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Culture - Exposition

Asaad Arabi et les légendes des médinas

Pour dix ans de collaboration avec la galerie Ayyam, une exposition-célébration groupe seize acryliques phares d'une carrière qui s'étend sur plus de soixante ans et a enfanté plus de six mille toiles...

Asaad Arabi, « The Turquoise Note », 150 x 150 cm, acrylique sur toile, 2011.

Pour le Libano-Français Asaad Arabi, de père originaire de Saïda et de mère damascène, la peinture s'est imposée dès le départ comme un impératif de vie. Tout comme la musique qui se fond aux lignes, aux arcanes des dessins, à la voix et aux timbres des couleurs.

Aux approches de ses 76 ans, les cheveux plus sel que poivre, le foulard d'artiste noué autour du cou, la démarche droite dans une saharienne vert bouteille, le regard un peu rêveur mais toujours vif, l'homme a gardé la force de tous ses souvenirs. Et de son pouvoir de narration pictural puisé au cœur et aux sources d'un Orient tumultueux, chargé des bruits et des parfums qui habitent tout son être... Son pinceau ressuscite le contour des villes où a fleuri son enfance : Damas et Saïda. Dans un chant hommage à l'urbanisme des médinas arabes, comme un rêve de ville utopique, glorifiant et magnifiant leur histoire, leur légende, leur population, leur parcours, leur architecture, leur poussière, leur vacarme, leur lune morte ou vivante, leur silence, leur âme, leur essence....

Pour cet artiste rescapé de la mort, qui a triomphé de bien d'adversités (un accident de voiture, une maladie grave) et qui dit qu'il n'y a pas de différence entre la vie et la mort, la peinture est une urgence et un besoin constant tel un lierre qui s'accroche et se cheville en toute fantaisie et ténacité sur une paroi ou une clôture. Entre expressionnisme et abstraction, il tente de restituer les points marquants de ce qui se fixe dans la mémoire. Il mène, en une vigilance soutenue, un combat féroce entre ce dont on se souvient et ce qu'on oublie.

Nourri de soufisme et épris de musique avec un grand M, Asaad Arabi dessine et peint en se référant aux valeurs spirituelles soufies et aux lignes mélodiques des partitions entre maqams et écriture de musique occidentale. Féru de Paul Klee et de Nicolas de Staël, fervent mélomane (mais il se dit tout aussi bien volontiers musicologue) sous le joug de Bach, Sombati, Bartok et Sibelius, l'artiste s'inspire surtout de ce que les souvenirs ont gravé dans sa mémoire.

 

De Saïda à Paris
Il s'éloigne délibérément du réalisme pour toucher du bout, ou de toute la vigueur de son pinceau, des images qui le hantent pour recomposer les détails saillants qui révèlent les coins d'ombre les moins insoupçonnés et qui défient le temps...

Que ce soit Oum Koulsoum en concert, les danseurs de Béjart – il était outré de l'interdit qui a été jeté par certains fanatiques sur un spectacle au BIEL à Beyrouth de l'illustre chorégraphe – ou un grand oiseau aux ailes déployées, la vision de l'artiste, à travers lignes, courbes et sourdes tonalités – ses couleurs sont toujours intenses et vibrantes –, est pour une transcendance et une sublimation des êtres et des objets.

De Paris où il a élu domicile à Beyrouth qui porte ses faveurs de cœur, en passant par Damas et surtout Saïda, où flotte l'odeur de son enfance, Asaad Arabi fouille, en un expressionnisme attachant, la lumière des villes jusqu'aux lueurs les plus blafardes et cachées... Six décades pour traquer une arcade, une tour qui se fond au ciel, une légende jaillie de la nuit des temps, des fenêtres dans des ruelles étroites, des femmes voilées de noir, ombres furtives qui peuplent les paysages d'Orient...

Du Moyen-Orient à l'Afrique du Nord en passant par l'Asie, l'Europe et les États-Unis, la palette si riche de cet artiste attaché aux valeurs spirituelles, amoureux du chant de l'Astre de l'Orient et des contrepoints du cantor, a visité plus d'une atmosphère et raconté comme personne, sans sombrer dans un servile réalisme, le cœur battant des villes...

 

Ayyam Gallery
Jusqu'au 6 janvier 2018

Pour le Libano-Français Asaad Arabi, de père originaire de Saïda et de mère damascène, la peinture s'est imposée dès le départ comme un impératif de vie. Tout comme la musique qui se fond aux lignes, aux arcanes des dessins, à la voix et aux timbres des couleurs.
Aux approches de ses 76 ans, les cheveux plus sel que poivre, le foulard d'artiste noué autour du cou, la démarche droite...

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