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Commerce: Donald Trump souffle le chaud et le froid

Le président américain, Donald Trump. Photo REUTERS/Jonathan Ernst

Donald Trump a adressé jeudi à la Chine un signal d'apaisement quelques heures avant la tenue de négociations commerciales décisives à Washington, tout en continuant d'alterner gestes d'ouverture et pression maximum sur Pékin.

Le président américain, qui a révélé avoir reçu une "belle lettre" de son homologue chinois Xi Jinping, a estimé encore "possible" de nouer cette semaine un accord pour déminer leur conflit, tranchant radicalement avec le ton menaçant des jours précédents.

"L'un des hommes les plus respectés et l'un des plus grands responsables (chinois) vient" à Washington pour négocier, a-t-il ajouté en référence au vice-Premier ministre chinois Liu He, qui doit diriger les discussions pour la partie chinoise.

Il a précisé qu'il venait tout "juste" de recevoir le courrier de Xi Jinping et qu'il lui parlerait "sans doute par téléphone" à une date encore inconnue.

"La Chine ne capitulera pas"

Pour autant, les droits de douanes supplémentaires sur les biens chinois, dont certains doivent être augmentés ce vendredi même, constituent une "alternative excellente", a-t-il estimé, martelant qu'ils remplissaient les caisses de l'Etat de plus de 100 milliards par an.

"Nous avons besoin d'imposer des tarifs douaniers très élevés sur la Chine, à compter de vendredi", a-t-il souligné, estimant que ceux imposés l'an passé avaient fait leur preuve.

Pour soutenir son propos, il a fait référence aux données de la balance commerciale publiées vendredi, faisant état d'une baisse du déficit des biens avec la Chine inédite depuis avril 2016.

"La Chine ne capitulera pas face à la pression et nous avons la détermination ainsi que les moyens de défendre nos intérêts", avait mis en garde plus tôt à Pékin le porte-parole du ministère chinois du Commerce, Gao Feng.

Le porte-parole du Fonds monétaire international (FMI), Gerry Rice, a averti de son côté qu'un conflit durable entre les deux premières puissances du monde risquait de saper la croissance mondiale.

La session de tractations, qui doit se tenir à partir de jeudi 21H00 GMT dans les bureaux du représentant au commerce Robert Lighthizer, était présentée il y a quelques jours encore comme la dernière avant un sommet entre Donald Trump et son homologue chinois Xi Jinping, destiné à sceller un accord historique.

Mais la Chine est revenue sur ses principaux engagements, ont accusé Donald Trump et ses ministres.

"La Chine a tenu ses promesses et cela n'a jamais changé", a rétorqué M. Gao.

Le changement de ton du président américain jeudi semblait rassurer en partie Wall Street, où le Dow Jones réduisait ses pertes en début d'après-midi (-0,75% à 17H30 GMT).

"L'ère de la capitulation économique est terminée", avait prévenu mercredi soir Donald Trump dans des déclarations nettement plus menaçantes.

Menace sur l'économie mondiale

Jeudi, il est revenu sur la trêve qui avait été observée pendant cinq mois entre les deux pays. C'était "parce que nous négocions en toute bonne foi", a-t-il dit. "Je leur avais donné un répit".

Dans un geste de bonne volonté, Pékin accepte de revenir à la table des négociations, mais pas question de faire le dos rond.

"La Chine n'aura guère d'autre choix que de prendre les contre-mesures nécessaires", a prévenu le ministère du Commerce.

Donald Trump avait opté avec Pékin pour la stratégie de la pression maximale, infligeant d'abord en mars 2018 des tarifs douaniers sur l'acier et l'aluminium chinois puis, l'été dernier, sur 250 milliards de dollars de produits chinois.

Il est également prêt à imposer des droits de douane additionnels sur toutes les importations de Chine (539,5 milliards de dollars en 2018), faisant craindre pour la croissance économique mondiale et la stabilité des marchés financiers.

Et coïncidence ou non du calendrier, les Etats-Unis ont annoncé jeudi refuser à l'opérateur China Mobile l'accès à leur marché, relevant "des risques substantiels et sérieux pour la sécurité nationale".

Les économistes préviennent depuis longtemps qu'un conflit durable entre la Chine et les Etats-Unis provoquerait une onde de choc bien au-delà de leurs frontières, la reprise après la récession mondiale de 2008 ayant été largement nourrie par les échanges commerciaux à travers le monde.

La pression sur les épaules des négociateurs est d'autant plus forte que trouver un consensus sur les dossiers épineux revient à demander à la Chine de réduire ses ambitions économiques.

L'administration Trump exige en effet la fin des pratiques commerciales jugées "déloyales", des "changements structurels", c'est-à-dire la fin des transferts forcés des technologies américaines ainsi que la protection de la propriété intellectuelle américaine.

Elle demande également la fin des subventions aux entreprises d'Etat, celles-là mêmes qui portent le plan stratégique de l'Etat chinois, "Made in China 2025".

Donald Trump a adressé jeudi à la Chine un signal d'apaisement quelques heures avant la tenue de négociations commerciales décisives à Washington, tout en continuant d'alterner gestes d'ouverture et pression maximum sur Pékin. Le président américain, qui a révélé avoir reçu une "belle lettre" de son homologue chinois Xi Jinping, a estimé encore "possible" de nouer cette semaine...