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Liban - Le commentaire

Le propos de Nasrallah reste redoutablement ambigu

Le secrétaire général du Hezbollah, sayyed Hassan Nasrallah, réclame le boycott des commissions internationales qui enquêtent sur l'assassinat du président Rafic Hariri.Cet appel est lancé à tous les Libanais. Là se pose une question cruciale : leur laisse-t-il le choix d'y répondre à leur guise, par oui ou par non ; ou leur en intime-t-il l'ordre catégorique, sinon... ?
Chaque camp, chaque fraction, chaque parti, chaque courant a un droit inaliénable de prosélytisme, en faveur d'une religion, d'une croyance, d'une idéologie ou d'une simple mesure dans un domaine déterminé. Chacun peut librement prêcher pour sa paroisse, comme on dit. Militer pour une république islamique, pour une dictature ou pour une troisième République, par exemple. Mais nul n'a le droit d'imposer ses vues par la contrainte à autrui. Si l'on veut obtenir gain de cause, cela ne peut être que par les voies constitutionnelles, à travers les institutions légales et les procédures démocratiques, dont le recours au vote. Il est évident qu'un recours à la force ne peut mener qu'à une guerre civile. Car la partie qui tenterait de s'y livrer ne resterait pas toujours, pas longtemps, à être seule armée. Les autres fractions peuvent se doter d'un arsenal et de troupes en un rien de temps si elles se trouvent trop fortement menacées.
En pratique, quand on opère au sein des institutions, le Conseil des ministres ou le Parlement, on recherche d'abord un accord à l'amiable. Et, le cas échéant, s'il n'y a de solution qu'à travers un vote, il est également recommandé de s'entendre s'il faut y recourir ou non. En tout cas, dans la situation présente, le demandeur éventuel, le 8 Mars, doit se rappeler qu'au départ, il avançait que tout sujet litigieux devrait être mis de côté, au frigo, jusqu'à ce que des négociations, plus ou moins prolongées, permettent le mûrissement d'une solution adéquate. Car autrement, le sort du gouvernement et, partant, la stabilité se retrouveraient en balance.
Ainsi le conflit sur l'armement du Hezbollah, qui déteint sur la stratégie de défense, reste vivace depuis des années et on ne voit pas comment il peut être réglé. La procédure de vote a été rejetée aussi bien en Conseil des ministres qu'à la Chambre ou au sein du comité national de dialogue. Pour la simple raison qu'elle n'aurait pu qu'aggraver le problème, la partie perdante, quelle qu'elle soit, n'étant pas disposée à se soumettre au résultat du scrutin. Sans compter que la décision extérieure mordrait sur les voix de la majorité requise. C'est-à-dire que certains votants favorables à l'abolition ou à la régulation de l'armement du Hezbollah s'abstiendraient, pour complaire à des parties arabes, ou autres, déterminées.
Idem pour le TSL, adopté au départ à l'unanimité puis, au fil de ses enquêtes, décrié par une moitié des Libanais et toujours soutenu par l'autre au nom de la quête de la vérité. Les uns exigent donc la suppression du tribunal, qu'ils jugent politisé, inféodé aux Israéliens et aux Américains. Tandis que les autres y voient le seul moyen pour que justice soit rendue et pour que cesse cette impunité qui couvre et qui permet les attentats et les assassinats.
En bonne logique, il n'y a qu'une voie à suivre. Un accord avec le Hezbollah sur ces deux problèmes, de l'armement et du TSL. Soit à la Chambre, soit en Conseil des ministres, soit par le biais du comité national de dialogue ou encore d'un congrès national. Comme il est douteux que l'on puisse trancher par un vote, il est nécessaire de s'entendre pour continuer à dialoguer sans relâche, à la recherche d'un compromis. Cela devrait convenir au Hezbollah, promoteur d'une praxis fondée sur le consensus à la Doha, avec suspension de la démocratie effective, et du pacte de Taëf.
Un traité qui interdisait l'armement hors légalité. Tout comme les résolutions internationales portant les numéros 1559, 1681 et 1701. Les Libanais ne peuvent cependant, par crainte d'une guerre civile, traiter pour de bon la question de l'armement du Hezbollah. Ils doivent attendre, comme le parti l'exige, une paix régionale et globale après laquelle la résistance n'aurait plus lieu d'être.
Quant au TSL, il serait parfaitement inutile que les Libanais votent à son propos. Comme il est inutile, voire préjudiciable et dangereux, qu'ils se disputent à son sujet. Son existence ne dépend pas d'eux ni de personne d'ailleurs.

Le secrétaire général du Hezbollah, sayyed Hassan Nasrallah, réclame le boycott des commissions internationales qui enquêtent sur l'assassinat du président Rafic Hariri.Cet appel est lancé à tous les Libanais. Là se pose une question cruciale : leur laisse-t-il le choix d'y répondre à leur guise, par oui ou par non ;...

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