Roumanie: décès à 85 ans d'un ex-chef de la Securitate

Un ancien chef de la Securitate, la redoutable police politique roumaine, Tudor Postelnicu, est mort samedi à l'âge de 85 ans dans un hôpital bucarestois, ont annoncé les médias.

M. Postelnicu avait dirigé la Securitate entre 1978 et 1987, puis le ministère de l'Intérieur juqu'à la chute du régime communiste du dictateur Nicolae Ceausescu, en décembre 1989.

En février 1990, il avait été condamné à la réclusion à perpétuité pour "génocide", aux côtés de trois autres anciens hauts responsables communistes. Mais sa peine avait été réduite en appel à 14 ans de prison, dont il avait fini par en purger sept.
En 2002, il avait écopé d'une nouvelle condamnation - 14 ans de prison pour meurtre.
Il était accusé d'avoir dirigé, en 1981, une opération contre trois jeunes hommes qui avaient volé des armes dans un poste de police avant de prendre en otage les passagers d'un autobus à bord duquel ils voulaient se rendre en Serbie. Six personnes, dont les trois preneurs d'otages, étaient mortes dans cet assaut.
M. Postelnicu avait toutefois bénéficié d'une loi remontant à 1988 pour ne pas retourner derrière les barreaux.

Depuis 2016 il était accusé de "complicité de crimes contre l'humanité" dans un dossier concernant la mort sous la torture en 1985 d'un dissident emprisonné.
Ce procès, qui s'est ouvert en mai dernier, était considéré par le Parquet comme un "pas important" dans les démarches visant à faire la lumière sur les crimes du communisme, alors que la justice roumaine a longtemps rechigné à se pencher sur cette période.

M. Postelnicu avait en outre été interrogé, dans les années 1990, sur les liens entre Nicolae Ceausescu, la Securitate et le terroriste vénézuélien Ilich Ramirez Sanchez, dit Carlos ou le Chacal, mais avait assuré n'avoir été "au courant de rien" sur les agissements de ce dernier en Roumanie. Selon un rapport du contre-espionnage roumain publié en 2000, la Securitate avait fourni des armes à Carlos en échange des "services" rendus par ce dernier, dont au moins sept attentats perpétrés entre 1981 et 1983.