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À La Une - La chronique de Nagib Aoun

2012-2013 : kif-kif ?

Une année finit, une autre commence, des rêves s’évanouissent, d’autres s’éveillent, apprennent des échecs passés. Imperturbable, le cycle du temps poursuit son œuvre, déblayant les terrains minés, bloquant les voies praticables.
Des printemps se fanent là, des automnes fleurissent ailleurs rendant tout pronostic impossible, toute prévision aléatoire. L’histoire, elle, continue de dérouler ses séquences, de prolonger l’attente, tel un film policier qui nous tient en haleine et se termine sans avoir dénoué l’énigme.
2012 nous quitte sur un suspense, 2013 démarre sur un thriller : du Machrek au Maghreb, de l’Asie à l’Afrique, les forces du changement se heurtent à celles de l’inertie, le mouvement réformateur est talonné par la poussée islamiste, par la résurgence des tentations théocratiques.
Est-ce donc une fatalité ? Les tragédies sont-elles le passage obligé de toute émancipation, de toute révolte contre l’oppresseur ? Est-ce forcément dans les bains de sang que se dessine l’avenir des peuples, que se concrétisent les soifs de liberté et de dignité ? Interrogations cruelles, lancinantes, alors que la Tunisie et la Libye sont encore en recherche de repères, que l’Égypte risque d’être happée de nouveau par les courants néoréactionnaires et que la Syrie poursuit son inexorable descente aux enfers.
Une chute qui ne peut qu’avoir des répercussions au Liban, les régimes Assad, père et fils, ayant tissé au pays du Cèdre, des années durant, une toile envahissante, faite d’ingérences dévastatrices et de règlements de comptes sanglants, un rôle malsain et venimeux générateur de haines et de désirs de vengeance.
2012 a, en quelque sorte, posé les jalons des ordres nouveaux, esquissé les contours d’un monde en gestation. Une entrée en matière qui s’effectue dans la douleur parce que ses auteurs foncent dans les brèches ouvertes en rangs dispersés. 2013 verra-t-il l’aboutissement de ces « expériences de vie », de ces éveils à la liberté, une démarche inédite après des décennies d’infâmes dictatures, d’atteintes aux droits de l’homme les plus élémentaires ?
Le cas syrien est significatif à cet égard et bien malin est celui qui pourrait dresser, dès aujourd’hui, le portrait de la Syrie nouvelle. Presque deux ans déjà que le bras de fer entre le régime baassiste et les rebelles trace les sillons de fractures irréconciliables, deux ans d’une répression barbare qui génère naturellement des ripostes tout aussi violentes, tout aussi sanglantes. Et les pays occidentaux, les démocraties bien pensantes, en sont encore à se demander comment les jihadistes ont pu gagner autant de terrain, autant d’audience...
Bachar el-Assad aurait été contraint à l’exil, il y a un an, forcé de céder un pouvoir usurpé, on n’en serait pas là aujourd’hui : les Russes se creusant les méninges pour trouver l’issue qui préserverait leurs intérêts en Syrie et les Occidentaux s’arrachant les cheveux pour n’avoir pas compris, assez tôt, que l’attentisme et les louvoiements ne pouvaient aboutir qu’à la montée du péril islamiste.
La question, précisément, est là : qu’est-ce qui se passera après l’inévitable chute du régime baassiste ? Morcellement de la Syrie, poursuite de la guerre civile entre sunnites et alaouites, mainmise des islamistes sur de larges portions du territoire ? Un scénario-catastrophe qui fraye son chemin alors que 2012 se hâte de passer le relais à 2013 comme pour se décharger d’une lourde responsabilité, se débarrasser d’un lourd fardeau, celui-là même qui accable le Liban.
Serons-nous amenés, demain, à regretter 2012 ? Ce serait reconnaître que sur la voie du salut le pire nous pend toujours au nez, un mal nécessaire qu’il faut apprendre à apprivoiser.
Bonne année quand même... et croisons bien les doigts !
Une année finit, une autre commence, des rêves s’évanouissent, d’autres s’éveillent, apprennent des échecs passés. Imperturbable, le cycle du temps poursuit son œuvre, déblayant les terrains minés, bloquant les voies praticables.Des printemps se fanent là, des automnes fleurissent ailleurs rendant tout pronostic impossible, toute prévision aléatoire. L’histoire, elle, continue...

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