fois, les réponses étaient peu encourageantes, pour utiliser un terme diplomatique. Il a été ainsi question d’une tournée auprès de certains pays arabes, mais l’idée a été vite abandonnée. Le directeur de la Sûreté générale, Abbas Ibrahim, a même été sollicité pour réactiver ses propres relations arabes ou alors pour effectuer des visites en tant qu’émissaire personnel du chef de l’État. À chaque fois, les premières réactions étaient positives, mais dès qu’il s’agissait de passer à l’acte, c’est comme si un verrou secret venait fermer toutes les portes et les fenêtres. C’est donc dans ce contexte assez négatif pour le Liban, et en particulier pour le gouvernement, qu’a eu lieu la visite à Beyrouth du ministre français des Affaires étrangères, qui a une longue expérience politique et qui, en plus, connaît bien en principe le dossier libanais.
Dès l’annonce de cette visite, et sans doute parce qu’elle était la première du genre d’un responsable étranger de cette importance depuis la formation du gouvernement, beaucoup d’informations ont circulé dans les médias sur le fait qu’elle signifiait la fin du blocus indirect imposé au Liban. De grands espoirs ont été bâtis sur ce déplacement. Il a été ainsi dit que Le Drian avait d’abord discuté avec son homologue américain et que sa mission à Beyrouth se faisait en coordination avec les autres pays occidentaux pour tenter une ouverture en direction du Liban. Une chaîne de télévision arabe avait même annoncé que Le Drian était porteur d’un plan de relance économique du Liban décidé par le président de la République française, Emmanuel Macron. À chaque étape de la visite, les journalistes qui suivaient les déplacements de Le Drian attendaient « le grand scoop » et à chaque fois, ils étaient déçus. Le ministre français a transmis à ses interlocuteurs libanais le même message, mais peut-être de façon différente, selon le climat général de chaque rencontre. En gros, il s’agissait d’un message de soutien réel – « La France ne laissera pas tomber le Liban » –, assorti de conseils pour agir vite et de façon efficace.
Le Drian aurait ainsi déclaré au président de la Chambre, Nabih Berry, que le Liban ressemble actuellement au Titanic, qui coulait alors que les passagers étaient en train de danser. Ce n’est certes pas le genre de remarques que les responsables libanais aiment entendre, mais le ministre français a été franc parce qu’il se considère comme un ami du Liban. Avec le président du Conseil, la rencontre ne s’est pas passée comme l’escomptaient les deux parties. Le Drian pensait avoir un entretien en petit comité, mais Hassane Diab s’était entouré de plusieurs ministres et d’un grand nombre de conseillers. Le président du Conseil a lu un papier préparé à l’avance pour expliquer ce que faisait le gouvernement, alors que le ministre français voulait être plus direct et moins académique. Par contre, avec le ministre des Affaires étrangères, Nassif Hitti, la rencontre était beaucoup plus harmonieuse, les deux hommes se connaissant déjà. D’ailleurs, Jean-Yves Le Drian a tenu, dans sa déclaration à la presse, à s’adresser directement à M. Hitti en le tutoyant et en le qualifiant de « cher ami ». Il faut préciser aussi que Nassif Hitti est un diplomate de carrière qui connaît parfaitement les rouages en vigueur, et il s’emploie d’ailleurs à atténuer l’impact des propos de Hassane Diab en les replaçant dans leur contexte véritable.
Que les responsables libanais aient donc été déçus parce qu’ils attendaient plus de la visite du ministre français, cela peut se comprendre. Il n’était toutefois pas nécessaire de l’exprimer de cette façon, au moment où le Liban se débat dans une crise sans précédent et cherche à gagner la confiance de la communauté internationale. Dans les relations entre les États, quelques mots peuvent, toutefois, ne pas avoir de conséquences considérables. Surtout s’il s’agit du Liban et de la France...
Un verrou??? Bien sûr qu'il y a un verrou qui nous enferment tous dans un passé vieux de 14 siècles! Cher Mme si quelqu'un vous lance des pierres, vous appelle de tous les noms puis lui ou ses copains viennent vous quémander de l'aide... Lui donnerez vous de l'aide sans conditions??? Pas seulement Diab, même, le ministre protégé du aahed fort, (qui l'avait, apparement, même interpellé paternellement pour le conforter, par son prénom pas moins!!), avait suggéré que le Drian aurait pu juste téléphoner pour bien sûr donner le numéro de sa MasterCard au lieu de de déplacer...histoire d'être pratique, expéditif et bien sûr, de nos jours, hygiénique... Quelle honte de défendre de tels gens. Je suis convaincu que vous auriez traité le lanceur de pierres et ses voyous de copains, bien sévèrement!!!
14 h 18, le 31 juillet 2020