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Moyen Orient et Monde - Sécurité

Washington prend le risque d’une nouvelle course aux armements avec Moscou

Le États-Unis ont mis hier à exécution leur menace de se retirer d’un traité de désarmement nucléaire.

Le secrétaire d’État américain Mike Pompeo s’exprimant lors d’une conférence de presse à Washington. AFP/Éric Baradat

Les États-Unis ont mis hier à exécution leur menace de se retirer d’un traité de désarmement nucléaire crucial avec la Russie, accusée de violer ce texte signé lors de la guerre froide, au risque d’une nouvelle course aux armements.

« Demain les États-Unis vont suspendre leurs obligations dans le cadre du traité INF » sur les armes nucléaires de portée intermédiaire, « et lancer le processus de retrait », a annoncé Donald Trump dans un communiqué.

Le retrait sera effectif « dans six mois, à moins que la Russie respecte ses obligations en détruisant tous ses missiles, lanceurs et équipements qui violent le texte », a ajouté le président américain.

Moscou, qui rejette des accusations « sans fondement », a aussitôt dénoncé la « stratégie des États-Unis » qui consiste à ses yeux à « s’affranchir de leurs obligations juridiques internationales ».

Les premières accusations de violations russes avaient été lancées sous la présidence de Barack Obama, en 2014, et l’actuel locataire de la Maison-Blanche avait dès octobre évoqué une sortie de ce traité signé en 1987 entre l’URSS et Washington pour abolir les missiles terrestres d’une portée de 500 à 5 500 km.

Début décembre, depuis Bruxelles et avec le soutien de l’OTAN, le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo avait donné à la Russie 60 jours, jusqu’à ce samedi 2 février, pour démanteler ses nouveaux missiles de longue portée violant le traité selon les Américains et l’Alliance atlantique. Faute de quoi, il avait menacé de lancer la procédure de retrait. Les nombreuses discussions des deux derniers mois n’ont permis aucun progrès. Et peu d’observateurs envisagent une percée d’ici au retrait définitif des Américains, début août.

« Prêt » à discuter avec Moscou

« La Russie a mis en danger la sécurité » de « millions d’Européens et d’Américains », « et nous ne pouvons plus être entravés par un traité pendant que la Russie le viole éhontément », a lancé hier Mike Pompeo, estimant que cela plaçait l’armée américaine en position défavorable.

Les autorités russes ont accusé hier les États-Unis de chercher « l’épuisement économique » de la Russie « via une nouvelle course aux armements ».

Dans l’opposition démocrate au président Trump, certains, comme le président de la commission du Renseignement de la Chambre des représentants Adam Schiff, ont aussi mis en garde contre une « escalade des armes nucléaires », ce qui pourrait « déstabiliser les équilibres stratégiques en Europe, en Asie et ailleurs ». « S’il y a une course aux armements, c’est la Russie qui l’a lancée », a répondu un haut responsable américain, soulignant aussi que le traité ne concernait même pas les missiles chinois ou iraniens.

L’OTAN a appuyé « pleinement » la « démarche » américaine, appelant Moscou à revenir dans les six prochains mois à « un respect total et vérifiable » de ses obligations. « Il est clair que la Russie viole ce traité, et c’est pourquoi nous devons parler avec la Russie », a renchéri la chancelière allemande Angela Merkel.

Mike Pompeo a assuré que Washington était « prêt » à continuer de discuter avec la Russie « au sujet du désarmement pour des négociations qui renforcent la sécurité des États-Unis et de leurs alliés », à condition que les résultats puissent être « mis en œuvre et vérifiés ».

« C’est leur dernière chance », a tranché un haut responsable américain. La porte-parole de la diplomatie russe Maria Zakharova a assuré que la Russie était « toujours d’accord pour mener un dialogue sur le traité INF ». Mais elle a annoncé une « riposte » en cas de retrait définitif des Américains. Le président russe Vladimir Poutine a d’ores et déjà promis de développer, dans un tel cas de figure, de nouveaux pmissiles balistiques de portée intermédiaire.

Selon Eugene Rumer, ancien du renseignement américain, « ni l’administration Trump ni le gouvernement russe ne semblent être intéressés par la sauvegarde » de ce traité signé à la fin de la guerre froide par le dernier dirigeant soviétique, Mikhaïl Gorbatchev, et le président américain de l’époque, Ronald Reagan. « Chacun a ses raisons », ajoute cet expert au cercle de réflexion Carnegie : Donald Trump « n’aime pas les traités qu’il n’a pas négociés » et s’est déjà retiré de plusieurs accords internationaux ; quant aux Russes, « l’effondrement de l’Union soviétique et l’élargissement de l’OTAN ont fondamentalement changé la géographie de leur perception de la menace ». Les experts « feraient mieux de renoncer à leurs appels en faveur du traité INF et de regarder ce qui a changé », affirme Eugene Rumer, pour bâtir un nouveau cadre de désarmement moins « obsolète » et plus adapté au XXIe siècle.

Source : AFP

Les États-Unis ont mis hier à exécution leur menace de se retirer d’un traité de désarmement nucléaire crucial avec la Russie, accusée de violer ce texte signé lors de la guerre froide, au risque d’une nouvelle course aux armements. « Demain les États-Unis vont suspendre leurs obligations dans le cadre du traité INF » sur les armes nucléaires de portée intermédiaire,...

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