Les ambitions de la conférence de Paris sur le Yémen revues à la baisse

La conférence humanitaire sur le Yémen annoncée par le président français Emmanuel Macron se tiendra finalement au niveau des experts le 27 juin à Paris et non à un niveau ministériel, a-t-on appris jeudi de source diplomatique française.
"La conférence humanitaire que nous envisageons sera organisée d'abord au niveau des experts le 27 juin afin d'examiner la situation et les mesures à prendre compte tenu des récents développements sur le terrain au Yémen", a-t-on indiqué.

L'organisation de cette conférence avait été décidée au cours de la visite du prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane le 10 avril en France.
Elle permettra de "faire la clarté sur ce qui est fait et de prendre de nouvelles initiatives humanitaires sur le Yémen", avait alors déclaré M. Macron.
Une vingtaine d'ONG internationales s'interrogeaient depuis sur la "crédibilité" d'un tel rendez-vous co-organisé avec un des belligérants, l'Arabie saoudite.

Le conflit au Yémen oppose depuis mars 2015 des forces progouvernementales, appuyées par une coalition arabe emmenée par Ryad, aux rebelles Houthis, soutenus par l'Iran. Il a fait près de 10.000 morts et provoqué, selon l'ONU, "la pire crise humanitaire du monde", avec des millions de personnes au bord de la famine.

Le 13 juin, les forces progouvernementales ont en outre lancé l'assaut sur la ville portuaire de Hodeida (ouest), contrôlée par les Houthis et principal point d'entrée des importations et de l'aide humanitaire au Yémen.
Dans une lettre au président Macron, les ONG ont averti que l'assaut sur cette ville de 600.000 habitants "aurait probablement des conséquences catastrophiques sur la population civile".
"Les ONG seront consultées, les organisations internationales associées et les Etats qui ont un rôle à jouer pour faciliter l'accès humanitaire seront invités" lors de la réunion de Paris, a ajouté la source diplomatique citée.

La coalition arabe dirigée par les Saoudiens est régulièrement accusée de bombarder des civils, d'utiliser des armes prohibées (bombes à sous-munitions) et d'entraver la distribution de l'aide humanitaire aux populations.
Les ONG interpellent aussi régulièrement le président Macron sur les ventes d'armes françaises à l'Arabie saoudite et aux Emirats, soupçonnées d'être utilisées au Yémen.