Des enfants de jihadistes tunisiens rapatriés de Libye

Six enfants de jihadistes tunisiens, tués en 2016 à Syrte, ex-bastion du groupe Etat islamique (EI) en Libye selon le Croissant-rouge libyen, ont été rapatriés jeudi en Tunisie, ont annoncé cette organisation et la diplomatie tunisienne.

Les six enfants âgés de 3 à 12 ans étaient pris en charge depuis trois ans, tout comme des enfants de dizaines d'autres nationalités, par le Croissant-rouge dans un centre d'accueil à Misrata, ville située à 240 km à l'ouest de Syrte. Les enfants sont attendus à Tunis en début de soirée et devraient être pris en charge par leur famille élargie, selon le ministère tunisien des Affaires étrangères.

Selon l'Association des Tunisiens bloqués à l'étranger (Rescue Association of Tunisians Trapped Abroad, Ratta), il s'agit d'enfants orphelins de père et mère, qui seront confiés à des membres de leur famille résidant en Tunisie - grands-parents, oncles ou tantes notamment.

"Il faudrait un suivi à long terme pour ces enfants", a souligné le président de cette ONG de défense des droits humains, Mohamed Iqbel Ben Rejeb, s'inquiétant du manque de moyens pour les accompagner à leur retour. "Il faut les aider notamment à réintégrer l'école : ce ne sont pas des enfants comme les autres, ils ont besoin d'enseignants et d'éducateurs formés", a-t-il déclaré à l'AFP.

Ratta espère que ce rapatriement est "une première étape" avant le retour de 36 autres enfants et de leur mère, coincés en Libye.

La Tunisie fut ces dernières années l'un des principaux pourvoyeurs de jihadistes dans le monde. A Tunis, les autorités ont évoqué le chiffre de 3.000 Tunisiens partis combattre à l'étranger. Un groupe de travail de l'ONU a lui parlé de plus de 5.000. Plusieurs d'entre eux ont rejoint l'EI dans son fief libyen à Syrte, qui a été prise en décembre 2016 par les forces alliées au Gouvernement d'union nationale basé à Tripoli, après des mois de violents combats. La Tunisie avait exigé des tests ADN pour s'assurer de leur nationalité avant de rapatrier les enfants.

La lenteur des procédures avait été dénoncée par des ONG, dont Human Rights Watch.

En Syrie, selon Ratta, ce sont plus de 100 enfants tunisiens et plus de cinquante femmes qui souhaitent rentrer, sans que Tunis ne donne suite à leur demande. La Tunisie accueille néanmoins ses ressortissants soupçonnés d'avoir fréquenté des groupes extrémistes en Syrie qui sont expulsés par la Turquie ou se présentent de leur propre chef à l'ambassade de Tunisie en Turquie.