Le président libanais, Michel Aoun, a estimé vendredi que "le gouvernement, la Banque du Liban (BDL) et les banques" sont responsables de l'effondrement économique que connaît le pays, alors que la livre libanaise a de nouveau enregistré jeudi un nouveau bas record face au dollar, poussant des milliers de personnes à se mobiliser dans la soirée dans tout le pays.
"Ce qui s'est passé hier suite à la hausse du prix du dollar face à la livre, sans justification, pose question : les chiffres étaient-ils seulement des rumeurs diffusées pour faire descendre les gens dans la rue et provoquer des affrontements ? S'agit-il d'un jeu politique, d'un jeu des banques ou d'autre chose ?", a lancé le chef de l'Etat lors d'un Conseil des ministres exceptionnel à Baabda. "Les experts financiers ont affirmé qu'il est impossible que le dollar, ou toute autre devise, bondisse à ce point. Cela retire donc le caractère spontané de tout ce qui s'est passé et fait penser à un plan bien huilé", a-t-il ajouté, appelant les différentes parties à la "solidarité" pour faire face à ce plan.
Il a par ailleurs souligné que, comme cela avait été convenu lors d'un premier Conseil des ministres élargi tenu dans la matinée, "le marché libanais sera approvisionné en dollars par la Banque du Liban". "Le taux de change devrait alors baisser progressivement", a-t-il indiqué. Et d'affirmer que "la responsabilité de ce qui s'est passé au niveau financier incombe à trois parties : le gouvernement, la BDL et les banques". "Les pertes doivent donc être assumées par ces trois parties, et non pas par les déposants", a-t-il appelé, sans préciser par quels moyens.
Depuis octobre dernier, la livre a perdu 70% de sa valeur atteignant jeudi de nouveaux sommets, une dégringolade vertigineuse qui a alimenté le mouvement de contestation et la remise en cause des élites accusées de corruption. Officiellement, la livre est indexée sur le billet vert depuis 1997 au taux fixe de 1 507 livres pour un dollar, mais depuis octobre 2019 elle poursuit sa chute dans les bureaux de change. La monnaie nationale se négociait vendredi matin dans une fourchette située entre 5 000 à l’achat et 5 300 livres à la vente pour un dollar, selon le site lebaneselira.org, soit plus de 1 000 livres environ de plus que celui qui était pratiqué lorsque les agents de change ont rouvert leurs portes le 3 juin après un mois de grève. Jeudi, des informations ont circulé sur des transactions pour lesquelles le taux de change aurait été de 7 000 LL pour un dollar, provoquant des manifestations de colère à travers le pays.
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