Le secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah a créé la surprise lundi après-midi en faisant une apparition sur le lieu de rassemblement de ses partisans qui manifestaient contre le film islamophobe "L’innocence des musulmans" dans la banlieue sud de Beyrouth.
Il s'agit de la cinquième apparition en public du dirigeant de cette puissante formation islamiste armée qui vit caché depuis la fin de la guerre de l'été 2006 entre Israël et le Hezbollah, et son premier discours en public depuis 2008.
Acclamé par une foule en délire, Hassan Nasrallah a remercié les centaines de milliers de manifestants qui ont répondu à son appel à manifester lancé dimanche.
"Ceux qui ont participé à la réalisation du film (anti-islam) seront punis par Dieu", a averti le chef du parti chiite. "Je me sacrifie moi-même et je sacrifierai mes parents, mes frères, mes sœurs pour toi ô Prophète", a dit Hassan Nasrallah.
"L’innocence des musulmans" est un film amateur dénigrant notamment le prophète Mahomet, produit et réalisé aux Etats-Unis, qui a provoqué une vague de violence et de colère dans le monde arabo-musulman. Des coptes seraient derrière ce pamphlet.
(Lire aussi : Les auteurs du film anti-islam, des partisans du prêtre copte Zakaria Botros)
Le chef du Hezbollah a également mis en garde les Etats-Unis contre la diffusion du film dans son intégralité. "Les conséquences seront dévastatrices, a averti Hassan Nasrallah. Il n’y a pas de limites à nos actions pour défendre le prophète".
Il a enfin réitéré son appel à la promulgation d’une loi internationale interdisant de porter atteinte à l’islam, afin "de barrer la voie, une fois pour toutes, à toute tentative future de s’en prendre à la religion musulmane".
"Le monde doit savoir que cette foule rassemblée aujourd’hui est fidèle au prophète Mohammed, a encore ajouté le chef du Hezbollah. Que personne ne pense que cette bataille pourra être un jour oubliée ou ignorée".
"Amérique, Amérique, tu es le plus grand diable! Israël, Israël, tu es notre plus grand ennemi", "Amérique, écoute-nous, notre religion ne sera pas insultée", "Tout sauf le prophète", criait, en face de lui, une foule dense et compacte, agitant des drapeaux du Hezbollah et du Liban.
"Nous nous sacrifions tous pour le prophète de Dieu".
"Musulmans et chrétiens doivent rester prudents afin de ne pas sombrer dans un conflit. Les responsables de ce film, à commencer par les États-Unis, doivent rendre des comptes", avait déjà déclaré Hassan Nasrallah lors d'un premier discours hier. "Vous devez montrer au monde entier votre colère et vos cris, lundi et les jours qui suivent", avait-il ajouté, précisant que le rassemblement de la banlieue sud sera suivi, les jours suivants, d’autres mouvements de protestation qui engloberont Baalbeck (est), le Hermel (est), Bint Jbeil (sud) et Tyr (sud).
Hassan Nasrallah a décrit ce film comme la "pire attaque contre l'islam, pire encore que les +Versets sataniques+ (un roman de Salman Rushdie publié en 1988), que le fait de brûler des exemplaires du Coran en Afghanistan ou que les caricatures du prophète Mahomet" publiées par un journal au Danemark en 2005.
Nabih Berry, président du Parlement libanais et chef du parti chiite Amal, avait également appelé ses partisans à participer à cette manifestation.
Ce n'est pas le premier mouvement de protestation que "Innocence of muslims" suscite au Liban.
Vendredi, un manifestant a été tué et 25 autres ont été blessés dans des heurts à Tripoli, la grande ville du nord du Liban, entre les forces de sécurité et des islamistes qui avaient incendié un restaurant de fast-food américain KFC pour protester contre le film islamophobe.
Suite à cet incident, le ministre libanais de l’Intérieur Marwan Charbel a affirmé lundi matin à une radio locale que les établissements américains au Liban sont désormais protégés par les services de sécurité.
"Des Libanais vivent de ces établissements", a-t-il ajouté, toute en disant regretter que les "manifestations s'en prennent aux établissements pour leur seul nom".
Des centaines de milliers de personnes ont répondu à l'appel
à manifester de Hassan Nasrallah.
Mise en garde US
Malgré les assurances du ministre, les Etats-Unis ont déconseillé lundi à leurs ressortissants de se rendre au Liban et ont suspendu les autorisations pour les étudiants américains souhaitant aller étudier dans ce pays. Le département d'Etat a mis en avant les risques d'enlèvement d'étrangers dans le pays.
"Les citoyens américains qui vivent et travaillent au Liban doivent comprendre qu'ils acceptent un risque en restant dans le pays et ils doivent rester prudents", a indiqué le département d'Etat dans un communiqué. "Le risque de violences spontanées demeure au Liban, où le gouvernement et les autorités ne sont pas en mesure de garantir la protection des citoyens ou des visiteurs au cas où ces violences éclateraient", a-t-il ajouté.
Critique d'Amine Gemayel
Le chef du parti Kataëb et ancien président libanais, Amine Gemayel, a pour sa part fustigé lundi l’appel du secrétaire général du Hezbollah à manifester contre le film anti-islam. "La situation au Liban ne permet pas d’organiser des manifestations", a affirmé M. Gemayel, lors d’une conférence de presse. "Le discours de sayyed Nasrallah est intervenu à un mauvais moment et je ne sais pas s’il va en tirer les bénéfices escomptés", a-t-il dit.
Dix-huit personnes sont mortes au total dans le monde dans les violences liées au film, dont l'ambassadeur américain et trois autres membres du corps diplomatique américain en Libye.
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commentaires (9)
Il n'y a que le dieu du Tribunal Spécial du Liban qui saura les Punir.... à ces Assassins du Président Rafic HARIRI.
Antoine-Serge KARAMAOUN
04 h 16, le 18 septembre 2012