Le commissaire européen aux Affaires économiques, Pierre Moscovici, a plaidé mardi à Athènes pour un tournant social en Grèce, alors que le pays émerge de huit ans de cure d'austérité sous la tutelle de ses créanciers, UE et FMI.
"Nous devons nous soucier des Grecs" dont "certains souffrent encore", a affirmé le commissaire, citant les retraités, les chômeurs et les parents "qui ont vu leurs enfants partir", dans le cadre de la vague d'émigration provoquée par plusieurs années de récession record.
"Nous devons tenter de construire un meilleur avenir social (...) nous voulons que la Grèce recouvre la croissance pour créer de la justice sociale pour ses enfants", a-t-il insisté, à l'issue d'un entretien avec le ministre des Finances, Euclide Tsakalotos.
Cet objectif est aussi celui mis en avant par le gouvernement de gauche d'Alexis Tsipras, après que les créanciers de la Grèce ont acté le 21 juin la fin des programmes de prêts qui ont sauvé financièrement le pays depuis 2010 en échange d'une purge budgétaire sans équivalent dans la zone euro.
Comme M. Tsipras l'avait souligné lundi en conseil des ministres, M. Moscovici a toutefois relevé que ce rééquilibrage devait respecter les limites budgétaires assignées au pays.
Au vu de l'ampleur persistante de la dette, à 178% du PIB, la portée de cette feuille de route est elle aussi inédite. Athènes s'est engagé à réaliser des excédents primaires (hors service de la dette) de 2,2% jusqu'en 2060.
"Une stratégie de croissance est possible dans ce cadre" a insisté le commissaire, rejetant les doutes exprimés en la matière par nombre d'experts, ainsi que par le FMI.
Mais il n'a pas exclu une possible révision des nouvelles coupes dans les retraites prévues début 2019. "Les engagements doivent être respectés, mais ils ne sont pas rigides (...) nous discuterons avec la Grèce en temps voulu", a-t-il affirmé.
Ces énièmes coupes, programmées à l'approche des prochaines législatives, avaient été imposées sous pression allemande par le FMI.
Mais le Fonds a ensuite finalement décidé de ne pas participer au troisième programme de prêts accordé au pays en 2015.
Ce pas de côté découle de son désaccord avec la zone euro sur la dette grecque, le Fonds jugeant l'allègement finalement consenti au pays insuffisant pour garantir "à long terme" sa solvabilité.