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Santé

Questions autour du cancer du sein

Le cancer du sein est la tumeur la plus fréquente chez la femme avec plus d’un million de nouveaux cas détectés annuellement dans le monde. Une femme sur huit développera un cancer du sein au cours de sa vie. Selon le Registre national du cancer, la tumeur au sein constitue 41 % des cancers diagnostiqués chez la femme. Le point avec le Dr Christina Khater, oncologue médical.

Q. Qu’est-ce que le cancer du sein ?
R. Tout cancer est une croissance incontrôlée d’une cellule qui devient anarchique, qui se multiplie et qui peut éventuellement se disséminer dans le corps.

Existe-t-il un ou plusieurs cancers du sein ?
Pour mieux orienter les traitements, les cancers du sein sont divisés en quatre grandes catégories : les cancers hormono-dépendants qui représentent près des deux tiers des cas et dans lesquels les cellules du cancer du sein interagissent avec les œstrogènes ; les cancers non hormono-dépendants ; les cancers HER2-positif dans lesquels les cellules tumorales contiennent de grandes quantités de protéine HER2 ; et les cancers triples négatifs qui sont des cancers dénués de récepteur d’œstrogènes et de progestérone et sans surexpression de HER2. Ces derniers cancers sont les plus agressifs.

Quels sont les facteurs de risques ?
Les deux principaux facteurs de risques concernent toutes les femmes. C’est le fait d’être femme et d’avancer en âge. Or certaines femmes ont tendance à l’oublier et pensent à tort qu’elles sont prémunies lorsqu’elles dépassent un certain âge. Or le risque d’un cancer du sein augmente en vieillissant.
Il existe d’autres facteurs de risque liés à la prise d’un traitement hormonal substitutif lors de la ménopause surtout sur une durée de plus de cinq ans, ainsi qu’à l’obésité, à l’alcoolisme (boire régulièrement plus que deux verres d’alcool par jour pendant plusieurs années) et à une prédisposition héréditaire familiale (avoir dans sa famille plusieurs cas surtout chez des parents du premier degré, c’est-à-dire la sœur, la mère ou la fille). Le fait d’avoir des seins très denses ou d’avoir eu des modifications des tissus mammaires augmente également le risque.
La prise de contraceptifs oraux augmente très peu le risque, contrairement aux traitements hormonaux dans le cadre d’une fécondation in vitro (FIV) où les doses administrées sont élevées, notamment si l’on répète la procédure à plusieurs reprises.
Il convient toutefois de préciser que dans 80 % des cas, les femmes ne présentent aucun facteur de risque.

Quelles sont les caractéristiques du cancer du sein au Liban ?
On distingue deux phénomènes qui sont remarquables par rapport à l’Occident. Premièrement, la moyenne d’âge de survenue du cancer du sein est inférieure de près de dix ans à celle constatée en Occident. Au Liban, la moitié des femmes diagnostiquées avec un cancer du sein ont moins de 50 ans. Cela pourrait être dû à un background génétique différent. Cette théorie n’a toutefois pas pu être prouvée parce qu’elle nécessite des études extrêmement compliquées, longues, difficiles et coûteuses.
Deuxièmement, nous continuons à rencontrer des patientes avec un cancer de sein négligé. Elles se présentent à des phases évoluées de la maladie parce qu’elles ont été ignorées pendant des années, par tabou, par honte ou par peur.

Peut-on prévenir un cancer du sein ?
La prévention commence dès l’âge de 20 ans avec une autopalpation mensuelle dans la semaine qui suit les règles. Cela permet à la jeune femme de prendre conscience de son corps. À cela s’ajoute, à partir de l’âge de 40 ans, un examen clinique annuel par le médecin, ainsi qu’une mammographie annuelle. Dans certains cas, surtout si les seins sont denses, une échographie est nécessaire. Chez les femmes à haut risque, l’IRM mammaire peut être introduite.
Il est important de noter à ce stade que le dépistage doit se poursuivre jusqu’à l’âge de 75 ans.
Si la femme a un historique familial et que le cancer a été détecté chez une parente du premier degré, le dépistage doit commencer dix à quinze ans plus tôt que l’âge de la première femme diagnostiquée.
Si la parente est d’un deuxième degré (tante ou cousine), le risque est standard à condition de n’avoir pas accumulé d’autres facteurs de risque.

La prévention est-elle la même pour les femmes porteuses des mutations génétiques BRCA1 et BRCA2 ?
Ce type de cancer représente 5 % des cas et ces mutations génétiques peuvent actuellement être détectées. Les femmes qui ont déjà eu un cancer du sein et qui ont l’une de ces deux mutations génétiques doivent être surveillées d’une manière plus intensive.
Au cas où la femme est porteuse d’une mutation génétique BRCA1 ou BRCA2, on envisage deux approches pour la prévention. Au niveau du dépistage, les mammographies doivent être intercalées avec des IRM mammaires. Par ailleurs, il s’agit de proposer à la femme une mastectomie prophylactique bilatérale ainsi qu’une ablation bilatérale des ovaires, ce qui diminue considérablement les risques de faire un cancer du sein et de l’ovaire. Toutefois, la prise en charge de ces femmes doit être pluridisciplinaire, avec un suivi psychologique.

En quoi consiste le traitement ?
Nous avons recours à plusieurs modalités. D’abord, il y a la chirurgie qui a beaucoup évolué au cours des dernières décennies, dans le sens où elle est de plus en plus conservatrice. On est également conservateur dans l’évaluation des ganglions axillaires, toutes les femmes n’étant plus soumises systématiquement à des curages. À présent près des deux tiers des patientes peuvent bénéficier d’une procédure plus limitée et moins agressive qui est le ganglion sentinelle. Dans le cadre de cette procédure, seuls les deux ou trois premiers ganglions qui drainent le sein sont analysés. S’ils ne contiennent pas de cellules tumorales, le curage axillaire n’est pas nécessaire. Cela permet de diminuer considérablement à long terme le risque d’un gros bras, ainsi que les fourmillements et les douleurs dans cette région. Cette procédure nécessite bien sûr une expertise chirurgicale et n’est pas encore disponible dans tous les centres hospitaliers.
La radiothérapie a également beaucoup évoluée et ses effets indésirables ont nettement diminué.
En ce qui concerne le traitement systémique, une grande évolution est constatée sur le plan de la chimiothérapie et de l’hormonothérapie. Les médicaments dont nous disposons actuellement sont plus efficaces. Il existe également des thérapies ciblées notamment pour les cancers HER2 positif. Les antiémétiques (antinausées) sont devenus aussi plus performants.

Quelles sont les chances de survie d’un cancer du sein ?
Si la tumeur est diagnostiquée à un stade précoce, il y a 90 % de chances de survie à dix ans. Il ne s’agit pas d’une garantie absolue, mais il est certain qu’un cancer du sein détecté à un stade précoce a beaucoup plus de chances d’être guéri à long terme.

N. M.
Le cancer du sein est la tumeur la plus fréquente chez la femme avec plus d’un million de nouveaux cas détectés annuellement dans le monde. Une femme sur huit développera un cancer du sein au cours de sa vie. Selon le Registre national du cancer, la tumeur au sein constitue 41 % des cancers diagnostiqués chez la femme. Le point avec le Dr Christina Khater, oncologue médical.Q....

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