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Culture - Exposition

L’allégorie de la caverne illustrée par Shadi Abousada

Quinze mégatoiles et quelques tableautins, tous en mixed media, signés Shadi Abousada à la galerie Mark Hachem. Le monde du sommeil et des rêves touchés par une certaine spiritualité. Images picturales en hommage à l'enfance et contre les violences en Orient. Un travail plus exploratoire qu'abouti.

« Migration », de Shadi Abousada, mixed media sur toile.

Trente-trois ans et la peinture pour exclusive passion. Né à Soueïda, en Syrie, formé aux beaux-arts de l'Université de Damas, Shadi Abousada s'est « beyrouthinisé ». En s'installant depuis plus de cinq ans dans le quartier des jeunes à Mar Mikhaël. Allure svelte, cheveux d'ébène gominés et tirés en catogan au haut de la nuque. Boucle d'argent à l'oreille droite, petits bracelets aux poignets en fils colorés, chemise orange, peau basanée et des yeux noirs bridés tartares avec des sourcils broussailleux unis en ligne droite. Dix-sept ans déjà au service du pinceau et du chevalet qui l'ont conduit loin des combats en son pays natal pour aller vers la Hollande, la Suisse, Paris, Dubaï et Qatar.
« La peinture est une grâce », confie ce jeune homme admirant surtout l'école russe à laquelle Ilia Repine mais aussi Klimt, Picasso et Pollock sont affiliés. De confession druze, l'artiste affirme que les vivants sont des ombres, mais à aucun moment il ne parle de métempsycose...
Pour ses travaux exposés à l'espace de la galerie Mark Hachem, le thème est placé sous l'égide de la caverne de Platon. Allégorie pour ceux qui ne voient que leurs ombres. Et qui n'accèdent à la réalité que par cette approche. Sur des toiles gigantesques (3 x 2 m)
à des œuvres de dimensions plus réduites (50 x 50 cm),
l'artiste, pour sa troisième expo en solo, traque ses rêves et l'émergence des ombres qui se dessinent sur les murs. Vision fantasque et fantaisiste, entre onirisme insaisissable et images tenaces nourries des choses de l'enfance, de la tendresse d'une femme et surtout de la décomposition née des violences au « Bilad el-Cham », comme il le souligne... Dans des tons ternes, blanchâtres, et certaines couleurs inexplicablement éruptives et tranchées.

Ni décorative ni complaisante
Un jeune garçon au corps enfariné qui mène une brouette pleine de jouets entassés (qu'on croirait un tas d'ossuaires), une mariée fantomatique à la robe en points scintillants et au visage caché par les ballons qu'elle porte comme un bouquet de fleurs, des taureaux lourds et immenses aux cornes effilées et aux naseaux fumants, un poisson aux écailles luisantes, un cheval de bois monté par des jeunes enfants, une fille jouant à la corde... Une ronde de bric et de broc conciliant toutes les contradictions et accusant tous les paradoxes comme cette vie stridente que mènent les Levantins pris dans l'étau de la violence, des armes et des sociétés
déchiquetées, pulvérisées.
Une peinture qui n'est ni pour le décoratif ou la complaisance ni l'élégance bourgeoise et encore moins les valeurs agréées, avec des pointes lugubres, funèbres ou mortuaires. Tels ces garçons à la boule rasée, au corps jamais convenablement habillé, tous ces personnages à la fois hagards et perdus dans un décor de bestiaire surgi des eaux ou des arènes...
Une peinture qui, se voulant originale, n'est ni celle de la maturité ni celle des débutants balbutiants, à plusieurs couches, raclées, superposées, grattées, posées en aplats travaillés, lissés ou laissés en grumeaux. Et qui s'installe en images croquées de la vie et des rêves sur les pages étalées et collées des papiers de journaux.
Dont on devine, comme un écho permanent, par des bouts qui pointent, un constant rappel des réalités. Pour une lecture des réalités amères, mais dont certains moments sont tissés aussi d'énergie, de désir, d'élan, de quête, d'affection, de besoin de liberté. Entre œuvre inaccomplie et tâtonnement expérimental, voilà un artiste en quête de sa voie.

* L'exposition des toiles, intitulée « A Shadow's Dream on a Wall », de Shadi Abousada, à la galerie Mark Hachem, se prolongera jusqu'au 4 avril.

Trente-trois ans et la peinture pour exclusive passion. Né à Soueïda, en Syrie, formé aux beaux-arts de l'Université de Damas, Shadi Abousada s'est « beyrouthinisé ». En s'installant depuis plus de cinq ans dans le quartier des jeunes à Mar Mikhaël. Allure svelte, cheveux d'ébène gominés et tirés en catogan au haut de la nuque. Boucle d'argent à l'oreille droite, petits bracelets...

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