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Culture - Initiative

Chanter et danser avec l’escadron volant d’Ahla Fawda

Embellir son quartier, promouvoir de jeunes artistes, proposer des programmes novateurs au Liban et à l’étranger, voilà ce qu’anime, depuis quelques années, Imane Nasreddine Assaf, fondatrice de l’association Ahla Fawda. Le Covid-19 ne réussit pas à la freiner, bien au contraire, il lui donne des ailes, pour aller aussi haut qu’une nacelle de grue puisse la porter et planer au-dessus de la douleur.

La chanteuse Joy Fayad accompagnée par le musicien et violoniste Oliver Maalouf dans un concert plein de ... joie. Photo Emilie Madi

« La musique donne des ailes à la pensée », disait Platon. Parce qu’elle est par essence un art de participation qui rassemble et fait tomber les barrières, parce que le monde des malades et des soignants est celui de la singularité et du retranchement et encore plus avec la pandémie de coronavirus, Ahla Fawda, en collaboration avec Khebz and Melh, Covid-19 Lebanon Task Force et Mission Joy, va opposer au bruit du roulement d’un lit poussé par les infirmières et au vrombissement incessant des appareils de ventilation, la voix de Joy Fayad accompagnée par le musicien et violoniste Oliver Maalouf. Et les impotents cloués sur leurs fauteuils, les personnes âgées dont la vie a usé les rouages, les enfants terrassés par la maladie et les retranchés du Covid-19, loin de leurs familles par peur de contagion, rêveront, après cette parenthèse de bonheur offerte, de guérison, de jours heureux et toutes leurs pensées seront tendues vers l’espoir d’un lendemain meilleur. « Quant au corps médical, il saura qu’on ne l’oublie pas, insiste Imane Nasreddine Assaf, fondatrice de l’ONG Ahla Fawda, il est au cœur de notre mission. Médecins, infirmières et infirmiers, aides-soignants et personnels confinés depuis trois semaines, on ne les remerciera jamais assez. » Mais comment cette aventure a-t-elle pris corps ?


On ne vous oublie pas
C’est le jour de la fête des Mères qu’Imane Assaf a pris conscience que les malades, les infirmières et les médecins étaient loin de leurs enfants depuis plus de trois semaines. Pas même le plaisir de recevoir un bouquet de fleurs (confinement oblige) et Imane Assaf de se poser la question suivante : « Que peut-on faire pour honorer ceux qui sacrifient leur vie pour sauver la nôtre et leur dire surtout qu’ils ne sont pas seuls et donner aux malades un peu de joie ? » Pour avoir suivi l’artiste Joy Fayad le long de sa carrière, Assaf apprécie particulièrement et sa musique et sa personne. « C’est une âme pure, dit-elle, timide et humble, elle est ouverte sur le monde. » Une relation d’amitié sincère se tisse entre elles, et voilà comment elle lui propose cette rocambolesque aventure. Pour avoir toujours collaboré avec Auto Khaled dans l’exécution de peintures murales hautes quelquefois de plus de 10 mètres (Ahla Fawda commissionne de nombreux artistes pour l’exécution de graffitis géants sur les murs de la ville), une relation de confiance s’est établie entre eux. « C’est un homme excessivement serviable et prêt à tout. Pour atteindre les malades confinés dans leur chambre sans traverser l’enceinte de l’hôpital, je n’avais qu’un seul moyen : la grue. » Ce n’est pas une seule grue qu’il lui offre mais deux ! La seconde pour soulever le générateur électrique. Quant à Salloum Bou Khalil, qui a toujours assuré l’équipement musical à chaque festival de Hamra qu’Ahla Fawda organise, il a aussi répondu présent. Et voilà comment, lorsque la permission pour se produire face à l’hôpital gouvernemental Rafic Hariri est obtenue, c’est en 48 heures que tout se met en place comme par magie.



Plus près des étoiles
Joy Fayad et Oliver Maalouf collaborent ensemble depuis plus de quatre ans. Ils ont 30 ans, elle est artiste musicienne (harmonica, guitare et bass drum), il est violoniste. Ils se produisent au Liban et s’exportent à l’étranger. Leur répertoire est large mais pour l’aventure d’Ahla Fawda, Joy va opter pour un répertoire de chansons libanaises populaires Hanna el-sekran ou Aa Hadir el-bosta ou des chansons étrangères à consonance positive, de celles qui donnent envie de chanter, de bouger et de rêver. Et voilà comment de derrière leurs fenêtres, sur les balcons et à toutes les ouvertures, des blouses blanches et bleues brisent, d’une certaine manière, le confinement et s’évadent au son de la voix et de la musique de Joy et Oliver. Pour avoir expérimenté le contact avec le public au Liban et à l’étranger, pour s’être produit plus d’une fois, avoir affronté les foules, Joy Fayad et Oliver Maalouf avouent n’avoir jamais vécu une aventure aussi unique, mémorable et forte en émotions. Après avoir enchanté la petite communauté de l’hôpital Hariri le premier jour de l’aventure, Joy Fayad et Imane Assaf se regardent et se comprennent à demi-mot. Elles ne voulaient plus s’arrêter pour aller encore plus loin. Et voilà comment toute l’équipe répète l’expérience devant le siège de la Croix-Rouge libanaise à Kantari, l’hôpital Hôtel-Dieu de France, le LAU Medical Center Rizk Hospital, l’Americain University of Beirut Medical Center (AUBMC) et l’hôpital Saint-Georges. Plus tard, ce sera le tour de la région de Jbeil et de l’hôpital Maounet, puis de l’hôpital gouvernemental de Tripoli où la chanteuse Aziza s’est jointe à Joy Fayad et Oliver Maalouf pour offrir un florilège de chansons populaires. Et où le peintre Ghiath Alrobih a réalisé une peinture murale – collaboration Ahla Fawda et Art of Change – sur l’une des façades de l’établissement hospitalier.

Que ce soit en offrant un geste de solidarité envers le personnel médical et soignant ou pour relever le moral des malades, les initiatives d’Ahla Fawda montrent l’exemple. Parce que partager ce que l’on sait faire de mieux avec ceux qui luttent contre la maladie et ceux qui les accompagnent au quotidien n’est pas un choix, c’est un devoir, envers soi-même et envers l’humanité entière.

« La musique donne des ailes à la pensée », disait Platon. Parce qu’elle est par essence un art de participation qui rassemble et fait tomber les barrières, parce que le monde des malades et des soignants est celui de la singularité et du retranchement et encore plus avec la pandémie de coronavirus, Ahla Fawda, en collaboration avec Khebz and Melh, Covid-19 Lebanon Task Force...

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