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Politique - Dimane

Raï critique ouvertement la majorité et implicitement le Hezbollah

« Les Libanais ne veulent pas qu’une partie s’arroge le droit de déterminer le sort de leur pays », affirme le chef de l’Église maronite.

Raï critique ouvertement la majorité et implicitement le Hezbollah

"Les Libanais refusent qu'une quelconque majorité populaire ou parlementaire porte atteinte à sa Constitution, à son pacte national et à ses lois, au modèle libanais, qu'elle isole le pays des pays frères et amis", a affirmé le patriarche (Photo ANI).

Le patriarche maronite, le cardinal Béchara Raï, est passé hier à la vitesse supérieure en adressant des critiques directes et sévères à la majorité au pouvoir et en visant plus particulièrement le Hezbollah, mais sans le nommer. « Les Libanais veulent en finir avec les souffrances provoquées par le monopole (de la décision), l’immobilisme et le laxisme. Ils veulent des positions courageuses pour sauver le pays et non pas des règlements de comptes mesquins. Ils veulent un État libre qui s’exprime au nom du peuple vers qui il se référera pour les décisions engageant le sort du pays et non pas un État qui renonce à son pouvoir de décision et à sa souveraineté, que ce soit en faveur de parties internes ou externes », a martelé le chef de l’Église maronite, dans son homélie dominicale hier à Dimane, dans une allusion on ne peut plus claire au Hezbollah.

Selon des sources proches du siège patriarcal, le discours du patriarche, « en phase avec les positions de Bkerké à chaque fois que le Liban est confronté à un danger existentiel, est le point central d’une dynamique politico-diplomatique appelée à s’amplifier avec la prochaine arrivée du chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian à Beyrouth la semaine prochaine, et le voyage projeté par Mgr Raï au Vatican ». De mêmes sources, on estime que le patriarche aurait eu le feu vert du Saint-Siège pour élever la voix et mettre en garde, comme son prédécesseur, le patriarche Nasrallah Sfeir, contre les dysfonctionnements qui risquent de déformer l’image même du Liban et de menacer son existence.

L’insistance du chef de l’Église maronite sur la neutralité du Liban est à mettre sur le compte de cette dynamique qui prend forme face à une autre, dirigée par le Hezbollah et l’axe auquel il appartient et qui essaie de tirer de plus en plus le Liban vers un milieu qui n’a jamais été le sien et qui ne correspond pas à l’identité historique du pays, indique-t-on de mêmes sources.

Un rôle pionnier

Dans son homélie au cours de laquelle il a de nouveau plaidé pour la neutralité du Liban, Mgr Raï a d’ailleurs fait référence au rôle joué par le patriarcat maronite pour défendre et sauvegarder tout ce qui s’inscrit dans l’intérêt des Libanais, en prenant soin de souligner l’écho positif obtenu à son appel.

« Si j’ai appelé dimanche dernier la communauté internationale à proclamer la neutralité du Liban, c’est pour protéger le pays et sa mission des dangers des développements politiques et militaires qui se sont accélérés dans la région, éviter un ralliement à la politique des axes, éviter les interventions étrangères dans les affaires du pays dont l’intérêt supérieur, l’unité nationale et la paix civile doivent être préservés. C’est aussi parce que nous nous conformons aux résolutions internationales et arabes, à la cause palestinienne juste et parce que nous appelons au retrait des forces israéliennes des hameaux de Chebaa, des collines de Kfarchouba et de la partie nord de Ghajar », a-t-il dit d’emblée, avant d’indiquer que sa position s’inscrit « dans le prolongement de la mission du patriarcat maronite (…) qui a joué un rôle pionnier dans la déclaration du Grand Liban en septembre 1920 puis dans l’indépendance du pays en 1943.

Le patriarche n’a pas fait référence cependant au célèbre appel des évêques maronites du 20 septembre 2000, pour le départ des troupes syriennes du Liban, et qui est considéré comme le début du processus – par moments sanglant puisqu’associé à une série d’assassinats et de tentatives d’assassinats de figures de l’opposition – devant déboucher en 2005, sur la sortie des Syriens du pays. Pourtant, son discours renvoie à l’essence de l’appel de 2000 pour ce qui a trait au rétablissement de la souveraineté de l’État. Mgr Raï a estimé que « la commémoration du centenaire du Liban doit marquer le point de départ vers sa neutralité », avant de se féliciter de l’appui « populaire, politique et partisan » qui s’est manifesté à son appel, « toutes appartenances communautaires confondues ». Il a insisté sur le fait que « les Libanais ne veulent pas qu’une partie, quelle qu’elle soit, s’arroge le droit de déterminer le sort du pays, de son peuple, de son territoire, de ses frontières, de son identité, de sa formule, de son système, de son économie, de sa culture et de sa civilisation, qui se sont ancrés durant ce centenaire ». « Ils refusent qu’une quelconque majorité populaire ou parlementaire porte atteinte à sa Constitution, à son pacte national et à ses lois, au modèle libanais, qu’elle isole le pays des pays frères et amis et qu’elle soit la cause de son passage du bien-être à la pauvreté, de la prospérité à la régression et du développement au sous-développement. »

Le patriarche maronite, le cardinal Béchara Raï, est passé hier à la vitesse supérieure en adressant des critiques directes et sévères à la majorité au pouvoir et en visant plus particulièrement le Hezbollah, mais sans le nommer. « Les Libanais veulent en finir avec les souffrances provoquées par le monopole (de la décision), l’immobilisme et le laxisme. Ils veulent des...

commentaires (3)

Une fois de plus, les propos sont timides et vagues, pas à la hauteur des enjeux.

Marionet

17 h 47, le 13 juillet 2020

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Commentaires (3)

  • Une fois de plus, les propos sont timides et vagues, pas à la hauteur des enjeux.

    Marionet

    17 h 47, le 13 juillet 2020

  • Un peu tard comme reaction Monseigneur... Une voix dans le desert maintenant ! Mais... sait on jamais ... Les voies du Seigneur étant impénétrables . Attendons, Voir !

    Cadige William

    12 h 43, le 13 juillet 2020

  • Bravo Monseigneur ! Qui vous écoute ?

    Eleni Caridopoulou

    12 h 27, le 13 juillet 2020

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