La Chambre basse du Parlement japonais a adopté mardi un projet de loi contre la préparation en bande organisée d'attentats ou d'autres actes criminels, dont le contenu suscite des inquiétudes pour les libertés individuelles.
Le gouvernement conservateur du Premier ministre Shinzo Abe estime qu'une telle législation est nécessaire pour prévenir des actes terroristes pendant les jeux Olympiques de 2020 à Tokyo.
L'exécutif y voit aussi un passage obligé pour la mise en oeuvre de la Convention des Nations unies contre la criminalité transnationale organisée, signée en 2000 par le Japon.
Après cette adoption par la puissante Chambre basse, contrôlée par la coalition de M. Abe, le texte doit être soumis au Sénat où le gouvernement jouit d'une confortable majorité.
S'il entre en vigueur, il permettra la mise en examen d'une personne ou d'un groupe de personnes pour participation à la préparation ou la réalisation d'actions terroristes ou criminelles. Mais les organisations de défense des droits, l'ordre national des avocats et de nombreux universitaires y sont opposés, estimant que son objectif peut être dévié afin de permettre des écoutes de citoyens innocents ou de restreindre des libertés pourtant garanties par la Constitution.
Le projet avait été révisé après avoir essuyé trois rejets ces dernières années. La dernière version, approuvée par le gouvernement de M. Abe en mars et présentée aux députés, réduit le nombre de crimes et délits visés à quelque 270. Plus de 600 délits non liés au terrorisme ou au crime organisé dans les précédentes versions avaient attiré la critique.
L'ordre des avocats juge ces modifications insuffisantes, soulignant que les enquêteurs peuvent encore décider ce qu'ils considèrent comme une organisation criminelle et qu'un citoyen ordinaire peut être écouté ou voir ses courriers électroniques surveillés sur des soupçons de complot. "Nous ne pouvons tolérer une société sous surveillance avec un impact sur les droits civiques", avait-t-il déclaré dans un communiqué diffusé avant le vote.
Certains médias japonais ont comparé ce texte avec la "loi de maintien de l'ordre public" en vigueur pendant la Seconde guerre mondiale, en vertu de laquelle des citoyens ordinaires étaient arrêtés pour des délits politiques ou pour la revendication de droits sociaux ou leur opposition à la guerre.
Le gouvernement conservateur du Premier ministre Shinzo Abe estime qu'une telle législation est nécessaire pour prévenir des actes terroristes pendant les jeux...
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