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Moyen Orient et Monde - États-unis

Mattis sous le feu des critiques dans l’affaire Khashoggi

Le secrétaire américain à la Défense Jim Mattis à Bruxelles le 4 octobre 2018. AFP/Emmanuel Dunand

Le ministre américain de la Défense Jim Mattis, qui jusque-là bénéficiait du soutien unanime de la classe politique américaine, se retrouve sous le feu des critiques pour son soutien indéfectible à l’Arabie saoudite après le meurtre du journaliste Jamal Khashoggi.

Les critiques les plus virulentes sont venues cette semaine du sénateur républicain Lindsey Graham, qui a vivement reproché à M. Mattis et au chef de la diplomatie Mike Pompeo de refuser de lier directement le prince héritier saoudien Mohammad ben Salmane, dit MBS, à ce meurtre commis en octobre dans le consulat saoudien à Istanbul.

M. Mattis a condamné à plusieurs reprises ce meurtre et appelé ses responsables à être punis mais il a affirmé ne disposer d’aucun « pistolet encore chaud » pour accuser directement le prince héritier de l’avoir commandité. « Il faut décider d’être aveugle » pour ne pas conclure à sa responsabilité, a déclaré M. Graham, poids lourd du Sénat et proche du président américain, après avoir été informé des conclusions de la CIA. « Ce n’est pas un pistolet encore chaud, c’est une scie encore chaude », a ajouté le sénateur, en référence au démembrement supposé du journaliste saoudien.

« Des preuves »

M. Graham « est un sénateur, et il a droit à ses opinions », s’est contenté de répondre M. Mattis. « Si je dis quelque chose, j’ai besoin de preuves », a ajouté le chef du Pentagone. « Quand nous parlerons, ce sera avec l’autorité » que conféreront les faits, a-t-il dit. « Je ne veux pas spéculer, tirer des conclusions hâtives, mais nous ne négligeons aucun détail. »

Lindsey Graham est un ex-opposant de M. Trump. Depuis, rallié au président américain, il aurait pour ambition d’occuper un poste gouvernemental, mais il n’est pas le seul élu à dénoncer M. Mattis. Le démocrate Chris Murphy a ainsi accusé MM. Mattis et Pompeo d’avoir « écarté » la question d’une responsabilité du prince Mohammad la semaine dernière lors d’une réunion d’information au Congrès, afin d’induire les élus en erreur. Ils « savaient qu’il était impossible que ce meurtre ait été commis sans l’accord et les instructions de MBS », a indiqué M. Murphy. Le républicain Bob Corker, qui dirige la commission des Affaires étrangères du Sénat, a déclaré qu’un jury américain condamnerait le prince héritier saoudien « en moins de 30 minutes ».

« Complices »

L’Arabie saoudite, qui s’efforce de tenir le prince héritier à distance de l’enquête sur l’affaire Khashoggi, a reçu le soutien inconditionnel de M. Trump qui voit en Riyad un allié vital au Proche-Orient, mais aussi un exportateur de pétrole clé et un acheteur important d’armement américain. Mais les élus américains s’inquiètent de plus en plus du soutien de

Washington à Riyad dans le conflit armé qui oppose depuis 2014 le gouvernement du Yémen, soutenu par l’Arabie saoudite, aux rebelles houthis appuyés par l’Iran.

Un groupe de sénateurs a ainsi déposé mercredi un projet de résolution stipulant que le Sénat est « hautement convaincu » que le prince Mohammad est « complice » du meurtre de M. Khashoggi et critiquant vertement la responsabilité de Riyad dans ce conflit qui a fait au moins 10 000 morts et placé 14 millions de personnes au bord de la famine.

Le Sénat pourrait approuver la semaine prochaine un autre texte qui forcerait l’administration américaine à mettre un terme à son soutien militaire à la coalition arabe dirigée par l’Arabie saoudite soutenant le gouvernement yéménite. L’armée américaine a cessé le mois dernier ses opérations de ravitaillement en vol des appareils saoudiens engagés dans le conflit, mais des instructeurs américains continuent d’apporter leur soutien à Riyad. La prudence de M. Mattis pourrait surtout être dictée par les circonstances : les belligérants au Yémen viennent juste d’entamer des négociations à Stockholm, et il ne veut pas prendre le risque de voir Washington perdre son influence auprès de Riyad alors que l’arrêt des hostilités est peut-être en vue.

Thomas WATKINS/AFP

Le ministre américain de la Défense Jim Mattis, qui jusque-là bénéficiait du soutien unanime de la classe politique américaine, se retrouve sous le feu des critiques pour son soutien indéfectible à l’Arabie saoudite après le meurtre du journaliste Jamal Khashoggi.Les critiques les plus virulentes sont venues cette semaine du sénateur républicain Lindsey Graham, qui a vivement...

commentaires (2)

On dirait de quelqu'un de bien

Eleni Caridopoulou

21 h 06, le 21 décembre 2018

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Commentaires (2)

  • On dirait de quelqu'un de bien

    Eleni Caridopoulou

    21 h 06, le 21 décembre 2018

  • On disait de lui qu'il allait mettre le monde opposé aux américains à la botte de l'empire . Qu'il mette déjà les américains eux mêmes à sa botte ! lol.

    FRIK-A-FRAK

    11 h 26, le 09 décembre 2018

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