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Culture - Exposition

Les rêves de pins et de solidarité de Marie Traboulsi Marinier

La galerie Cheriff Tabet présente à partir du 18 mars des toiles de l’artiste libano-française sur le thème des pinèdes. Une série picturale qui, en ces temps de vents mauvais et autres coronavirus anxiogènes, insuffle une bouffée de fraîcheur...

Marie Traboulsi Marinier, « Still on my Mind », acrylique sur toile, 70 x 70cm.

L’exposition beyrouthine de Marie Traboulsi Marinier devait initialement s’ouvrir le 18 octobre dernier à la galerie Cheriff Tabet. Suspendue pour cause d’irruption de la grande révolte nationale, elle a été reprogrammée pour ce mercredi 18 mars, afin de permettre à l’artiste d’origine libanaise vivant en France d’être présente à Beyrouth le soir de l’inauguration. Sauf que le coronavirus et ses conséquences en matière de limitation des déplacements en avion en ont décidé autrement. La peintre ne pourra pas venir, mais elle a tenu à ce que l’exposition soit, malgré tout, cette fois maintenue.

Les œuvres qu’elle présente sont exclusivement inspirées du souvenir des pinèdes et autres végétations qui ont enchanté son enfance libanaise. Malheureuse coïncidence : ces forêts et bosquets qu’elle venait de célébrer picturalement ont été ravagés par les incendies d’octobre dernier – premier maillon de la série noire que vit depuis le pays du Cèdre… Un désastre qui a d’autant plus bouleversé Marie Traboulsi Marinier que ce sont ses préoccupations écologiques et environnementales qui l’ont poussée à consacrer sa peinture, ces cinq dernières années, aux thématiques naturelles.

C’est donc dans ce registre, d’une sombre actualité, que s’inscrit sa deuxième exposition dans son pays natal. Intitulée « À travers les pins et le végétal », elle déroule une quarantaine d’acryliques sur toile de petits, moyens ou encore longitudinaux formats, où le pin parasol est représenté de manière récurrente. Et très stylisée.

« Le pin est, à mes yeux, le deuxième arbre symbole, après le cèdre, du paysage libanais. C’est lui qui revient dans les images de montagne libanaise des étés de mon enfance. Et bizarrement, alors que j’ai vécu par la suite dans le sud de la France, riche en pinèdes, c’est celui du Liban qui m’a toujours semblé le plus long, le plus élancé de tous ceux que j’ai pu voir ailleurs. »


Entre décoratif et engagé

Née à Alexandrie, Marie Traboulsi a grandi au Liban. Très jeune, elle montre un attrait pour la peinture qu’elle va développer en prenant des cours dans l’atelier du peintre Haïdar Hamaoui. Après le bac, elle s’inscrit naturellement aux Beaux-Arts, où elle est acceptée. Sauf que ses parents, comme c’est souvent le cas, la dissuadent de s’engager dans la voie difficile de « l’art pour l’art » et finissent par la convaincre de se diriger plutôt vers des études d’architecture d’intérieur. C’est ainsi qu’elle se retrouve en 1976 étudiante à Paris, où elle se forme au graphisme et à l’architecture d’intérieur à Penninghen et à l’Académie Charpentier. Sa passion pour la peinture va vite prendre le dessus sur son choix de carrière, qu’elle abandonne au bout de deux projets. « J’ai repris mes pinceaux et me suis mise devant mon chevalet », dit-elle. D’exposition en exposition, ses toiles « au départ très imprégnées d’impressionnisme » sont remarquées par des grands fabricants de meubles français qui lui commandent des séries florales. C’est ainsi qu’elle entre dans l’univers de la peinture décorative qui lui vaudra des participations régulières au Salon Maison et Objet. Mais, au bout de quelques années, se sentant étouffer dans ce travail de commande, Marie Traboulsi, devenue Marie Marinier, décide de libérer son pinceau de toutes les contraintes pour exprimer ses véritables centres d’intérêt. Ses préoccupations aussi. À l’instar de la dictature du consumérisme qu’elle dénonce, notamment, dans une série de portraits sur sacs en papier kraft, où chaque visage est parsemé du sigle de la marque commerciale ou technologique qui domine sa vie et ses désirs. Une intéressante série, baptisée Les chiffres et les lettres, que l’artiste avait d’ailleurs présentée, il y a quelques années, à Beyrouth, dans une galerie de Gemmayzé qui a fermé ses portes depuis. Une série qui portait déjà les prémices – notamment par le choix du support – de l’actuelle période « végétale » à laquelle cette artiste sensible à l’environnement et aux problèmes écologique s’adonne depuis 2015.

« Quand la nature aura passé, l’homme la suivra »

Mais si son art est désormais plus engagé, il n’en demeure pas moins esthétisant. Empreints d’influences graphiques contrebalancées par des tentatives de gestuelle et de texturisations, ses tableaux sont une sorte d’alerte, douce, sur la nécessaire préservation de la nature. Une démarche artistique accompagnée d’une véritable implication écologique de la part de celle qui a noté, sur son petit calepin, cette citation de Roger Heim, botaniste et membre de l’Académie des sciences :

« Quand la nature aura passé, l’homme la suivra. » Et qui a décidé (en accord avec son galeriste) de contribuer (à son niveau) au reboisement des forêts incendiées du Liban en offrant, pour chaque toile vendue, 10 pousses de pin aux diverses municipalités concernées.

Galerie Cheriff Tabet D Beirut, route maritime, Bourj Hammoud. Jusqu’au 29 avril.

L’exposition beyrouthine de Marie Traboulsi Marinier devait initialement s’ouvrir le 18 octobre dernier à la galerie Cheriff Tabet. Suspendue pour cause d’irruption de la grande révolte nationale, elle a été reprogrammée pour ce mercredi 18 mars, afin de permettre à l’artiste d’origine libanaise vivant en France d’être présente à Beyrouth le soir de l’inauguration. Sauf que...

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