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Culture - Exposition

La terre, le feu et... les calculs moléculaires de May Ammoun

Elle a mis 15 ans avant de se décider à présenter ses céramiques artistiques au public. Quinze ans de recherches et d’expérimentations pour aboutir à une cinquantaine de pièces (véritablement) uniques.

Une pièce en grès émaillé d’un chromatisme somptueux... Photo DR

Fou du roi, Ovni, Soucoupe volante, Derviches tourneurs, Cygne à deux têtes, Cimes enneigées, Blessure ou Volcan… Rien qu’à leurs noms on devine que les céramiques en grès émaillé de May Ammoun ne sont pas des pièces fades et conventionnelles. Même lorsque certaines prennent, parfois, l’aspect d’un vase, d’une coupe, d’un contenant… À la galerie Rochane, où elles sont exposées jusqu’au 22 mars, leur présence puissante magnétise le regard tout en le rendant perplexe. Car bon nombre d’entre elles se rapprochent beaucoup de l’objet non identifié, tant la liberté insensée de leurs formes, la subtilité de leurs effets de matières et de couleurs leur confèrent une singularité inédite. Cette série de céramiques, May Ammoun l’a peaufinée pendant des années dans le silence de son atelier beyrouthin, avant de se décider à les présenter au public. Travaillant sans relâche à mettre au point ce surprenant alliage d’imagination débridée et de formules moléculaires qui lui permettent d’obtenir des textures surprenantes, des transparences inattendues, des reflets brillants, satinés ou mats, des couleurs nouvelles…« Derrière cette cinquantaine de pièces, il y a quinze ans de recherches et d’expérimentations, un travail constant, quasiment 7 jours sur 7, et une trentaine d’œuvres brisées », confie cette artiste hyperperfectionniste. Laquelle a eu, dit-elle, un véritable coup de cœur, en 1996, pour cet art de terre et de feu dans lequel se rejoignent le geste manuel et le calcul scientifique, les formes et les couleurs. C’est à Paris, dans un atelier du 5e arrondissement qu’elle s’initie, par curiosité d’abord, à la poterie. Rapidement, elle fait le tour des techniques du tour… Au point de vouloir passer à la vitesse supérieure. Elle s’inscrit alors à l’atelier d’Helena Klug, disciple du célèbre céramiste émailleur Daniel de Montmollin, où durant trois ans elle étudie les émaux de grès et les calculs moléculaires. Et depuis, elle s’adonne à sa quête du graal formel et surtout chromatique. Car la dame se définit comme une « coloriste dans l’âme ». Un attrait pour la palette qui lui vient de sa formation première d’artiste peintre. « J’ai étudié avec Manetti et Roger Caron à Beyrouth, avant de parfaire ma formation à l’Académie des beaux-arts de Pérouse, en Italie, où j’ai décroché le 2e prix au concours de peinture à l’huile de Gubbio. Ensuite, j’ai suivi plusieurs ateliers à l’Académie de la Grande Chaumière et obtenu un autre 2e prix, lors d’un concours de carton de tapisserie au musée Sursock, à Beyrouth, avant la guerre, décline-t-elle. Puis, je me suis mariée et j’ai tout abandonné pour me consacrer à ma famille, jusqu’à ce que mes trois garçons ayant grandi, j’ai décidé de me remettre à l’art. »

Cela fait donc une vingtaine d’années que cette alchimiste passe ses journées devant son four à expérimenter sans relâche. « Ce que j’aime par-dessus tout dans ce travail, c’est l’immanquable effet de surprise à la sortie du four. Car on a beau faire des calculs, composer des formes, ajouter des couches, le résultat est toujours au-delà ou en deçà de ce que l’on a prévu. Alors, soit j’aime et je garde la pièce, soit je la trouve horrible et je la détruis », affirme avec simplicité May Ammoun, dont une réalisation en grès émaillé a été primée en 2017, lors d’un concours de céramique organisé par le musée Macam.

Galerie Rochane, jusqu’au 22 mars.     

Fou du roi, Ovni, Soucoupe volante, Derviches tourneurs, Cygne à deux têtes, Cimes enneigées, Blessure ou Volcan… Rien qu’à leurs noms on devine que les céramiques en grès émaillé de May Ammoun ne sont pas des pièces fades et conventionnelles. Même lorsque certaines prennent, parfois, l’aspect d’un vase, d’une coupe, d’un contenant… À la galerie Rochane, où elles sont...

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