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Peines de prison pour deux ex-dirigeants d'Amnesty International

Peines de prison pour deux ex-dirigeants d'Amnesty International

Le logo d'Amnesty International. Photo d'illustration AFP

Deux ex-responsables d'Amnesty International en Turquie ont été condamnés vendredi à de la prison pour activités "terroristes", à l'issue d'un procès emblématique des pressions croissantes contre la société civile depuis un putsch manqué en 2016.

Taner Kiliç, ancien président d'Amnesty en Turquie, a été condamné à six ans et trois mois de prison pour "appartenance à un groupe terroriste", et Idil Eser, une ex-directrice, a été condamnée à deux ans et un mois pour "aide à une organisation terroriste". Deux autres défenseurs des droits humains ont été condamnés à la même peine que Mme Eser, tandis que sept autres militants, dont un Allemand et un Suédois, ont été acquittés, selon Amnesty. Les personnes condamnées ne devraient pas être incarcérées en attendant l'épuisement des procédures d'appel.

Cette affaire, surnommée le "procès des 11 d'Istanbul" par Amnesty, est devenue l'un des symboles de la répression qui s'est abattue sur la société civile en Turquie après la tentative de coup d'Etat du 15 juillet 2016 contre le président Recep Tayyip Erdogan, suivie de purges. Ce procès était suivi de près à l'étranger où plusieurs personnalités, comme l'artiste chinois Ai Weiwei et le leader du groupe de rock U2 Bono, avaient exprimé leur soutien aux défenseurs des droits humains.

"C'est scandaleux. Des accusations absurdes. Aucune preuve", a réagi sur Twitter Andrew Gardner, chercheur pour Amnesty International en Turquie. "Nous ne baisserons pas les bras tant qu'ils ne seront pas tous acquittés", a-t-il ajouté. La plupart des défenseurs des droits humains jugés vendredi ont été arrêtés en 2017 après un atelier sur la sécurité numérique sur une île au large d'Istanbul, les autorités turques les accusant d'avoir organisé une "réunion secrète". La présence d'un militant des droits humains allemand, Peter Steudtner, et d'un de ses collègues suédois, Ali Gharavi, avait renforcé les soupçons des autorités qui voyaient là la preuve d'un complot visant à nuire à la Turquie. Après ces arrestations, les médias progouvernementaux avaient accusé pendant plusieurs semaines ces militants de chercher à "fomenter le chaos", "diviser le pays" et "provoquer des révoltes".

"Réduire au silence"
Amnesty a constamment rejeté des accusations "fantaisistes" et affirmé que ce procès visait à intimider les défenseurs des droits humains. "Ces poursuites judiciaires visent à réduire au silence les accusés et à faire savoir à l'ensemble de la société que les personnes qui défendent les droits humains ou qui disent la vérité le font à leurs risques et périls", avait déclaré Mme Eser avant la dernière audience du procès. M. Kiliç, qui est aujourd'hui président honoraire d'Amnesty en Turquie, est en outre accusé par les autorités turques d'appartenir au mouvement du prédicateur Fethullah Gülen, désigné par Ankara comme le cerveau du putsch manqué de l'été 2016.

La pièce principale du dossier d'accusation contre lui est l'utilisation par M. Kiliç de la messagerie ByLock, une application de communication cryptée utilisée par les partisans de Gülen, selon Ankara. Un rapport de police a néanmoins révélé que M. Kiliç ne possédait pas cette application sur son téléphone. Arrêté en 2017, il avait été relâché après 14 mois de détention provisoire.

Les condamnations prononcées vendredi interviennent dans un climat de plus en plus lourd pour la société civile en Turquie depuis le début d'une répression tous azimuts lancée après le putsch manqué en 2016. Après la mise en échec du coup de force militaire, le gouvernement turc a lancé des purges massives qui ont conduit à l'incarcération de dizaines de milliers de personnes, dont des journalistes critiques et des acteurs de la société civile. Outre le procès des 11 défenseurs des droits humains, les ONG et plusieurs pays sont particulièrement préoccupés par l'emprisonnement du philanthrope Osman Kavala, écroué depuis près de 1.000 jours. Il est accusé d'avoir financé un vaste mouvement de contestation contre M. Erdogan en 2013.

Deux ex-responsables d'Amnesty International en Turquie ont été condamnés vendredi à de la prison pour activités "terroristes", à l'issue d'un procès emblématique des pressions croissantes contre la société civile depuis un putsch manqué en 2016.
Taner Kiliç, ancien président d'Amnesty en Turquie, a été condamné à six ans et trois mois de prison pour "appartenance à un groupe...