La Tunisie, où la pandémie de nouveau coronavirus semble marquer le pas, aura besoin de cinq milliards d'euros pour boucler son budget 2020, a estimé mardi le chef du gouvernement Elyes Fakhfakh, dont le pays pourrait connaître sa pire récession depuis son indépendance en 1956.
"Le budget prévoyait déjà un financement externe de 8 milliards de dinars, soit un peu plus de 2,5 milliards d'euros, je pense que ce chiffre-là va au moins doubler", a déclaré M. Fakhfakh dans un entretien télévisé à la chaîne internationale France 24. "Nous sommes en train de voir toutes les pistes aussi bien au niveau international que national", a-t-il ajouté. La loi de finances tablait initialement sur un budget de total de 47 milliards de dinars (15 milliards d'euros), dont quasiment un cinquième de ressources externes.
L'Union européenne (UE) a annoncé fin mars un don de 250 millions d'euros. Le Fonds monétaire international (FMI) a lui annoncé début avril un prêt d'urgence de 745 millions de dollars (685 milliards d'euros), estimant que le PIB du pays pourrait connaître une contraction de 4,3% en 2020, la pire depuis 1956. "Cela peut être pire, tout dépend de la reprise mondiale", a souligné M. Fakhfakh.
La confinement a notamment effacé le rebond jusque là observé dans le tourisme – un secteur clé en Tunisie et affecté par une série d'attaques jihadistes – qui accuse d'importantes pertes sans perspective de reprise pour la saison estivale. La Tunisie, qui a commencé à lever le 4 mai les mesures de confinement strictes mises en place dès la mi-mars, a enregistré lundi son deuxième jour consécutif sans aucun nouveau cas identifié, a indiqué mardi le ministère de la Santé. "On se réjouit (...) mais on reste malgré tout vigilants", a souligné M. Fakhfakh.
Le bilan reste stable depuis samedi, avec 1.032 cas identifiés depuis le 2 mars, dont 45 décès et 727 personnes officiellement guéries. La Tunisie a fermé ses écoles, lieux de culte et commerces non essentiels dès la mi-mars, alors que le pays comptait moins de 20 cas. Le travail a repris le 4 mai avec officiellement 50% des effectifs. Un couvre-feu nocturne reste en place, et les écoles seront fermées jusqu'en septembre, à part pour les bacheliers, tandis que les soignants des unités dédiés à la maladie Covid-19, les malades et les personnes rapatriées sont placés en isolement hors de leur domicile.
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