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Moyen Orient et Monde - France

Gilets jaunes : la fin d’un cycle ?

Forte baisse de la mobilisation samedi ; le gouvernement français espère la fin de la crise.


Un manifestant des gilets jaunes déguisé en père Noël, sur les champs-Élysées, samedi. Abdul Abeissa/AFP

Le gouvernement français espérait hier que la forte baisse de la mobilisation des gilets jaunes la veille sonne le clap de fin de ce mouvement social inédit, commencé il y a un mois et qui a secoué la présidence d’Emmanuel Macron. La cinquième journée de manifestations a réuni samedi moitié moins de personnes dans les rues françaises que les semaines précédentes, marquant, selon Jérôme Sainte-Marie, sondeur à l’institut français Pollingvox, « la fin d’un cycle de mobilisation ». « Une étape est derrière nous, certainement, et je pense que c’est l’intérêt de tout le monde qu’il en soit ainsi, y compris des gilets jaunes », a déclaré hier le ministre français de l’Éducation, Jean-Michel Blanquer.

Depuis le 17 novembre, les gilets jaunes – ces Français modestes se plaignant d’une fiscalité excessive et d’un pouvoir d’achat insuffisant – bloquent ronds-points et axes routiers à travers la France. Plusieurs zones de péage du sud du pays ont à nouveau été touchées par des incendies et dégradations dans la nuit de samedi à dimanche. Si tous les blocages ne se lèveront pas en un jour, le gouvernement français ne cache pas son soulagement. « Le temps du dialogue est venu », a souligné samedi le président de l’Assemblée nationale Richard Ferrand. « Les ronds-points doivent être libérés et la sécurité de tous redevenir la règle », a ajouté le ministre français de l’Intérieur Christophe Castaner. Mais pas question de crier victoire, et encore moins de conclure à une quelconque défaite des gilets jaunes qui ont obtenu bien plus que les syndicats ou partis d’opposition avant eux. Annulation d’une taxe sur le carburant, gel des tarifs de l’électricité et du gaz, hausse de 100 euros par mois pour les salariés payés au salaire minimum, annulation d’une hausse d’impôt sur les petites retraites... la liste des concessions arrachées au président Macron est longue.

Richard Ferrand a encouragé les gilets jaunes à s’exprimer lors des prochaines élections, notamment aux européennes de mai 2019. « Qu’ils s’organisent, qu’ils fassent une plateforme de propositions et qu’ils aillent aux élections », a déclaré ce proche du président. Mais certains partis en place espèrent les ramener dans leur giron. Le chef de file de la France insoumise (gauche radicale) Jean-Luc Mélenchon a estimé hier que le mouvement des gilets jaunes lui donnait « entièrement raison », jugeant qu’il reprenait « 70 % » de son programme de la présidentielle 2017.

L’ancien candidat socialiste à la présidentielle et fondateur de Générations, Benoît Hamon, a lui dit craindre que la présidente du Rassemblement national (RN), Marine Le Pen, rafle la mise et soit élue à la tête de l’État en 2022. La dirigeante d’extrême droite est « hélas dans notre pays l’alternative la plus immédiate pour les Français qui appartiennent aux classes populaires », a-t-il déclaré, ajoutant : « Que ce soit elle la solution, c’est notre échec collectif. » Le RN (ex-FN, 21 %) et La République en marche de M. Macron (20 %) arrivent largement en tête des intentions de vote pour les élections européennes, selon un récent sondage.

« Risque de reprise »

Après quatre samedis de manifestations à Paris et en régions, dont trois émaillés de spectaculaires violences et dégradations, « ça s’apaise, mais ce qui reste de tout ça c’est une détestation très forte d’Emmanuel Macron », estime Hervé le Bras, de l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS). La popularité du président est tombée à 23 % de « satisfaits » (-2 points), contre 76 % de « mécontents » (+3 points), selon un sondage publié par l’hebdomadaire Journal du dimanche. Emmanuel Macron « sera désormais obligé d’avoir une attitude plus attentive avec les corps intermédiaires, les syndicats ou les maires, et même directement au contact avec les Français », souligne le sondeur français Jean-Daniel Levy, de Harris Interactiv.

Après la contestation de la taxe carbone, les revendications des gilets jaunes se sont rapidement élargies à la question globale du pouvoir d’achat avant de déborder sur d’autres thèmes. Samedi, les manifestants étaient nombreux à réclamer l’organisation d’un référendum d’initiative citoyenne, comme en Italie ou en Suisse. Pour Jérôme Sainte-Marie, l’exécutif a vraiment intérêt à tenir ses promesses. « Si jamais les mesures concernant le pouvoir d’achat ne sont pas appliquées, il y a un risque de reprise de mobilisation très important. Car les gens ont pris conscience de leur pouvoir », dit-il.

L’essoufflement du mouvement est également vécu comme un soulagement pour l’économie française, et notamment pour les petits commerces qui, à l’approche des fêtes, ont fortement souffert de la mobilisation. Le président de la Confédération des commerçants de France a estimé samedi que le mouvement représentait « une véritable catastrophe » pour eux, avec une baisse du chiffre d’affaires comprise entre « 40 % et 70 % ».

Source : AFP

Le gouvernement français espérait hier que la forte baisse de la mobilisation des gilets jaunes la veille sonne le clap de fin de ce mouvement social inédit, commencé il y a un mois et qui a secoué la présidence d’Emmanuel Macron. La cinquième journée de manifestations a réuni samedi moitié moins de personnes dans les rues françaises que les semaines précédentes, marquant, selon...

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