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Liban - Manifestations

Que s’est-il passé mardi soir place Riad el-Solh ?

Douze manifestants arrêtés par les forces de l’ordre à l’issue de violences ont été relâchés à l’aube, après l’intervention du nouveau bâtonnier de l’ordre des avocats.


Mardi, dans le centre-ville de Beyrouth, la journée s’est terminée par des heurts entre les manifestants et les forces de l’ordre. Photo Ahmad Azakir

Mardi soir, place Riad el-Solh dans le centre-ville de Beyrouth, douze manifestants ont été arrêtés à l’issue d’une confrontation avec les forces de l’ordre. Ils n’ont été relâchés qu’hier à l’aube. Si certains accusent des éléments infiltrés d’avoir provoqué les Forces de sécurité intérieure, d’autres témoins affirment avoir été attaqués sans raison. La soirée s’annonçait pourtant calme, contrairement à la journée mouvementée au cours de laquelle les manifestants avaient empêché la tenue d’une session parlementaire à l’ordre du jour de laquelle figurait un texte de loi controversé sur l’amnistie générale. Un grand nombre de jeunes s’étaient rassemblés pour regarder, sur un écran géant, le match de football entre le Liban et la Corée du Nord. Les heurts auraient éclaté après que certains contestataires ont tenté de franchir les barbelés en direction de la place de l’Étoile, où se trouve le siège du Parlement, selon l’Agence nationale d’information (ANI, officielle). D’autres manifestants auraient jeté des bouteilles d’eau sur les forces de l’ordre, rapporte l’agence. Six personnes ont été blessées et transportées à l’hôpital suite à ces échauffourées, selon un bilan de la Défense civile.

« C’était purement politique »

Un étudiant de 21 ans, qui faisait partie des manifestants interpellés mardi soir, a affirmé à L’Orient-Le Jour avoir été agressé par des membres des Forces de sécurité intérieure, sans comprendre ce qui se passait au moment même. « J’étais en train d’assister au match de football retransmis sur grand écran dans le centre-ville, avec plein d’autres manifestants. Une fois le match terminé, j’ai remarqué que l’ambiance s’était tendue tout à coup entre les manifestants et les forces de l’ordre. Mais je n’ai pas vraiment compris ce qui se passait, raconte le jeune homme qui a requis l’anonymat. J’ai ensuite vu un de mes amis gisant par terre, après avoir été frappé par les FSI. Je me suis approché pour l’aider et j’ai alors été frappé au visage par un policier. J’ai saigné du nez pendant une quinzaine de minutes », ajoute-t-il.

Le jeune manifestant a ensuite été emmené de l’autre côté des barbelés, place Riad el-Solh. Il s’est retrouvé mains ligotées et face contre terre, ainsi que les onze autres protestataires interpellés. « Ils ont commencé à nous donner des coups de pied et à nous insulter. J’ai demandé de l’eau parce que je crachais du sang. Un des policiers a refusé et m’a dit qu’il voulait que je continue de saigner. Plus tard, un autre membre des FSI, un peu plus humain, a fini par me donner de l’eau », confie le manifestant.

Les protestataires ont ensuite été emmenés à la caserne Hélou, à Beyrouth, où ils ont été interrogés. « Ils ont essayé de nous intimider. C’était purement politique. À les entendre, on avait l’impression qu’ils essayaient de régler des comptes personnels, chacun au profit de son leader », souligne l’étudiant.

Melhem Khalaf à la rescousse

Dans ce contexte, à l’appel de la société civile, plusieurs protestataires se sont rassemblés en pleine nuit devant la caserne Hélou pour soutenir les manifestants interpellés. Ils ont été rejoints par Melhem Khalaf, nouveau bâtonnier de l’ordre des avocats de Beyrouth. « Me Khalaf est venu nous voir, quelques heures après notre interpellation. Il nous a dit que des avocats s’occupaient du dossier et qu’il pouvait assurer une assistance juridique à ceux d’entre nous qui n’avaient pas d’avocats. Nous lui en sommes reconnaissants », indique le jeune homme. « Grâce à la pression de la rue, ils nous ont relâchés le lendemain matin. S’ils nous avaient gardés plus longtemps, je pense que cela se serait retourné contre eux », ajoute-t-il. Le jeune homme réfute par ailleurs les rumeurs selon lesquelles des partisans du Hezbollah ou d’Amal auraient infiltré les manifestants et insulté les FSI afin de semer la discorde. Selon lui, les FSI se sont attaquées aux manifestants sans raison apparente. Le ministère de l’Intérieur n’était pas disponible hier pour commenter ces allégations.

Une militante interrogée par L’OLJ a une autre version des faits. Sous le couvert de l’anonymat, elle assure que « les rangs des manifestants ont bien été infiltrés par des fauteurs de troubles » qui cherchaient à provoquer les forces de sécurité.

Sur les réseaux sociaux, de nombreuses pages associées aux manifestations ont publié hier les photos et noms de deux hommes qu’elles accusent d’avoir mené des groupes qui ont infiltré les rangs des manifestants. Cette version a également été rapportée par la chaîne panarabe à capitaux saoudiens al-Arabiya. Selon la correspondante de la chaîne à Beyrouth, Ghinwa Yatim, qui s’exprimait en direct mardi, des membres du Hezbollah et du mouvement Amal auraient infiltré les manifestants et provoqué une bagarre avec les FSI. Mme Yatim a été empêchée de continuer son intervention lorsque plusieurs hommes présents sur place ont fait part de leur mécontentement face à ses propos.

Mardi soir, place Riad el-Solh dans le centre-ville de Beyrouth, douze manifestants ont été arrêtés à l’issue d’une confrontation avec les forces de l’ordre. Ils n’ont été relâchés qu’hier à l’aube. Si certains accusent des éléments infiltrés d’avoir provoqué les Forces de sécurité intérieure, d’autres témoins affirment avoir été attaqués sans raison. La...

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