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Hong Kong sous pression avec son projet controversé sur l'extradition

AFP / Philip FONG

Hong Kong était soumis à des pressions internationales croissantes jeudi en raison d'un projet controversé sur l'extradition qui a déclenché des manifestations violentes, la police étant accusée d'usage "excessif" de la force.

L'essentiel des dizaines de milliers de manifestants mobilisés la veille avaient disparu jeudi même si quelques centaines de protestataires déterminés étaient rassemblés dans un parc au coeur de la ville face à un cordon de policiers qu'ils insultaient copieusement.

La police s'était servie mercredi de balles en caoutchouc et de gaz lacrymogène pour disperser les foules qui exigeaient du gouvernement qu'il renonce à son projet de loi autorisant les extraditions en Chine continentale.

Le texte suscite les critiques de pays occidentaux ainsi qu'une levée de boucliers de Hongkongais qui redoutent une justice chinoise opaque et politisée, et pensent que cette réforme nuira à l'image internationale et l'attractivité du territoire semi-autonome.

L'Union européenne a ajouté sa voix à ce concert de préoccupations. Elle "partage plusieurs inquiétudes soulevées par les citoyens de Hong Kong" et demande que les droits des manifestants soient "respectés".

Le texte a "des conséquences potentielles considérables pour Hong Kong et sa population, pour les citoyens européens et étrangers, ainsi que pour la confiance des entreprises à Hong Kong", a prévenu l'UE.

L'Etat de droit et le système judiciaire hérités du colonisateur britannique sont un facteur essentiel de la réussite économique de la place financière, où la Bourse était en recul.


Pire violences depuis 1997
Bloquant les artères principales du centre de la mégapole, les protestataires avaient contraint le Conseil législatif (LegCo, Parlement) à renoncer à examiner le projet de loi en deuxième lecture.

Les violences ont fait 79 blessés, dont deux dans un état grave.

"En termes de violences politiques, c'est la journée la plus grave depuis la rétrocession" de Hong Kong par Londres à Pékin en 1997, a commenté l'analyste Dixon Sing.

La police s'est retrouvée au centre de critiques venues de toutes parts, députés, journalistes, associations d'avocats. Un influent groupe de juristes membre du comité qui élit le chef de l'exécutif hongkongais a réclamé l'ouverture d'une enquête indépendante sur ce qu'il qualifie "d'usage excessif de la force" par les policiers.

Pour le barreau de Hong Kong, la police "a pu outrepasser ses pouvoirs légaux" en faisant un "usage totalement inutile de la force contre des manifestants largement désarmés qui ne semblaient représenter aucune menace contre la police ou le public".

Après avoir évacué les rues par la force, les policiers semblaient déterminés à conserver le contrôle de la région semi-autonome. Les autorités ont fait fermer plusieurs voies de circulation ainsi qu'une station de métro proche du siège des organes de pouvoir. Un luxueux centre commercial situé à proximité était également fermé.

Les autorités hongkongaises refusent de retirer leur texte et la ville reste à fleur de peau. Sur les réseaux sociaux, les militants restaient défiants, promettant de descendre à nouveau dans la rue.

Large éventail d'opposants
La police a commencer à déblayer les barricades tandis que de jeunes manifestants sont revenus sur les lieux de la protestation pour participer aux opérations de nettoyage.

Le territoire de sept millions d'habitants avait déjà été le théâtre dimanche de la plus importante manifestation jamais organisée depuis la rétrocession, avec, selon les organisateurs un million de personnes.

L'opposition au projet réunit un large éventail: avocats, organisations juridiques influentes, capitaines d'industrie, chambres de commerce, journalistes, militants et diplomates occidentaux.

Selon les autorités, le texte vise à combler un vide juridique et empêcher que la ville ne soit un refuge pour certains criminels. Elles assurent que des garde-fous existent en matière de liberté d'expression et que la loi ne visera pas les opposants politiques à la Chine.

Mais les opposants craignent que les gens ne se retrouvent piégés par la justice chinoise, qu'il s'agisse des habitants de Hong Kong ou de ceux qui ne font que transiter par son aéroport.

La communauté internationale est inquiète. La Première ministre britannique Theresa May a jugé "vital" que le projet de loi n'empiète pas sur les dispositions de l'accord ayant présidé à la rétrocession. Londres est préoccupé "par les effets potentiels de ces propositions, compte tenu en particulier du grand nombre de citoyens britanniques vivant à Hong Kong", a-t-elle dit.

Au termes de cet accord conclu avec Londres, Hong Kong jouit d'une semi-autonomie et de libertés n'existant pas en Chine continentale et ce, en théorie, jusqu'en 2047. Le système "Un pays, deux systèmes" prévoit en particulier la liberté d'expression et l'indépendance de la justice.

Le président américain Donald Trump a espéré quant à lui que les manifestants trouveraient "une solution avec Pékin".

"Je comprends les raisons de ces manifestations. Mais je suis sûr qu'ils vont trouver une solution, j'espère qu'ils seront capables de trouver une solution avec la Chine".

Hong Kong était soumis à des pressions internationales croissantes jeudi en raison d'un projet controversé sur l'extradition qui a déclenché des manifestations violentes, la police étant accusée d'usage "excessif" de la force. L'essentiel des dizaines de milliers de manifestants mobilisés la veille avaient disparu jeudi même si quelques centaines de protestataires déterminés...