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Culture - Concert

Le « Grand Disparu » fait l’effet d’une bombe

Au Metro al-Madina, le groupe al-Rahel al-Kabir a célébré*, en musique, le lancement de son premier album.

C'était en 2013. Une poignée de jeunes gens et une jeune fille se sont retrouvés autour de leurs instruments et de leurs compositions comme dans un chantier de travail. Le but ? Faire de la musique qui refléterait les questionnements et l'esprit des jeunes de cette région du Moyen-Orient en pleine effervescence et essayer de n'être plus en osmose totale, ni même dans la continuité, des harmonies traditionnelles dans lesquelles cette musique a longtemps baigné. Khaled Sobeih, fondateur de la bande al-Rahel al-Kabir (Le grand disparu), avait par la suite certifié que la volonté existait bien mais qu'il était toujours difficile de couper ce cordon ombilical qui reliait au patrimoine musical. Face aux changements de la région, les têtes des dictateurs qui tombaient, s'attaquer à cette musique quasi-sacro sainte était-il alors considéré comme un geste profanatoire ? Un sacrilège ? Il était évident que non. On pourrait l'appeler une initiative démocratique puisque non seulement elle émanait du groupe, mais elle représentait la volonté du peuple.

Oser... encore plus
Al-Rahel al-Kabir serait donc cette vieille dame de la musique chère à nos oreilles mais qu'on voudrait enterrer dans la dignité. Sandy Chamoun, principale interprète du groupe aux côtés de Naïm el-Asmar, avoue même que cela a commencé d'une manière expérimentale. Mais aujourd'hui, les quelques chansons qui avaient été concoctées il y a quelques années se sont multipliées, formant un album complet qui certifie de la présence de ce groupe dans le paysage musical.

Il n'en demeure pas moins que la démarche est encore incomplète et qu'il reste à franchir un pas. Sortir des carcans oui, mais comment ? En essayant de déconstruire le rythme, non en le fusionnant avec d'autres, mais en lui donnant un moule différent, atypique. Ce sont les mots, les paroles qui allaient tout faire partir en éclats. Des paroles, en discordance avec la musique, qui allaient opérer la première césure et éloigner la peur. Cette peur qui s'est logée dans l'esprit du monde entier et plus particulièrement dans celui de la région. La peur causée par des mains obscurantistes qui ont changé totalement la compréhension et l'appréhension de l'islam.

Là où les autres ont peur, le groupe al-Rahel al-Kabir a osé. Il a osé lever le voile. Se moquer de Daech et de ses fidèles. Se moquer de ce mouvement qui tient en étau la planète depuis quelques années. Ils n'ont pas eu peur et ils l'ont interprété avec des chants incantatoires. Telle a été la subtilité et l'intelligence du groupe qui tourne en dérision le « saint des saints », « saint Baghdadi » ou l'ex-président égyptien Mohammad Morsi avec Don't Mix ou encore la chanson arabe traditionnelle avec Le Jour du mercredi. Les jeunes musiciens ont su créer un grand bol d'air frais où l'on peut respirer. Une aire de jeux où le monde se sent solidaire et uni. « Quand on rigole, on n'a plus peur », disent-ils. Ce geste courageux a été évoqué par le New York Times qui a salué le groupe d'artistes qui a su, malgré la vague d'obscurantisme et de violence, rester debout.

*Le groupe al-Rahel al-Kabir sera sur la scène du Metro al-Madina ce dimanche 4 décembre, à 21h30.

 

 

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