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Culture - Festival

Hélène, Rosalie ou Sissi, elle sera à jamais Romy

Romy Schneider aurait eu 80 ans le 23 septembre. « Trois jours à Quiberon », d’Emily Atef, antibiopic sur la comédienne, a marqué l’ouverture du German Film Week. Rencontre avec la réalisatrice qui raconte les

derniers jours de l’impératrice du cinéma français.

3 Days in Quiberon (c)Peter Harting - Rohfilm Factory - Prokino

Votre film raconte trois jours de la vie de Romy Schneider lors d’une cure de thalasso, en 1981, un an avant sa mort. Durant ce séjour, elle donne sa dernière interview au magazine allemand « Stern ». Pourquoi avoir choisi de raconter cette histoire ?

C’est une idée qu’a eue le producteur, Denis Poncet, après avoir vu les clichés du photojournaliste Robert Lebeck, présent durant ces trois jours. J’ai été très touchée en les découvrant. Il n’a pas photographié une star, mais une femme : concentrée, perturbée, fuyante… Je n’aurais pas accepté un biopic classique. Je ne crois pas que l’on puisse raconter la vie de quelqu’un en 90 minutes. De son côté, l’actrice, Marie Bäumer, avait toujours refusé d’incarner Romy Schneider, malgré les nombreuses propositions dues à sa forte ressemblance avec l’actrice. Elle a toujours dit qu’elle n’accepterait qu’à condition que le film soit un zoom sur la fin de la vie de l’actrice. Et puis ce film n’est pas uniquement sur Romy Schneider. C’est l’histoire d’un quartette. Durant ces trois jours, l’actrice est entourée par Robert Lebeck, une amie (qui a autorisé le film à condition de ne pas dévoiler sa réelle identité) et le journaliste du Stern, Michael Jürgs.

Dans cette fiction, vous reconstituez les échanges très tendus entre le journaliste, avide de déclarations fracassantes, et Romy Schneider. Avez-vous eu accès aux enregistrements ?

Malheureusement non. Le Stern les a détruits. Ce qui est dommage, car Michael Jürgs n’a pas retranscrit tous les propos de l’actrice. Notamment sur sa mère. Mais je l’ai rencontré et appelé à plusieurs reprises. D’ailleurs le comédien Robert Gwisdeck est le seul à avoir pu accéder à la personne qu’il incarne. J’ai exagéré le personnage de Michael Jürgs. Je l’ai « démonisé ». Dans le film, il est le symbole de la presse allemande, qui n’a eu de cesse de casser Romy Schneider durant toute sa vie. Quand il a lu le scénario, il était interloqué : « Suis-je Satan ? » J’ai dû lui expliquer qu’il fallait un personnage antagoniste. Il est aussi celui qui réalise qu’il manipule l’actrice. Et puis il faut avouer que, dans la réalité, Michael Jürgs n’est pas un enfant de chœur. Il suffit de lire les questions de l’interview du Stern. Sans oublier qu’une fois publiée, le magazine a tout de même titré : « Je suis totalement cassée. »

Après avoir vu mon film, Michael Jürgs m’a avoué son émotion. Ma fiction l’a replongé dans cette période. Il m’a aussi confié : « Je suis le méchant et le seul encore en vie. »

La fille de Romy Schneider, Sarah Biasini, s’est dit « scandalisée » par votre film, qu’elle juge « mensonger », notamment car sa mère est représentée comme dépendante à l’alcool et aux médicaments…

C’est dommage que Sarah Biasini n’ait pas vu le même film que nous. C’est une critique de la presse et non de Romy Schneider. Quand les spectateurs voient Trois jours à Quiberon, ils ne cessent de me dire : « Qu’est-ce qu’on aimait Romy, elle était magnifique. » Alors certes, on souffre aussi avec elle, mais ce n’était un secret pour personne. Il suffit de lire l’interview du Stern pour se rendre compte qu’elle était torturée. D’un côté, je comprends la réaction de sa fille qui ne veut pas briser le conte de fées qu’elle s’est imaginé. Et puis d’un autre, elle n’avait que quatre ans au moment des faits… Moi j’ai rencontré tous les gens présents durant ces trois jours, je suis allée à Quiberon, j’ai parlé avec ceux qui travaillaient au Sofitel où elle a séjourné. Et surtout, je m’appuie sur les 580 photographies prises par Robert Debeck pendant ce voyage. Sarah Biasini n’a jamais voulu les voir. Je n’aurais jamais fait le même film si Romy Schneider buvait de l’eau sur ces clichés. Sa fille n’arrive pas à être objective et c’est regrettable. Et puis quel est le problème de montrer une femme en crise ? Une femme doit-elle être forcément protégée, mystifiée ?



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