Le parti Tahya Tounes, rassemblant les partisans du Premier ministre tunisien Youssef Chahed, a ajourné la cérémonie qui devait clôturer son congrès constitutif dimanche, dans un contexte de tensions entre deux formations "progressistes" rivales à six mois de scrutins nationaux.
La cérémonie a été remise à mercredi, officiellement à la demande de M. Chahed en raison d'un accident dans lequel sept ouvrières agricoles ont trouvé la mort samedi, déclenchant de fortes réactions contre les conditions de travail déplorables des ces femmes.
M. Chahed, qui n'est pas formellement membre de Tahya Tounes, était invité à assister au congrès en tant que chef du gouvernement, et a "demandé de reporter les festivités de clôture" face à cette "tragédie", a indiqué Slim Azzebi, désigné secrétaire général du parti durant le week-end.
M. Azzebi est un ancien directeur de cabinet du président tunisien Béji Caïd Essbsi, dont le parti Nidaa Tounès est décimé par d'âpres luttes de pouvoir ayant notamment abouti à l'éviction de M. Chahed de cette formation.
Lancée fin janvier par les partisans du Premier ministre, Tahya Tounes est notamment constituée de dissidents de Nidaa Tounès.
Tahya Tounes est d'ores et déjà devenue la deuxième force au Parlement derrière le parti Ennahdha, issu de la mouvance islamiste, et devant Nidaa Tounès.
Si Tahya Tounes et Nidaa Tounes se présentent comme "progressistes" et "nationalistes", les deux formatons restent à couteaux tirés.
Dimanche, M. Azzebi a néanmoins laissé la porte ouverte à des alliances avec les multiples forces dites modernistes face à Ennahdha. "Nous voyons notre rôle comme une locomotive qui tire les autres wagons qui sont avec nous", a-t-il ajouté.
Après avoir rassemblé large sur une plateforme séculariste, Nidaa Tounès avait remporté les scrutins législatifs et présidentiel de 2014, mais s'était aussitôt allié avec Ennahdha pour gouverner, dans un soucis d'apaisement.
Les tensions internes au parti présidentiel ont précipité la fin de ce consensus à l'automne, Ennahdha ayant soutenu M. Chahed face au clan Essebsi.
Tahya Tounes n'a donné aucune précision sur le rôle que M. Chahed jouera en son sein, alors que le poste de président du parti reste vacant.
Aucun des principaux partis n'a encore annoncé de candidat pour l'élection présidentielle du 17 novembre.
Des élections législatives se tiendront également le 6 octobre.
La Tunisie, qui peine à répondre aux attentes sociales de sa population touchée par une inflation et un chômage persistants, est le seul pays à continuer sur la voie de la démocratisation après les soulèvements ayant secoué plusieurs pays arabes en 2011.