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Liban - environnement

Des alternatives au barrage de Janné pourraient être proposées dans les prochains jours

L'exécution du projet de barrage de Janné nécessiterait d'abattre 400 000 arbres.

Les eaux boueuses déversées dans la Méditerranée à l’embouchure de Nahr Ibrahim dimanche dernier. Photo George Azzi

Ce n'est plus le sang d'Adonis qui, selon la légende, empourpre le lit du fleuve Nahr Ibrahim à la fonte des glaciers, mais c'est bel et bien le sang de la vallée qui agonise face à une insouciance totale de la part de tous les responsables du projet du barrage de Janné qui a assombri cette fois-ci la couleur limpide de l'eau du fleuve.

Il a plu, il y a quelques jours, sur la région de Nahr Ibrahim et le crime perpétré envers les arbres dans la région de Janné, à Nahr Ibrahim, a été dénoncé. Les protecteurs du sol et les attaches naturelles de la terre ont été délogés par force par les bulldozers, laissant le sol orphelin de tout support et donc forcé à émigrer vers la mer. Des quantités impressionnantes d'eaux boueuses ont entaché le bleu de la mer au niveau de l'embouchure de Nahr Ibrahim, laissant deviner l'ampleur de la catastrophe naturelle déclenchée dans la région au vu et au su de tous les détenteurs du pouvoir de la République qui se cachent derrière le paravent de la soif du Mont-Liban.

« Nous avons dépassé le chiffre de 50 000 arbres ou arbustes abattus dans la vallée, et c'est le chiffre limite qu'avait présenté l'entrepreneur du barrage dans une étude falsifiée qui ne correspond à aucune étude scientifique, encore moins logique, indique à L'Orient-Le Jour Raja Noujaim, coordinateur général de la Coalition civile contre le projet du barrage de Janné. En fait, ils auront besoin d'abattre jusqu'à 400 000 arbres, et jusqu'à présent, ils n'ont donc atteint que 20 % du nombre total d'arbres à abattre afin de pouvoir aménager un barrage et un lac. »

 

 

 Une vidéo postée par Paul Abi Rached, président du Mouvement écologique libanais (LEM)

 

 

« Les responsables de ce projet ne sont même pas conscients de ce qu'ils font, ils vont affecter à travers la construction du barrage toute l'économie de la vallée, détruire un patrimoine historique et culturel unique, et leur projet aura un impact durable sur les écosystèmes en place depuis des millénaires, surtout la biomasse de Jabal Moussa, explique M. Noujaim. Nous avons déjà trouvé des alternatives à la construction du barrage, et une équipe de spécialistes et d'experts est en formation à l'instant même afin de proposer au public ainsi qu'aux responsables, à travers un communiqué qui sera publié dans les prochains jours, d'autres procédés pour alimenter le Mont-Liban en eau. »

« Notre souci maintenant est d'arrêter le plus tôt possible ce crime écologique pour ne pas se retrouver avec 2 millions de m2 détruits à réhabiliter et se limiter à une surface moins importante », dit M. Noujaim. Il a par ailleurs exprimé sa confiance quant à la non-exécution de ce projet dont la faisabilité a été remise en cause par tous les rapports établis par des experts en la matière, en se basant sur des contraintes naturelles comme notamment les ouvertures dans les falaises ou la quantité de résidus accumulés tout au long du fleuve. « Le financement d'un tel projet ne sera pas non plus facile et la nature n'a pas dit son dernier mot, affirme-t-il. Ce qui a été faussement évalué à moins de 500 millions de dollars coûtera réellement dans les 800 millions de dollars en comptant la construction du barrage, l'aménagement du lac, la construction d'une centrale hydroélectrique et d'une station d'épuration, sans compter les conduits qui induiront l'eau vers la station de Dbayeh pour son épuration afin de la rendre potable avant sa distribution aux consommateurs », ajoute M. Noujaim.

 

(Pour mémoire : Mohammad Machnouk : Notre approche de l’affaire est écologique, pas politique)

 

« Les politiciens et l'entrepreneur à la tête du projet ne réalisent pas l'ampleur des dégâts car ils ne sont concernés que par le lancement du projet afin de le parrainer en faisant fi de tous les avertissements et les études avancées ; alors nous, nous disons stop aux discussions stériles et concentrons-nous sur les alternatives ! » dit-il, visiblement affecté par ce dossier épineux. « Il y a plusieurs alternatives à la construction du barrage, comme l'exploitation des eaux souterraines et la décentralisation de la gestion de l'eau en adoptant les mêmes méthodes que nos aïeux préconisaient (construction de petits barrages, aménagement de réservoirs à l'échelle locale en exploitant les rivières pour l'irrigation dans leur région respective) », reprend M. Noujaim. « Tout cela, ajoute-t-il, doit se faire dans un souci de préservation de l'environnement et de l'eau, une ressource renouvelable et un vrai trésor qui se cache dans les couches souterraines dont nous pouvons profiter au lieu d'épuiser les eaux en surface qui ne tarderont pas à disparaître avec les risques de la sécheresse qui avance à grands pas vers notre région. »

M. Noujaim a donc rejeté toutes les propositions de rencontres inutiles, selon lui, avec l'autre partie concernée par cette polémique en arguant de sa corruption et de son manque d'expertise qui vont entraîner une catastrophe irréversible si l'abattage d'arbres se poursuit. À ceux qui disent que c'est trop tard pour résister et que le mal est fait, le coordinateur général de la Coalition civile contre ce projet répond par la négative en assurant que « tout ce qui a été commis contre la nature de Janné jusqu'à présent est récupérable et ne constitue qu'un petit pourcentage de ce que le projet sous-entend au niveau de la destruction à grande échelle d'un écosystème qui, jusqu'à présent, est toujours en équilibre ».

Peut-être cette tache de boue éventrant la mer au niveau de Nahr Ibrahim constituera-t-elle une preuve évidente à tous les défenseurs de ce projet afin qu'ils refusent que la vallée entière disparaisse avec sa faune et sa flore au fond de la mer.

 

Pour mémoire
La destruction se poursuit à Janné, selon des témoins

L'abattage à grande échelle recommence sur le site de Janné

Plus de 2 000 arbres abattus à Janné : les premiers procès-verbaux dressés ?

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Ce n'est plus le sang d'Adonis qui, selon la légende, empourpre le lit du fleuve Nahr Ibrahim à la fonte des glaciers, mais c'est bel et bien le sang de la vallée qui agonise face à une insouciance totale de la part de tous les responsables du projet du barrage de Janné qui a assombri cette fois-ci la couleur limpide de l'eau du fleuve.
Il a plu, il y a quelques jours, sur la région de...

commentaires (8)

Magnifique mais pauvre petit Liban...tu continues à être détruit, sali, défiguré...par l'immense bêtise et la cupidité criminelle de certains de tes RESPONSABLES... Jusqu'à quand les laissera-t-on faire, vraiment personne avec le courage pour les arrêter ??? Irène Saïd

Irene Said

18 h 22, le 01 juin 2016

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Commentaires (8)

  • Magnifique mais pauvre petit Liban...tu continues à être détruit, sali, défiguré...par l'immense bêtise et la cupidité criminelle de certains de tes RESPONSABLES... Jusqu'à quand les laissera-t-on faire, vraiment personne avec le courage pour les arrêter ??? Irène Saïd

    Irene Said

    18 h 22, le 01 juin 2016

  • POURQUOI PAS UN BARRAGE SOUS TERRE... MAIS IL RISQUE D,EMPORTER TOUTES LES SORTES DE TAUPES !

    LA LIBRE EXPRESSION

    16 h 28, le 01 juin 2016

  • Sans arbres il n'y aurait pas de pluie.... et donc plus d'eau !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    15 h 36, le 01 juin 2016

  • "La nature est un livre, lisons-le plutôt que de le détruire". A Janné, 50.000 arbres déjà abattus sur les 400.000 à abattre pour construire un barrage qui ne devrait pas exister. Le barrage de Mossoul, ex-barrage Saddam, sur le Tigre en Iraq, menace de s'écrouler. Il est le quatrième plus grand barrage du Moyen-Orient. Il n'a pas été bâti sur des rochers stables, mais sur du gypse, et d'autres calcaires solubles dans l'eau.* Des édites véreux et corrompus courent aveuglément derrière le barrage juteux de Janné, sont-ils conscients du danger que courent les habitants en aval de l'ouvrage ? * L'OBS du 26 mai 2016.

    Un Libanais

    15 h 20, le 01 juin 2016

  • Madame, Quand les libanais n’auront plus une goutte d’eau pour boire, pour se laver, ou pour arroser les arbres qu’ils voudront planter, et de l'électricité pour s’éclairer … , nous ferons bouillir les feuilles des arbres préférés de la vallée de Nahr Brahim dans l’eau de mer pour la boire en tisane, ça nous fera un grand bien. Il est facile de lyncher un projet aussi vital pour les générations futures pour des non raisons ,comme si nous pouvons nous payer le luxe de laisser l'eau précieuse filer à la mer même teintée du sang D'Adonis. réveillez vous donc et soyez pragmatiques. Il y a des priorités dans la vie et retenir l'eau est une priorité vitale et absolue. par ailleurs la vallée sera encore plus belle avec un lac. Pensez-y.

    Joseph Zoghbi

    15 h 08, le 01 juin 2016

  • "Les politiciens et l'entrepreneur à la tête du projet...." ! C'est qui cet "entrepreneur" de mes.... ? UN seul NOM suffit !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    10 h 38, le 01 juin 2016

  • Et que font contre ce bazar, les électeurs "alphabétis(i)és" de la Byblos-Jbééél découvreuse du fameux ALPHABET ; yâ hassértéééh ! Même ceux récemment "alphabétis(i)és" du Jérdéjbééél aussi, que comptent-ils faiiire ?

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    10 h 30, le 01 juin 2016

  • Il serait bon de rappeler a tous nos politiciens vereux que nous n'avons pas herite notre terre mere de nos parents. Nous l'empruntons a nos enfants et grands-enfants.

    sancrainte

    03 h 28, le 01 juin 2016

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