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Culture - Rencontre

Joe Ghanem, un sensible au pays des mitrailleurs d’images

« J'aime que mes photos mettent en lumière des éléments, des situations ou encore des personnes qui, d'ordinaire, passent inaperçus », affirme le jeune photographe.

Joe Ghanem : sa série lauréate « Témoins du temps » a ému, parfois aux larmes, les visiteurs de la Beirut Art Fair.

Sa série « Témoins du temps » a ému, parfois aux larmes, les visiteurs de la Beirut Art Fair. Joe Ghanem, 23 ans, en deuxième année de photographie à la NDU (après des études de Business inachevées) assure que c'est là sa plus belle récompense. « Une jeune fille m'a même avoué avoir été bouleversée par la vulnérabilité qui émanait du regard d'un nonagénaire capté par ma caméra », confie le lauréat du Byblos Bank Award pour la photographie 2017. « C'est précisément ce que je cherchais à exprimer à travers cette série portraiturant sept personnes parmi les plus âgées du Liban, soutient-il. En immortalisant, chacun (e) d'eux (elles) chez soi, assis dans son coin habituel, je voulais mettre l'accent sur leur isolement, leur effacement social et parfois même familial, leur fragilité et leur dépendance aux autres. Et cela dans le but de sensibiliser les plus jeunes, en leur renvoyant comme un miroir, à travers ces faces sillonnées de rides et ces regards las, ce qui les guette fatalement avec l'avancement de l'âge », explique le jeune homme aussi sensible que talentueux.

Photos cousues main

Encouragé par ses professeurs à postuler à la 6e édition de ce prix de photographie, Joe Ghanem a eu l'idée d'y traiter du naufrage de la vieillesse – « spécialement au Liban » – avec une approche documentaire. Son grand-père décédé au cours de cette même année a été l'élément déclencheur de ce projet. « Il avait 95 ans et il était le plus âgé des habitants de Zouk Mikaël. J'adorais m'asseoir auprès de lui pour l'écouter raconter les petites histoires qu'il a vécues dans la grande histoire. En choisissant de tirer les portraits de sept doyens en âge de sept villages (dont une femme de 127 ans et des poussières) accompagnés des photos de leurs cartes d'identité, je voulais ainsi mettre l'accent sur la richesse de transmission que ces vieux, relégués dans leurs coins, ont à offrir et que beaucoup d'entre nous négligent. »

Sa grand-mère, couturière et lissière qui s'échine toujours sur sa machine à coudre et son métier à tisser, lui a également inspiré une série complémentaire. « La couture, tout comme le tissage à la main, sont des métiers en voie de disparition. J'avais, là aussi, envie de les revaloriser. À travers, cette fois, de gros plans axés sur des éléments de cet univers », dit-il. Un thème émotionnel et nostalgique par excellence que le jeune photographe a traité néanmoins avec une créativité et une poésie toutes contemporaines. En ponctuant ses clichés de surpiqûres, cousues main au fil et à l'aiguille, il a ainsi divisé une même scène en plusieurs espaces chargés de symbolisme. « J'aime que mes photos mettent en lumière des éléments, des situations ou encore des personnes qui, d'ordinaire, passent inaperçus », affirme Joe Ghanem.

Sélectionné une première fois parmi les 10 meilleures candidats (sur 208) au prix de la banque mécène, c'est ensuite « l'approche cohérente de Joe Ghanem, la qualité photographique de son travail (originalité du cadrage, traitement de la lumière, esthétique...) et sa valeur artistique qui lui ont valu le prix », indique le jury présidé, cette année, par Agnès Grégoire, directrice de la rédaction de Photo Magazine. Cette dernière estimant qu'« année après année, la qualité et le niveau du travail des photographes libanais émergents s'améliore ».

Joe Ghanem prépare déjà sa première exposition individuelle qui se tiendra dans six mois au siège social de la banque. « Un travail complètement différent », assure le photographe déclencheur d'émotion.

Sa série « Témoins du temps » a ému, parfois aux larmes, les visiteurs de la Beirut Art Fair. Joe Ghanem, 23 ans, en deuxième année de photographie à la NDU (après des études de Business inachevées) assure que c'est là sa plus belle récompense. « Une jeune fille m'a même avoué avoir été bouleversée par la vulnérabilité qui émanait du regard d'un nonagénaire capté par ma...

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