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Moyen Orient et Monde - Attentat

La Russie enquête en Turquie après l’assassinat de son ambassadeur

Alors que le tueur a évoqué Alep, Ankara se tourne vers la piste du réseau de Gülen.

Des policiers antiémeute se tenant devant le consulat russe à Istanbul hier. Yasin Akgul/AFP

La Russie a dépêché hier en Turquie un groupe d'enquêteurs après le spectaculaire assassinat de son ambassadeur par un policier à Ankara, où les autorités désignent le réseau du prédicateur Fethullah Gülen comme suspect numéro un. Fait inédit, la Turquie a accepté la participation aux investigations de 18 enquêteurs russes, qui ont pris part à l'autopsie du corps d'Andreï Karlov à Ankara. « Nous devons savoir qui a guidé la main du tueur », a de son côté pressé le président russe Vladimir Poutine, qui a ordonné à ses services secrets de renforcer les mesures de sécurité en Russie et à l'étranger. Six proches du tireur, dont ses parents et sa sœur, étaient en garde à vue hier à Aydin, ville de l'ouest de la Turquie, selon l'agence de presse Dogan.

Dépouille mortelle rapatriée
La dépouille mortelle de l'ambassadeur a été rapatriée dans un avion russe, arrivé dans la soirée à Moscou, en provenance d'Ankara. Sa veuve a été accueillie à Moscou par le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov et son homologue turc, tandis qu'un hommage militaire était rendu.
L'assassinat s'est produit dans le quartier des ambassades, soulevant la question de la sécurité dans le cœur de la capitale turque déjà secouée cette année par plusieurs autres attentats et, en juillet, par un coup d'État manqué.
Hier, avant l'aube, un homme a en outre tiré des coups de feu devant l'entrée de l'ambassade américaine, avant d'être arrêté. Les États-Unis ont annoncé la fermeture de toutes leurs représentations diplomatiques en Turquie hier. À Ankara, les autorités ont déployé des policiers supplémentaires et des camions équipés de lance à eau pour renforcer la sécurité autour de l'ambassade de Russie, a rapporté Anadolu.
Sous l'objectif des caméras, Mevlüt Mert Altintas, 22 ans, a tué de plusieurs balles l'ambassadeur de Russie à Ankara, Andreï Karlov, affirmant vouloir venger la ville d'Alep, en passe d'être entièrement reprise par le régime syrien avec le soutien de Moscou. Sur les images glaçantes de l'assassinat, on peut voir Andreï Karlov tressaillir sous l'impact des balles tirées dans son dos, avant de s'écrouler lourdement, pendant qu'il s'exprimait à l'inauguration d'une exposition de photos. Selon les autorités, Mevlüt Mert Altintas, qui n'était pas de service ce jour-là, a réussi à éviter le portique de sécurité à l'entrée de la salle en présentant son badge de policier aux agents de sécurité.
Des photos le montrent quelques instants avant l'attaque, se tenant derrière l'ambassadeur russe à la manière d'un garde du corps. Selon plusieurs témoins, le policier a brusquement fait feu sur le diplomate. Après les coups de feu, le policier, qui servait depuis deux ans et demi dans les forces antiémeute, a crié « Allah Akbar! » et « N'oubliez pas Alep! » avant d'être abattu par des membres des unités spéciales.

Gülen derrière l'attaque ?
Malgré ces déclarations qui semblent lier ce meurtre au dossier syrien, le chef de la diplomatie turque Mevlüt Cavusoglu a déclaré dans un entretien téléphonique avec son homologue américain John Kerry que « la Turquie et la Russie savent que, derrière l'attaque contre l'ambassadeur de Russie à Ankara Andreï Karlov, il y a Feto », acronyme désignant le réseau du prédicateur Fethullah Gülen, selon Anadolu, qui cite des sources diplomatiques. Après l'assassinat, ce prédicateur, qui est par ailleurs présenté comme l'instigateur du putsch avorté de juillet, ce que l'intéressé dément, s'était dit « choqué et profondément attristé ». M. Gülen vit en exil aux États-Unis depuis la fin des années 90 et Ankara demande avec insistance son extradition. Washington répond que la décision appartient à la justice.
Ce meurtre est survenu en plein réchauffement des relations entre la Turquie et la Russie qui, opposées sur le dossier syrien, ont toutefois parrainé une trêve ayant permis d'entamer l'évacuation de la partie est d'Alep tenue par les rebelles. Les dirigeants des deux pays ont dénoncé une « provocation » visant à saboter leurs liens. « Nous ne permettrons absolument pas que nos relations avec la Russie se dégradent », a assuré hier le président turc Recep Tayyip Erdogan.
(Source : AFP)

La Russie a dépêché hier en Turquie un groupe d'enquêteurs après le spectaculaire assassinat de son ambassadeur par un policier à Ankara, où les autorités désignent le réseau du prédicateur Fethullah Gülen comme suspect numéro un. Fait inédit, la Turquie a accepté la participation aux investigations de 18 enquêteurs russes, qui ont pris part à l'autopsie du corps...

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