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La Russie se donne deux ans pour développer de nouveaux missiles

Vladimir Poutine et Sergueï Choïgou, son ministre de la Défense, à Moscou, le 2 février 2019. AFP

La Russie s'est donné mardi deux ans pour développer de nouveaux missiles terrestres à la suite de la suspension par Washington et Moscou du traité de désarmement nucléaire INF, faisant craindre une nouvelle course aux armements.

Avec la suspension de leur participation à ce traité crucial - annoncée vendredi par Washington et le lendemain par Moscou - les deux puissances rivales ont désormais les mains libres pour développer des missiles terrestres d'une portée de 500 à 5.500 km, qui étaient jusqu'alors interdits par le document.


La signature de ce traité à la fin de la Guerre froide, en 1987, avait mis un terme à la crise des euromissiles déclenchée par le déploiement des SS-20 soviétiques à têtes nucléaires ciblant les capitales occidentales.

Plus récemment, le président russe Vladimir Poutine avait menacé, si les Américains se retiraient, d'adapter des engins de portée intermédiaire jusqu'alors déployés en mer ou dans les airs - comme le permet le traité INF - pour qu'ils puissent être tirés à partir du sol.

Sans tarder, le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, a détaillé mardi ses intentions: ce sera le système Kalibr, utilisé pour la première fois en opération par la Russie à l'automne 2015, qui sera ainsi adapté en variante terrestre avec pour horizon 2019-2020.

"Au cours de la même période, nous devrons créer un système de missiles terrestre de longue portée", a ajouté M. Choïgou, se félicitant que le Kalibr ait "fait ses preuves en Syrie".

Moscou avait pour la première fois lancé le 7 octobre 2015 une salve de 26 de ces missiles depuis un croiseur situé en mer Caspienne pour frapper des positions des rebelles syriens situées à 1.500 de kilomètres de là. Jusqu'alors connu au seul stade de prototype, cet équivalent des Tomahawk américains dispose ainsi d'un rayon d'action susceptible de couvrir toute l'Europe.


Armes "invincibles"
"Nous sommes à deux doigts d'une nouvelle course aux armements", a estimé Konstantin Makienko, expert au Centre d'analyse pour les stratégies et les technologies à Moscou, soulignant que la conversion des Kalibr en missiles terrestres serait rapide.

Selon M. Choïgou, les Etats-Unis travaillent eux-mêmes "activement à la création d'un missile terrestre d'une portée supérieure à 500 km", raison pour laquelle "le président russe a donné l'ordre de prendre des mesures réciproques".

Les Etats-Unis et la Russie s'accusaient déjà mutuellement de violer le traité INF. Washington a ainsi mis en cause le système de missiles russe 9M729, tandis que Moscou montrait du doigt le système de défense antimissile américain Aegis Ashore déployé en Pologne et en Roumanie.

Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, s'est inquiété mardi de l'acquisition par le Japon de ce système d'interception.

Vladimir Poutine avait dévoilé en mars 2018 de nouvelles armes "invincibles" développées par son pays, dont une nouvelle génération de missiles hypersoniques, baptisés Avangard, pour lesquels selon le Kremlin des essais en décembre dernier ont témoigné d'une portée de 4.000 km.

La nouvelle posture nucléaire américaine, rendue publique en 2018, évoque pour sa part la mise au point par les Etats-Unis d'un missile nucléaire de faible puissance ou d'un missile de croisière d'une portée qui violerait le traité INF.

Le ministère russe de la Défense avait accusé samedi les Etats-Unis d'avoir pris la décision d'abandonner cet accord dès 2017 en lançant "les préparatifs" pour produire de nouveaux missiles.

La Russie a accusé à plusieurs reprises les Etats-Unis de chercher à rompre les traités existants pour parvenir à son "épuisement économique" par "une nouvelle course aux armements", dans laquelle elle assure ne pas vouloir se lancer.

Après la suspension du traité INF, l'avenir du traité START de réduction des arsenaux nucléaires, qui arrive à échéance dans deux ans, est également en question.

S'inquiétant d'un "risque de relance de la course des armements", la France a appelé mardi Russes et Américains à prolonger cet autre traité bilatéral signé en 2010.

Vendredi, le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Riabkov avait estimé qu'il pouvait "simplement expirer le 5 février 2021 sans être prolongé".

La Russie s'est donné mardi deux ans pour développer de nouveaux missiles terrestres à la suite de la suspension par Washington et Moscou du traité de désarmement nucléaire INF, faisant craindre une nouvelle course aux armements.Avec la suspension de leur participation à ce traité crucial - annoncée vendredi par Washington et le lendemain par Moscou - les deux puissances rivales ont...