L’humilité des grands et la sérénité des saints

Elle s’est éteinte le samedi 20 juin, Leila Anid, membre du Comité central de la Croix-Rouge libanaise, titulaire de la médaille Florence Nightingale (1983), pionnière et initiatrice du Mouvement des premiers secours dans les années 60 du siècle dernier, ce mouvement qui se matérialisera plus tard dans les Services des Urgences médicales. Ce service qu’elle dirigea des années durant et qui fait aujourd’hui la fierté de la Croix-Rouge libanaise.

Elle est partie la femme qui a vécu fusionnant avec son rêve de voir la Croix-Rouge libanaise devenir le flambeau de l’action humanitaire.

Donnant d’elle-même dans sa vocation ? C’est peu dire pour une femme qui, sous le feu et les balles de la guerre civile, grimpait dans le véhicule qui tenait lieu d’ambulance pour accompagner les secouristes (qu’elle appelait ses enfants) et ramener les blessés vers les hôpitaux.

Elle ne chôma devant aucun devoir à rendre aux plus démunis, recevant les malades au dispensaire ou bien assurant les unités de sang. Aucune souffrance ne la rebutait, aucune tâche ne l’effrayait, ni guerre, ni orage, ni fatigue.

J’ai eu le bonheur de la connaître, et il m’est si bon de me la rappeler avec sa classe innée qui se traduisait par la bonté du cœur et la douceur de son abord. Derrière cette femme forte se cachait beaucoup de personnalité et derrière cette personnalité se cachait des mondes de paix et d’altruisme. Si respectueuse du plus petit, si aimable avec le souffrant, Leila avait l’humilité des grands et la sérénité des saints. C’est ainsi que cette grande dame érigea son volontariat au rang de sacerdoce.

Cette grande dame ne peut disparaître et si elle n’est plus avec nous de corps, elle l’est de l’âme et à travers une empreinte que la majorité d’entre nous, anciens secouristes, portons dans notre âme et dans l’exercice de notre quotidien.

Elle nous quitte cette année, celle du Jubilé de diamant de la Croix-Rouge libanaise pour ses 75 ans de mission, tranquille sur la matérialisation de son rêve.

Repose en paix, très grande dame. Les pionniers de l’humanité se reposent mais ne meurent pas.

Secrétaire général de la Croix-Rouge libanaise