Le bras droit du leader chiite Moqtada Sadr, sous le feu des critiques pour avoir retiré son soutien aux manifestants antipouvoir en Irak, assure à l'AFP que son mouvement "fera chuter" le Premier ministre désigné Mohammed Allawi s'il nomme des ministres partisans.
Il y a une semaine, le turbulent et versatile M. Sadr a annoncé donner sa chance à M. Allawi, retirant à la révolte populaire lancée en octobre son principal soutien politique et logistique.
Mais ce soutien --qui place Moqtada Sadr sur la même ligne que les factions pro-Iran, au même titre que les paramilitaires du Hachd al-Chaabi, ses rivaux de longue date-- n'est pas inconditionnel, prévient Kazem al-Issaoui, bras droit de M. Sadr.
"Nous n'avons pas fait d'Allawi notre candidat. Nous disons seulement que nous ne lui opposons pas de veto", affirme cet ancien haut commandant militaire de l'Armée du Mehdi, la puissante milice sadriste au temps des violences confessionnelles et de l'occupation américaine.
Et, menace-t-il, "si Moqtada Sadr apprend que M. Allawi a donné des ministères à certaines parties, notamment les factions armées chiites, l'enfer va se déchaîner en Irak pour lui et il va chuter en trois jours".
Les sadristes --qui disent ne vouloir proposer aucun ministre issu de leurs rangs-- espèrent un futur cabinet composé uniquement d'indépendants.
Et si ces ministres indépendants n'obtiennent pas la confiance du Parlement, ils ont un "plan", prévient M. Issaoui.
"Nous prendrons le parti (de M. Allawi) et nous assiègerons la Zone verte" de Bagdad où siègent les députés et ces derniers "accepteront qu'ils le veuillent ou non" le cabinet proposé, assure-t-il.
Les très nombreux partisans de Moqtada Sadr ont déjà organisé par le passé des sit-in dans ce quartier ultrasécurisé de Bagdad, paralysant de fait le pays.
En 2018, le bloc sadriste au Parlement s'était allié au bloc du Hachd pour permettre à Adel Abdel Mahdi de former un gouvernement. Un an plus tard, les sadristes lui retiraient leur soutien, avant qu'il ne démissionne après deux mois de manifestations d'une ampleur inédite.
Depuis plusieurs jours maintenant, les sadristes ont déserté les défilés, suscitant les slogans hostiles des manifestants antigouvernementaux. Des affrontements entre les deux parties ont fait huit morts dans les rangs des protestataires qui refusent la nomination de M. Allawi.
Les manifestants "veulent insulter le symbole et la sacralité de Moqtada Sadr? Impossible", réplique M. Issaoui.
Multipliant les déclarations contradictoires, Moqtada Sadr semble vouloir donner sa chance à M. Allawi et appelle ses partisans à mettre fin à la désobéissance civile tout en continuant à appeler à des manifestations.
Pour M. Issaoui, le mouvement sadriste "ne veut pas la fin des manifestations, mais que leurs rangs soient épurés" des saboteurs qu'il accuse de se glisser dans ses rangs.
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