Hommage au Dr Georges Yazigi

Tu es déjà au paradis. Jamais messe n'aura été si émouvante.
Venus de tous bords, amis de classe, amis de faculté, patients âgés et jeunes, ils ne voulaient pas rater cette heure précieuse consacrée à la prière pour le repos de son âme, samedi 4 février 2017.
Et quelle messe, au cours de laquelle un silence digne de la circonstance s'était abattu sur l'assistance. Seul résonnait dans l'air la voix divine d'une chorale chantant l'Ave Maria et le requiem, et celle d'un célébrant jésuite allant, comme toujours, au plus profond de l'événement, il avait choisi deux lectures où l'on ne pouvait pas ne pas reconnaître Georges :
– la plus belle page de l'épître de Paul aux Corinthiens, l'hymne à l'amour qui « prend patience, ne jalouse pas, ne plastronne pas, ne s'enfle pas d'orgueil, ne s'irrite pas, n'entretient pas de rancune, ne se réjouit pas de l'injustice, excuse tout, croit tout, espère tout, endure tout » ;
– et l'Évangile sur les béatitudes, « Heureux les pauvres de cœur, les doux, ceux qui ont faim et soif de la justice, les miséricordieux, ceux qui font œuvre de paix ».
Et dans cette atmosphère de recueillement intense je me rappelais que, seulement le vendredi saint, au cours de la célébration de la passion du Christ, on lisait les textes des quatre évangélistes relatant ce moment.
Pourquoi n'aurait-on pas la possibilité, au cours de cette messe, d'ajouter une seconde lecture d'Évangile, celle donnée par Luc au chapitre 23 où, s'adressant à l'un des malfaiteurs mis sur une croix près de lui, Jésus lui promettait : « Aujourd'hui tu seras avec moi au paradis. »
Si le larron, pour le seul fait qu'il a reconnu le Christ à la dernière minute, a été ainsi récompensé, toi, Georges, tu n'as pas attendu que quelques secondes pour être au paradis.
Nous étions venus pour prier pour le repos de ton âme, nous repartons en te demandant d'intercéder pour nous.

Jean B. ESTA