Russie: liberté conditionnelle pour le responsable de l'ONG Memorial en Tchétchénie

M. Titiev, condamné pour détention de stupéfiants dans une affaire dénoncée par ses partisans comme montée de toutes pièces, doit désormais être remis en liberté dans les dix prochains jours, a indiqué à l'AFP un responsable de Memorial, Oleg Orlov.

Selon M. Orlov, cette décision de la justice russe fait suite à une demande en ce sens de M. Titiev, 61 ans, et était "attendue de longue date".

Le responsable en Tchétchénie de Memorial avait été arrêté en janvier 2018 après la découverte, selon la police, de drogue dans sa voiture. M. Titiev rejette les accusations et affirme que les stupéfiants ont été placés à son insu dans sa voiture.

Memorial, la principale organisation russe de défense des droits humains, avait décrit son procès comme un "maillon tragique" des pressions visant à entraver son travail. Selon l'ONG, les poursuites contre M. Titiev étaient liées au fait qu'il enquêtait sur les prisons secrètes tchétchènes, ce qui a permis de libérer plusieurs personnes.

Sa condamnation avait notamment été dénoncée par les députés européens, l'organisation Human Rights Watch ou encore la Fédération internationale des droits de l'Homme, qui a évoqué une affaire "injuste et absurde".

L'ONG Amnesty International a estimé lundi que la libération de M. Titiev "corrigeait au moins partiellement l'injustice flagrante" de son procès, accusant les autorités tchétchènes d'avoir "abusé de manière flagrante du système judiciaire pour faire condamner un homme innocent".

Le dirigeant tchétchène Ramzan Kadyrov, qui gouverne d'une main de fer cette petite république russe du Caucase, a dit pour sa part "saluer", dans un message sur les réseaux sociaux, la libération de M. Titiev, sans pour autant remettre en question l'affaire.

Memorial est dans le collimateur des autorités russes depuis des années en raison notamment de son travail de mémoire sur les épisodes sanglants du passé soviétique.

Oïoub Titiev s'est vu décerner en octobre dernier le prix des droits de l'Homme Vaclav Havel par le Conseil de l'Europe.

Selon les observateurs, les fausses affaires de possession de drogue ne sont pas rares en Russie, et notamment en Tchétchénie, pour faire taire des voix critiques.

Samedi, la justice russe a assigné à résidence le journaliste russe Ivan Golounov, accusé de "trafic de drogue" dans une affaire que ses soutiens dénoncent comme montée de toutes pièces.