Le maire, réformateur, de Téhéran, Mohammad-Ali Najafi a démissionné mardi de ses fonctions sur fond de controverse sur les raisons réelles de son départ.
M. Najafi avait mis un terme lors des municipales de mai 2017 à 14 ans de domination des conservateurs sur la mairie de la capitale iranienne. Il avait publié récemment un rapport dénonçant de nombreuses malversations dans la gestion de son prédécesseur.
Selon la télévision d'État iranienne, sa démission a été acceptée mardi matin par le conseil municipal.
Selon plusieurs médias iraniens, M. Najafi a justifié sa démission par des problèmes de santé dont il n'a pas révélé la nature, indiquant simplement qu'ils nécessitaient un traitement médical lourd.
Mais ses alliés affirment qu'il a été soumis à des pressions.
Ancien maire de Téhéran au tournant des années 2000, Morteza Alviri a ainsi déclaré dans une vidéo publiée par le site d'information en ligne Khabaronline, proche des réformateurs, que M. Najafi avait été récemment convoqué en pleine nuit au parquet "de manière assez peu courtoise".
"J'ai entendu dire qu'il avait été menacé d'arrestation", a-t-il ajouté.
M. Najafi s'était retrouvé au cœur d'un polémique début mars à propos d'un spectacle donné à la mairie lors duquel des écolières avait exécuté une danse traditionnelle.
La loi islamique en vigueur en Iran interdit la danse en public et l'Autorité judiciaire, aux mains des conservateurs, avait annoncé vouloir poursuivre les responsables de la fête.
Le procureur général du pays lui-même, Mohammad Jafar Montazeri, s'était saisi de l'affaire, et le maire avait présenté sa démission quelques jours plus tard.
Celle-ci a été rejetée formellement dimanche lors d'un vote du conseil municipal, qui a renouvelé à cette occasion sa confiance à M. Najafi, qui, nonobstant, a présenté une nouvelle fois sa démission lundi.
Le conseil a confié l'intérim de la mairie à un de ses adjoints, Samiollah Hosseini Makarm.
Critiquant une immixtion du pouvoir judiciaire dans le champ politique, les alliés de M. Najafi ont demandé pourquoi le chef du parquet national avait choisi de se pencher sur l'affaire du spectacle de danse plutôt que sur les accusations de corruption portées par le maire contre l'équipe municipale précédente.
En janvier, M. Najafi avait présenté un rapport sur la gestion de son prédécesseur, l'ultraconservateur Mohammad Bagher Ghalibaf, ancien chef de la police nationale, dénonçant des détournements de fonds massifs et des milliers d'emplois fictifs à la mairie.
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