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Brexit : le Parlement britannique va être suspendu après un vote sur des élections anticipées

Manifestants devant le Parlement britannique à Londres, le 27 février 2019. Daniel LEAL-OLIVAS / AFP

Boris Johnson s'expose à une nouvelle défaite lundi soir avec le rejet probable par les députés britanniques d'élections législatives anticipées, dans une crise politique qui s'est encore aggravée avec l'annonce surprise de la démission prochaine du président de la Chambre des communes, John Bercow. Cette nouvelle épreuve de force intervient après une série de camouflets infligés par les députés au Premier ministre conservateur.

A l'issue du vote en fin de soirée, le Parlement va être suspendu jusqu'au 14 octobre, deux semaines avant la date prévue pour le Brexit, que les députés votent ou non en faveur d'élections anticipées, selon un porte-parole du 10, Downing Street. Quelle que soit l'issue de ce vote, le président de la Chambre des communes, John Bercow, a annoncé -à la surprise générale- qu'il ne se représenterait pas, après dix années dans son fauteuil de "speaker".
Accusé ces derniers mois par les partisans d'un Brexit dur d'avoir outrepassé les règlements parlementaires à leur détriment, il a, les yeux embués, salué le sens de "l'intérêt national" des membres de la Chambre. "On dégrade le Parlement à notre propre péril", a-t-il averti.

La suspension du Parlement pour cinq semaines, dénoncée par M. Bercow comme un "scandale constitutionnel", avait suscité une vague d'indignation au Royaume-Uni au moment de son annonce fin août par Boris Johnson, accusé de manœuvrer pour précipiter le Royaume-Uni vers un divorce sans accord avec l'Union européenne. Le Premier ministre, arrivé au pouvoir fin juillet, l'avait quant à lui expliquée par la nécessité de préparer puis de présenter un nouveau programme de politique nationale.

Il semble très peu probable que le gouvernement recueille la majorité des deux tiers nécessaire à la convocation d'un scrutin, qu'il souhaite organiser le 15 octobre, l'opposition ne voulant pas courir le risque de lui redonner la main avant le Brexit, actuellement prévu pour le 31 octobre.

L'opposition craint que Boris Johnson ne fasse fi de la loi votée la semaine dernière avec le soutien de députés conservateurs rebelles qui l'oblige à solliciter auprès de Bruxelles un report de trois mois de la sortie de l'UE s'il n'obtient pas d'accord d'ici au 19 octobre, juste après un sommet européen. Après l'assentiment de la reine Elizabeth II, ce texte de loi visant à éviter un "no deal" est entré en vigueur lundi.



"Divergences significatives" 
Boris Johnson a assuré lundi vouloir un accord, mais Bruxelles et Londres ne parviennent pas à s'entendre sur la manière de maintenir ouverte la frontière en Irlande après le Brexit. "Un terrain d'entente a été trouvé dans certains domaines mais des divergences significatives demeurent", selon un communiqué commun publié à l'issue d'une rencontre sans avancée majeure entre MM. Johnson et Varadkar à Dublin.
Selon le Premier ministre irlandais, Londres n'a encore soumis aucune proposition alternative "réaliste" au "filet de sécurité" ("backstop") en Irlande, dont Boris Johnson souhaite délester l'accord de retrait négocié par Theresa May à laquelle il a succédé. Cette disposition vise à empêcher le retour à une frontière physique entre l'Irlande du Nord, une province britannique, et la République d'Irlande, un Etat membre de l'Union européenne. Elle prévoit que, faute de meilleure solution à l'issue d'une période transitoire, le Royaume-Uni tout entier reste dans un "territoire douanier unique" avec l'UE. Cela empêcherait, selon Boris Johnson, le Royaume-Uni de suivre une politique commerciale indépendante.

L'idée britannique de créer une zone commune sur l'île d'Irlande où s'appliqueraient les mêmes normes sanitaires et phytosanitaires a été fraîchement accueillie. Elle ne s'est d'ailleurs pas traduite par des solutions concrètes, a souligné une porte-parole de la Commission européenne.

Boris Johnson s'oppose farouchement à tout nouvel ajournement du Brexit, initialement prévu pour le 29 mars et déjà reporté deux fois, si aucun compromis n'est trouvé. Il a réitéré lundi sa détermination à sortir à tout prix du club européen le 31 octobre, sous peine d'infliger un "dommage permanent" à la confiance des Britanniques envers la démocratie, après le référendum de 2016 qui s'est soldé par 52% des suffrages en faveur du Brexit.

Des élections lui permettraient de se relancer, car il est mal en point depuis l'exclusion inédite du Parti conservateur, dont il est le chef, de 21 députés rebelles et la défection d'un autre pour les Libéraux-démocrates, une formation centriste favorable au maintien dans l'UE.
Samedi, il a subi un nouveau camouflet avec la démission d'un poids lourd de son gouvernement, l'europhile ministre du Travail Amber Rudd, après celle de son propre frère, Jo Johnson.

Selon un sondage YouGov paru dans le Sunday Times, les Tories arriveraient en tête, avec 35% des voix, soit 14 points d'avance sur le Labour. D'autres récents sondages donnent un écart plus serré entre les deux partis, mais toujours avec le Parti conservateur en tête.

Tout nouveau délai devra encore être approuvé à l'unanimité des 27 autres Etats membres de l'Union européenne et la France ne semble pour l'instant pas convaincue.

Boris Johnson s'expose à une nouvelle défaite lundi soir avec le rejet probable par les députés britanniques d'élections législatives anticipées, dans une crise politique qui s'est encore aggravée avec l'annonce surprise de la démission prochaine du président de la Chambre des communes, John Bercow. Cette nouvelle épreuve de force intervient après une série de camouflets infligés...