Les soubresauts boursiers provoqués par les annonces aux allures de déclarations de guerre commerciale montrent que les marchés financiers ne saisissent pas les subtilités du commerce international, a affirmé mercredi une représentante de l'ONU.
A l'heure où le spectre d'une guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine continue de planer, Arancha Gonzalez, qui dirige le Centre du Commerce International (ITC), une agence conjointe de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) et des Nations unies, estime que les opérateurs de marché réagissent trop brusquement aux "grandes annonces" des dirigeants politiques, qui semblent prôner un retour au protectionnisme.
"Je pense que les opérateurs de marché savent ce qu'est l'économie mondiale, mais les règles et procédures en matière de commerce international sont sans doute un peu trop détaillées pour eux", a déclaré Mme Gonzalez lors d'une conférence de presse à Genève.
La dirigeante estime que les marchés ont "réagi excessivement" à cette rhétorique belliqueuse, car les opérateurs "ne comprennent pas toutes les subtilités" du système, comme le fait qu'il peut y avoir de grandes différences entre une annonce de sanction commerciale et sa mise en oeuvre.
Mme Gonzalez a aussi souligné que le multilatéralisme commercial faisait face à de grands dangers. "Je m'inquiète beaucoup au sujet de l'Organisation mondiale du commerce, et je m'inquiète parce que je vois qu'il y a aujourd'hui une tendance à exagérer ses défauts et à ignorer ses succès", a-t-elle dit. "Ce n'est pas bon pour le multilatéralisme."
L'OMC est depuis des mois la cible des attaques du président américain. Pendant sa campagne, Donald Trump avait déjà qualifié l'organisation de "désastre" et laissé entendre que les Etats-Unis pourraient s'en retirer si Washington ne pouvait pas renégocier certains règlements, notamment en matière de tarifs douaniers.
Eloge des accords commerciaux bilatéraux, menace de ne pas se soumettre aux décisions de l'Organe de règlement des différends de l'OMC, l'administration Trump a continué sa charge contre le multilatéralisme ces derniers mois, poussant l'institution un peu plus près du gouffre, en dépit des multiples appels au calme de la Chine et de l'Union européenne.
Le système multilatéral n'est pas "que pour les faibles", a relevé Mme Gonzalez.
"Je ne pense pas que l'OMC soit antinomique avec les intérêts américains", a-t-elle jugé. "L'OMC est dans l'intérêt des Etats-Unis comme elle est dans l'intérêt du Japon, comme elle est dans l'intérêt de la Chine, comme elle est dans l'intérêt de l'UE".
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