La mission navale de l'UE favorise Haftar, dénonce al-Sarraj

Irini, la mission navale de l'UE chargée de contrôler l'embargo sur les armes pour la Libye, favorise l'homme fort de l'Est de ce pays, Khalifa Haftar, qui reçoit les armes par terre et air, a dénoncé le chef du Gouvernement d'union nationale (GNA) Fayez al-Sarraj.

"L'objectif primaire de l'opération Irini est de faire respecter l'embargo imposé par l'ONU à l'envoi d'aides militaires étrangères en Libye. Son rayon d'action est la Méditerranée. Mais nos ennemis reçoivent les armes et munitions essentiellement via terre et air", a déclaré M. al-Sarraj, dont le gouvernement est reconnu par l'ONU, dans une interview au quotidien Corriere della Sera publiée vendredi.
"C'est en bref notre principale objection: nos ports seront contrôlés, nos troupes pénalisées, tandis que les sites de Haftar seront libres de recevoir toutes sortes d'aides", a poursuivi M. al-Sarraj.

Un rapport récent d'experts de l'ONU contrôlant l'embargo sur les armes imposé à la Libye a confirmé la présence dans ce pays de mercenaires du groupe russe Wagner et révélé celle de combattants syriens venus de Damas soutenir le maréchal Khalifa Haftar.
Irini prend le relais de l'opération Sophia lancée en 2015, mais avec un seul mandat: faire respecter l'embargo imposé par les Nations unies sur les livraisons d'armes à la Libye. Lancée fin mars, elle est devenue opérationnelle le 4 mai.

Depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, la Libye est plongée dans le chaos. Deux autorités se disputent le pouvoir: le GNA, basé à Tripoli, et un gouvernement parallèle dans l'Est contrôlé par Khalifa Haftar. Ce dernier a lancé en avril 2019 une offensive contre Tripoli qui a fait des centaines de morts et plus de 200.000 déplacés.

M. al-Sarraj avait affirmé il y a déjà trois semaines ne plus vouloir négocier sur le plan politique avec M. Haftar "après les désastres et les crimes qu'il a commis à l'encontre de tous les Libyens". Il a une nouvelle fois réitéré cette position au journal italien: "Non, nous ne sommes plus disposés à parler avec Haftar. Il est responsable d'un vil coup d'Etat. Il ne doit plus s'assoir à la table des négociations".